[Point de vue] Constitutionnalisation de l’IVG : la peur et l’idéologie

panot

Cette semaine, l’Assemblée nationale a donc voté pour l'inscription de l'IVG dans la Constitution : un texte qui est loin d'être adopté, puisqu'il devra passer au Sénat et être voté dans les mêmes termes, mais ce débat montre une fébrilité face à la montée en puissance des mouvements pro-vie. Par ce texte, les députés qui l'ont voté pensent pouvoir changer quelque chose de l’accès à l’IVG en France, ce qui, évidemment est un leurre. Ce qu’ils visent, en fait, est le symbole.

Au-delà des cocoricos et des acclamations, notamment des « féministes » autoproclamées de LFI, comme Mathilde Panot, et de leurs soutiens, la volonté de protéger le droit à l’avortement dans la Constitution en France traduit sans doute aussi une sorte de peur panique : celle de voir la loi sur l’IVG remise en question depuis que les États-Unis ont ouvert la voie d’un retournement à la Cour suprême. En effet, depuis le renversement de l’arrêt Roe v. Wade aux États-Unis, les États sont désormais libres de restreindre, voire d’interdire l’avortement.

Pour les partisans de l’IVG, c'est évidemment une régression, quand leurs adversaires parlent de progrès de civilisation. Deux mondes s’opposent, deux visions irréconciliables qui, d’un point de vue philosophique, ressemblent, selon nous, à celui qui oppose le mensonge à la vérité.

Rappelons quand même que l’IVG concerne 220.000 femmes chaque année dans notre pays. Un enjeu de santé publique, puisque l’IVG constitue un acte médical dont les conséquences physiologiques, et surtout psychologiques, sont réelles et désormais reconnues par les praticiens. Mais ce n’est pas politiquement correct de le dire. Alors, disons-le : oui, l’avortement n’est pas dénué de risque médical. Ceci n’est pas anodin : pourquoi la dernière proposition de loi allongeant les délais légaux de l’IVG a-t-elle été refusée majoritairement par le Syndicat des gynécologues obstétriciens, pourquoi leur avis a-t-il été littéralement balayé d’un revers de main ?

Sur le fond du sujet, ne nous méprenons ni sur les motifs ni sur la finalité de cette proposition de loi : contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, jamais le recours à l’IVG n’a été autant facilité dans notre pays. Jamais les campagnes de promotion de l’IVG n’ont bénéficié de tant de soutiens gouvernementaux, publicitaires et financiers. Pourtant, et par le fait d’une mystification, le discours devient chaque année plus revendicatif, radical et outrancier.

Aussi, cette nouvelle étape vers la constitutionnalisation du droit à l'avortement constitue pour ses partisans une sorte de victoire symbolique et l'on se demande quelle sera, de fait, l’étape suivante : pénaliser les opinions hostiles, faire de l’opposition de principe à l’IVG un délit ? On voit jusqu’où pourraient aller les partisans de la « liberté ». Car, finalement, les activistes pro-IVG montrent leur vrai visage : celui du refus de toute pensée critique sur l’IVG, sur sa mise en œuvre et sur ses risques. Et ceci serait un progrès humain ? L’idéologie s’auto-entretient en vase clos, refusant la pensée intelligente, pragmatique et respectueuse des femmes et de leur liberté.

La seule bonne nouvelle est que la majorité du Sénat semble, pour l'instant, hostile à cette constitutionnalisation. Le 19 octobre dernier, la sénatrice écolo Mélanie Vogel avait déposé un texte dans ce sens. Interviewée par Ouest-France, quelques jours avant, elle avait elle-même reconnu que c'était « mal engagé ». En effet, les sénateurs ont rejeté le texte par 172 voix contre 139. Mais les sénateurs changeront-ils d'avis ? Avec les différentes propagandes distillées partout, comme l’iconographie autour de Simone Veil, c’est un véritable système politique et médiatique qui contribue à nourrir le récit des nouveaux héros nationaux dont ferait partie, selon eux, Simone Veil.

Cependant, de nouveaux visages sont apparus, modernes, symboles de la lutte pour la dignité des femmes, comme la nouvelle présidente du Parlement européen, Roberta Metsola, fervente militante pro-vie. Un symbole fort pour une Europe qui a besoin de se reconstruire enfin sur des bases saines.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29/11/2022 à 11:44.
Sabine Faivre
Sabine Faivre
Auteur, essayiste

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Et que dire du honteux retournement de veste sur ce sujet de Marine Le Pen ? Présenté comme une « habile » manœuvre pour geler les modalités de l’IVG dans leur état actuel, mais qui peut croire une pareille fable. La seule attitude digne consiste à dire que rien ne permet d’introduire dans la constitution des dispositions concernant des lois votées normalement et que personne ne remet en cause, même si c’est le cas aux États Unis, ce qui ne nous concerne en rien.

  2. Dans un pays où la morale est remplacée par le narcissisme et l’individualisme, tout devient possible, puisque tel est notre bon plaisir.
    La montée des violences fait frémir, mais « en même temps » on songe à constitutionaliser le droit de massacrer le tout petit, le tout faible. Jusqu’où irons-nous dans l’abject ?

  3. Plus de 555 voix des Parlementaires (Députés et Sénateurs) sont nécessaires pour que la Constitutionnalité soit nécessaire, soit les 3/5 des Parlementaires réunis en Congrès….La majorité au Sénat semble déjà Contre. Ce n’est pas gagné pour la Nupes. Constitutionnalité bien inutile. Que propose la NUPES pour le Pouvoir d’Achat qui semblait la 1ère préoccupation des français ? Ils ont déjà oublié ?

  4. « et l’on se demande quelle sera de fait l’étape suivante ». C’est tout vu. La nouvelle Constitution interdira tout avis non conforme au gouvernement. Et l’étape suivante punira de réclusion criminelle les contrevenants, forme moderne du bon vieux goulag. Quant on ne réagit pas, dès le début, à l’instauration d’une dictature communiste, on finit toujours noyé.

  5. y’en a marre de cette soumission permanente à l’extrême gauche , depuis hollande et avant . .les dirigeants n’ont plus la main sur le régalien (c’est pour l’U.E) , donc se contentent de faire dans le sociétal ..,donc vers qui ils se tournent ? la gauche ! gauche ! qui ne sait plus quoi inventer ..pour l’ivg , c’est suite aux lois américaines ..la France n’a rien a voir …et hop ! dans la constitution ..

  6. J’ai 75 ans, en 1982, je suis tombée enceinte de mon 3ème enfant, l’aîné avait 18 ans et le second 13, ans, j’ai eu mon premier à 17 ans, je n’ai même pas pensé à avorter pour le 3ème la première question du docteur a été, : »je pense que vous allez avorter ». Ben non j’ai assumé mon choix et maintenant j’ai 5 petits enfants et 4 arrière petits enfants. Purée maintenant avec les moyens contraceptifs on ne devrait même pas se poser la question a moins de danger pour la mère ou l’enfant. Ne trouvez pas vous pas scandaleux de vouloir interdire la corrida au nom de la souffrance animale et de laisser tuer un enfant en devenir !!! Quand vous savez les problèmes psychologiques qui en découle,.

    • J’ai 60 ans, deux enfants, et je n’ai eu que les enfants que je voulais, et quand je les ai voulus, je ne comprends pas comment avec la contraception plus de 200 000 femmes sont enceintes contre leur gré chaque année.

    • Je suis tellement en accord avec vous. Je pourrais mentir, et dire qu’il m’est arrivé presque la même chose. Je voulais absolument avoir 3 enfants, pour ma part. J’ ai attendu 10 ans pour tomber enceinte de ma Chère 3ème, après une lutte acharnée pour y arriver. Mon fils ainé avait 16 ans. Nous nous étions même lancés dans une procédure d’adoption. Lors de cette longue attente, j’ai vu des amies se retrouver enceinte sans le vouloir, et qui avaient largement les moyens d’élever un nouvel enfant. Je trouvais cela inacceptable qu’elles n’envisagent pas de garder leur bébé, alors que, contrairement à ce que stipulait la loi Veil, elles étaient nullement dans une situation difficile, bien au contraire. et, quand bien même, l’accouchement sous X devrait être encouragé. Les procédures d’adoption sont des parcours du combattant et aboutissent de moins en moins. Ce serait un processus beaucoup plus humain que la GPA, procédure honteuse. Comment des médecins peuvent se donner à ce genre de procédés où l’argent règne en maître. Des enfants qui naîtront avec un poids psychologique dès leur premier jour.
      Tout cela pour dire que, à présent, j’ai 6 petits enfants, et ma fille, née en 1991, vient d’avoir une petite fille et tous nous apportent l’épanouissement de l’âge de la retraite, et nous tiennent bien vivants.

  7. La France, ce pays qui se cherche à tous les niveaux.
    L’IVG n’est plus contestée et contestable. Partant, faire figurer ce droit dans la constitution ne présente aucun intérêt comme si notre pays n’avait pas à se concentrer sur des sujets infiniment plus préoccupants.

  8. Tout d’abord, que l’on soit pour ou contre le droit à l’IVG, celui-ci n’a rien à faire dans la constitution dont le rôle est de définir l’organisation de nos institutions.
    Ensuite, quoiqu’on en dise, l’avortement reste un acte de mort ; quel symbole représenterait son intégration dans la constitution !
    Et après, ce sera au tour de l’euthanasie, puis de la GPA qui arrivera inéluctablement.
    Honte aux députés de droite (LR et RN) qui ont voté ce texte, présenté par LFI qui plus est.

  9. Nos historiens se posent la question sur les raisons de la chute de la Rome antique. La réponse est notamment dans l’actualité de notre société. Une désagrégation des valeurs fondamentales ajoutée à une dérive profonde des moeurs. L’empereur Caligula en était la parfaite représentation. Observez les dérives actuelles , du plus haut de l’Etat au simple citoyen. Dérives associées à une gestion calamiteuse de notre économie et du social.

  10. Inscrire des lois temporelles dans la Constitution est un moyen de contourner la démocratie, en ne permettant plus aux élus du peuple de répondre aux aspirations contemporaines d’une société.
    C’est tout à fait l’esprit actuel des tendances despotiques de Renaissance et Nupes.

  11. Certains politiciens surtout de gauche et syndicalistes pensent que ce droit dérogatoire depuis la loi Veil de 1975 est menacé en considération de ce qui s’est passé aux USA. Donc cette règle une fois inscrite et gravée dans la Constitution française s’imposerait à tous. Les femmes pourraient décider d’avorter jusqu’au moment d’accoucher, sans éthique, ni respect pour celle médicale. Ils pourraient ensuite y inscrire et sacraliser le mariage gay et allez hop les droits sociétaux les uns à la suite des autres. Un jeu dangereux.

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