Nombreux à démissionner, nos maires attestent que notre démocratie est en crise

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À moins de deux ans des élections municipales, on observe que le nombre de maires ayant quitté leurs fonctions depuis 2014 n'a jamais été aussi important. C'est ainsi que, sur une même période, une hausse de 55 % des démissions de maires a été enregistrée par rapport au précédent mandat.

Les raisons de ces démissions sont, pour l'essentiel, au nombre de trois.

Tout d'abord, la baisse des finances communales. En effet, pressées de faire des économies, les communes ont vu leurs recettes fondre comme neige au soleil. Ainsi, la dotation globale de fonctionnement (DGF), qui intervient pour une part importante dans le budget des communes, a diminué de façon drastique. Certaines petites communes ont vu leur dotation baisser de 50 % en 5 ans, les mettant dans l'impossibilité de faire face à leurs dépenses courantes. Cette situation dramatique a poussé l'Association des maires de France (AMF) à demander la constitution d'un fonds spécial pour les communes en difficulté. La suppression annoncée de la taxe d'habitation, ainsi que la forte baisses des contrats aidés, ont fini de dégrader une situation budgétaire déjà difficile dans de nombreuses villes et de nombreux villages.

Le second point évoqué par les maires démissionnaires est celui de la reconnaissance. Ainsi, la refonte de la carte des intercommunalités en 2016, issue de la loi NOTRe, a suscité de nombreuses dissensions, certains maires ayant dû rejoindre des intercommunalités coûteuses et, surtout, abandonner au profit de ces nouvelles structures particulièrement gourmandes une partie de leurs pouvoirs et de leurs prérogatives. Ils ont ainsi eu le sentiment de devenir de simples exécutants alors que les décisions concernant leurs administrés étaient prises ailleurs.

Enfin, nombreux sont les élus qui disent souffrir de l'inflation normative que connaît notre pays. Des textes, de plus en plus nombreux et complexes, sont venus, au cours de ces dernières années, complexifier le fonctionnement de nos administrations et, partant, de nos collectivités territoriales. Face à ces difficultés, les maires, des petites communes en particulier, disent ne pas être entendus du pouvoir central et être les grands oubliés des restructurations mises en place. Par ailleurs, ils déclarent ne pas être suffisamment informés des réformes que Paris souhaite initier.

Pourtant, le maire reste, aux yeux des Français, l'élu qui bénéficie de la meilleure image. Élu de terrain par définition, il reste celui auquel les administrés ont le plus souvent recours. Il faut, cependant, noter que pour différentes raisons, qui touchent vraisemblablement pour l'essentiel au climat de méfiance qui entoure ces dernières années le monde politique, la confiance envers les élus municipaux baisse sensiblement. Leur cote de confiance a ainsi chuté de 9 points en un an, ce qui révèle, à n'en pas douter, un réel malaise dans le fonctionnement de notre démocratie.

Un des enjeux majeurs des prochaines élections municipales de 2020 sera donc de répondre aux légitimes préoccupations des citoyens et de tout faire pour que le climat de confiance entre les équipes municipales et les administrés soit rétabli. Pour cela, il faut que l'État assume ses responsabilités. En disant d'abord clairement quel est son projet pour les communes françaises dans les prochaines années. Va-t-on vers des diminutions drastiques ? En annonçant lisiblement ensuite sa politique financière vis-à-vis des communes les plus en difficulté. En élaborant, enfin, un vrai statut de l'élu municipal, seul à même d'éviter la pénurie de candidatures qui semble s'annoncer.

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Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

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