Mutuelles : ces (gros) intérêts financiers qui se cachent derrière l’euthanasie

argent

C'est une publicité pour la MGEN (Mutuelle générale de l'Éducation nationale) qui circule sur les réseaux sociaux dans laquelle Aurélie, 44 ans, atteinte depuis des années d'un cancer incurable, et accessoirement adhérente à la MGEN, « revendique le droit d'avoir le choix de dire non aux traitements, qu'ils soient curatifs ou palliatifs [...] c'est au patient de décider comment il veut mourir ».

Aurélie a toute notre compassion, c'est une évidence qui ne nous interdit pas de chercher à savoir qui est derrière la vidéo d'Aurélie et pourquoi. Les organismes de complémentaire santé ont envahi la vie des Français à mesure que l'État décidait de dérembourser certains médicaments et autres frais de santé, et particulièrement depuis une loi de 2016 obligeant l'employeur à proposer une mutuelle à ses salariés. Le  groupe MGEN, « deuxième complémentaire santé préférée des Français », « première mutuelle des agents du service public », forte de ses 10.000 collaborateurs, de ses 3.500 militants (sic) et de ses 4,2 millions d'adhérents, est bien plus qu'une mutuelle. C'est aussi un organisme militant particulièrement en pointe dans le combat euthanasique qui entretient des rapports étroits avec l'ADMD (Association pour le droit à mourir pour la dignité).

Des copinages entre mutuelles et associations militantes qui interrogent

Ainsi, en septembre 2022, la MGEN, qui participait au 43e congrès de la Mutualité française à Marseille, exhibait une enquête IFOP - commandée par elle-même - intitulée « Regards sur la fin de vie en France », se félicitant publiquement des résultats (« 92 % des sondés favorables à l'aide active à mourir »), preuve de cette « envie des Français à faire évoluer les causes sociétales. Malgré les signes de montée des intégrismes, venus des mouvements religieux hostiles à la modernisation culturelle (sic) puisqu'une majorité de français sont favorables à l'aide active à mourir. »

Lors de cette grande réunion à Marseille, et conjointement avec  la Mutualité française, dont l'ancien patron, Thierry Beaudet (aujourd'hui membre du CESE), a, en 2020, flirté avec le conflit d'intérêts en signant une tribune dans le JDD pour le « droit à mourir », la MGEN participait à une conférence réunissant des militants pro-euthanasie dont François Damas, membre de la commission euthanasie en Belgique, et un certain Jean-Luc Romero, président d'honneur de l'ADMD. Et c'est très régulièrement que l'association est ainsi invitée à exposer ses projets  « fin de vie » lors de rencontres avec le public organisées par ces mutuelles.

Un engagement de longue durée : « Depuis deux ans, la MGEN a engagé une réflexion collective auprès de son tissu militant, de son tissu salarié et de ses adhérents », précisait Matthias Savignac, président du groupe MGEN au micro de France Info, au mois d'octobre. L'occasion, pour lui, d'annoncer la signature par la MGEN, conjointement avec l'ADMD et 16 autres organisations de la société civile (dont la Ligue des droits de l'homme, UNSA-Éducation, la Fédération des mutuelles de France et la Fédération des crématistes de France), d'un pacte progressiste pour « parler d’une même voix pour être plus forts, mieux entendus et mieux compris ».

Sous un discours humaniste, des économies substantielles ?

Comment expliquer cet acharnement ? « Par l'argument le plus glauque », selon l'expression du philosophe militant André Comte-Sponville  rapportée par Tugdual Derville, porte-parole d'Alliance VITA : le motif économique. Que l'ADMD dévoile sans complexe dans les colonnes du magazine Pleine Vie destiné à un public senior (ça ne s'invente pas), histoire que ces chiffres ne tombent pas dans l'oreille d'un sourd : « Le coût d’une mort assistée est évalué entre 7.000 et 11.000 € hors transport. »

Mais selon l'ADMD, cet argument financier relève d'un « faux problème », puisque « le maintien d'une personne en vie dans un état végétatif est, lui, estimé en moyenne à 595 € par jour [financés par] la Sécurité sociale, une dépense qui peut durer plusieurs mois ». Et qu'« à titre d’exemple », les soins prodigués à Vincent Lambert ont eu « un coût de 2 millions d’euros pour la Sécurité sociale ».

Une petite ritournelle qui peu à peu imprègne les mentalités : « Dans les six derniers mois de notre vie », nous coûtons autant à la Sécurité sociale que pendant tout le reste de notre existence, précise Comte-Sponville. Voilà qui fera l'affaire des mutuelles, intéressées sûrement par la disparition de ses cotisants en cette période délicate où ils coûtent plus qu'ils ne rapportent. Une aubaine pour le Canada qui a bien assimilé la leçon : 149 millions de dollars ont ainsi été économisés sur les frais de santé depuis la légalisation du suicide assisté.

Pour la France, Jonathan Denis, président de l'ADMD, a beau protester, « cette loi sur la fin de vie n’imposera rien à personne », y a pas à dire, l'étau se resserre, et peut-être pas comme on l'avait imaginé.

Sabine de Villeroché
Sabine de Villeroché
Journaliste à BV, ancienne avocate au barreau de Paris

Vos commentaires

32 commentaires

  1. « cette loi sur la fin de vie n’imposera rien à personne » = Puisque l’article parle de Vincent Lambert, je peux dire que l’on a imposé l’euthanasie à Vincent Lambert sans cette loi (j’ai trop travaillé en Soins Palliatifs pour pouvoir affirmer que si V Lambert avait voulu mourir, il n’aurait pas eu ce regard, n’aurait pas fait d’efforts pour manger seul (il commençait à pouvoir déglutir donc moins besoin de sonde) et à respirer sans appareillage) et il aurait sans doute fait de gros progrès si la bande de meurtriers qui s’est occupé de lui avait accepté qu’il parte en maison spécialisée pour ce type de problèmes (et ce gratuitement, cet établissement voulant en faire son programme publicitaire).
    Alors, avec cette loi, n’est ce pas, c’est euthanasie pour tous? Moi j’ai fait mes directives anticipées devant notaire selon les conseils d’1 ami (équivalent d’un testament donc sans péremption de 2 ans comme les D.A) , refusant ces horreurs.

  2. Quel avenir magnifique nous promettons à nos descendants. Nous entrons dans l’ère de la peine de mort pour les plus faible. IVG, maintenant euthanasie, quel beau programme. Mais par contre, on met en avant la proscription de la peine de mort pour des assassins. Cette inversion des valeurs est abjecte et se doit d’être condamnée, car un peuple qui tolère que la vie entre dans un plan économique a t’il vraiment le droit d’exister.

  3. Le corps humain n’est qu’une marchandise. Avortements et euthanasie. Heureusement que les mêmes (assassins ?) se battent contre la peine de mort. La société que l’on veut nous imposer a déjà existé : L’union soviétique et Auschwitz.

  4. L’UE et la France n’ont plus que la mort (avortement constitutionnalisé, euthanasie) à proposer comme avenir. Mais c’est pour votre bien mesdames et messieurs vous disent-ils. Mesdames et messieurs, toujours pas favorables au frexit ? Non? Alors inscrivez-vous sur la liste.

  5. Ils veulent finir le « travail » déjà bien efficace du virus élaboré de toute pièce dans un laboratoire chinois qu’il on nommé Covid 19, et dont l’âge moyen des victimes tourne autour des 82 ans.

  6. Je ne vois pas l’intérêt d’agoniser pendant des mois. Je n’ai pas de mutuelle et je suis pour l’euthanasie et contre l’acharnement thérapeutique qui enlève le peu de dignité qui reste aux mourants!

    • Pendant mes nombreuses années de soignante en Soins Palliatifs, je n’ai jamais vu une baisse de dignité des mourants! Ils ont besoin, comme tous les êtres vivants, d’amour, de tendresse. Leur dignité, ils la lisent dans les yeux de ceux qui les entourent. C’est vous qui les jugez indignes. Eux ne se jugent pas indignes. Et lorsqu’on traite leurs douleurs correctement (on a tous les moyens pour le faire maintenant, ils n’ont pas envie de mourir. Mais avons nous nous tous les soignants compétents pour le faire, là est la question. Heureusement, il y en a beaucoup qui sont compétents, mais voilà, le gouvernement ne veut pas que les soignants soignent, mais il veut que ceux ci tuent ou laissent tomber leurs malades!
      Quand à l’euthanasie, il est facile d’en parler lorsque ce n’est pas vous qui devez pousser la seringue. Tout le monde n’a pas la vocation d’être bourreau ou meurtrier.

  7. Dans le même temps, la représentation nationale répugne à supprimer l’AME qui nous coûte, via la SECU, un pognon de dingues soit : 2 milliards d’euros par an !! pour l’instant ……….

  8. La marchandisation de la mort assistée est En Marche En régime mondialiste tout n’est que profits la mort la vie etc etc

  9. Vous accusez les Mutuelles mais n’est-ce pas cette saloperie politique et celle de la haute fonction publique qui impose aux mutuelles de payer toujours plus à la place du régime obligatoire sans augmenter leurs tarifs alors que l’obligatoire lui rends de moins en moins et n’est plus le fruit des cotisations mais un revenus pour la République et pour soigner gratuitement toute la racaille du monde. La destruction systématique de tout ce qui fonctionnait bien en France détruit peu à peu depuis que les gauchistes laïques de la République ont repris le pouvoir sous le règle de Mitterrand l’escroc. En fait l’image même de ce que la République gauchiste et laïque sait faire de mieux depuis la Révolution, massacres, pillage et destruction pour une minorité de petits salopards qui se prennent pour le Dieu de la nouvelle religion la seule acceptable, celle de la politique.

  10. Une affaire de gros sous on le savait ….Quelle aubaine de tuer les vieux pour faire des économies ….Glauquissime .

  11. En clair tant qu’on paie et qu’on est en bonne santé tout va bien dès lors qu’on leur coute de l’argent faut nous éliminer ……

  12. Ceux qui veulent mourir peuvent aussi se jeter sous un train ou dans un canal. Parce qu’un dépressif dont la maladie dépressive se complique de suicide le fait sans aide, et l’on ne voit pas qu’ils demandent qu’on les « aide », alors qu’on pourrait – pour beaucoup – les sauver. Ah, il faut qu’on en « aide » donc « certains » à mourir (y a-t-il déjà une liste de maladies éligibles?) c’est à dire en fait (parce tout ça est bourré de non-dits) qu’on cause entièrement (ça ne peut être qu’entièrement, n’est-ce pas?) la mort. Qu’ils oublient alors les soignants dont ça ne peut être le rôle: n’importe quel voyou recruté dans la rue (ça semble déjà être un business à Marseille) peut tuer. Quant à cette réduction à des considérations économiques, elle montre l’horreur du futur social qu’on nous concocte, sous couvert de « dignité ».

    • Vous dites n’importe quoi en comparant une mort brutale et parfois ratée lors d’un suicide avec une euthanasie en douceur, entouré de ses proches.

      • Cher Dnalor : je lis vos différents messages . Je suis d’accord avec vous contre l’acharnement thérapeutique .Ce qui rend de la dignité au patient ce sont les soins palliatifs et la qualité de la relation avec les équipes soignantes . Comment imaginer que derrière son plus beau sourire une infirmière pourrait ou devrait vous administrer un sérum létal ? Pensez vous à elle? Chacun s’interroge sur le coût de la fin de vie et qui n’a pas eu au moins une fois la tentation d’une légalisation? Mais on voit de suite en Belgique et aux Pays-Bas , notamment les dérives de la loi .D’autant que nous avons en France l’exemple de l’IVG prévue à l’origine pour soulager quelques cas dramatiques ; nous aurons pour l’euthanasie les mêmes dérives , voilà pourquoi je pense qu’il ne faut pas légiférer .Personnellement je suis confronté depuis 6 mois aux visites régulières à l’hôpital . Bien respectueusement et bonne réflexion .

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