Le Pen / Mélenchon : paradoxales ressemblances ?

Les deux font actuellement l’actualité pour des raisons différentes.

Ils ont tous deux un indéniable talent oratoire : ils sont des tribuns isolés dans un brouhaha de discours où technocratie, bien-pensance et inculture se disputent la vedette. Ils savent trouver les formules qui frappent fort et juste, ils dosent arguments factuels et remarques de bon sens, tirent quand il faut la ficelle des bons sentiments, flattent l’auditoire du moment. Des cabotins qui savent convaincre que, si la pièce n’est pas parfaite, leur art la transcende au moins un peu.

Ils sont tous les deux en délicatesse avec les médias, mais c’est un jeu convenu : il est si simple de les dénoncer, plutôt avec outrance que sans. Comme sujets médiatiques, ils nous jouent la grande scène de Calimero, le fameux « C’est trop injuste ! » Ils soignen, ainsi, une posture victimaire qui entretient cette « persécution ». Notez que fustiger avec talent l’incurie, les insuffisances et la partialité des médias n’est pas nécessairement une erreur. Le cadet qui parle de « parti médiatique » a raison et tire de justes conséquences : les médias sont hostiles à la liberté d’expression !

L’audience politique est la même : ceux qu’une société libérale marginalise, renvoie sur le banc de touche parce qu’ils ne seraient pas adaptables aux lendemains qui chantent promis avec force mensonges par les tenants d’un mercantilisme progressiste. L’étiquette « populiste » maniée avec tant de mépris par les arbitres du politiquement correct leur colle aux baskets.

Les soupçons de népotisme, ils connaissent tous les deux. L’un a transmis son parti à sa fille, même s’il en éprouve quelques regrets. L’autre aurait favorisé l’attribution d’un poste à sa fille dans une collectivité locale où il avait sévi peu auparavant.

L’argent, ils l’aiment et ils en ont : d’extraction modeste tous les deux, ils se sont constitué un patrimoine conséquent. Des questions se posent parfois : un héritage « providentiel », des surfacturations lors d’une campagne électorale, un montage sujet à caution pour un média récent qui défraie la chronique.

Les outrances, ils en sont tous les deux capables.

Même fond de commerce ? Sans doute, oui. Jean-Marie le Pen n’a vraisemblablement jamais voulu être confronté aux responsabilités, se contentant d’organiser une confortable et lucrative petite affaire d’opposant patenté avec la bénédiction de hiérarques en place, trop heureux de voir s’agglutiner autour de celui qui ne souhaite pas conquérir le pouvoir une frange de mécontents. Jean-Luc Mélenchon est ce nouvel épouvantail qui n’a aucune chance de parvenir à s’imposer et qui le sait. Le pouvoir en place en abuse, le rend plus important qu’il ne l’est pour affaiblir encore plus qu’il n’est besoin une droite sans boussole.

Autant le dire : Jean-Luc Mélenchon récupère une partie du « segment de marché » que Jean-Marie le Pen avait subtilisée au Parti communiste de naguère.

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