Mort du prince Philip : une interview imaginaire du futur roi George VII d’Angleterre

prince george

Le 25 mai 2077, dans sa soixante-quatrième année, George Alexander Louis, prince de Galles, montait sur le trône d’Angleterre sous le nom de George VII. Son père, le roi William V, était mort à Balmoral, un an avant, le 15 mai 2076, âgé de 94 ans, entouré de son épouse, la reine consort Catherine, de ses enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants.

Les funérailles du roi William avaient été l’occasion pour le peuple britannique d’entourer la reine qui, malgré son grand âge, avait conservé ce sourire qui aurait converti à la monarchie le plus extrémiste des républicains, même français. Au siècle passé, sa belle-mère, la princesse Diana, authentique aristocrate, avait été la princesse du peuple. Catherine, elle, l’arrière-petite-fille d’un mineur de fond, s’était imposée comme la reine du peuple, en remontrant, en matière de classe royale, à des flopées de princesses du sang et autres starlettes de seconde zone.

Un mois avant la mort du roi William, en avril 2076, le prince George avait donné une longue interview à la BBC au cours de laquelle il évoqua ses souvenirs d’enfance.

« Votre Altesse Royale, vous aviez sept ans lorsque votre oncle, le prince Harry, décida d’abandonner son titre d’Altesse Royale. À l’époque, on avait évoqué une crise grave pour la monarchie, comparable à celle que la Grande-Bretagne avait connue en 1936, lorsque votre arrière-arrière-grand-oncle, le roi Edouard VIII, avait abdiqué. Quels souvenirs gardez-vous de cet événement ? »

« Vous savez, les choses redevinrent vite normales et nos parents avaient à cœur de nous protéger des rumeurs qu’alimentaient - et qui alimentaient ! - ce qu’on appelait à l’époque les journaux people. D’ailleurs, ils nous parlaient toujours gentiment du prince Harry et de son épouse Meghan. Bien sûr, notre famille connut ensuite d’autres vicissitudes, d’autres divorces, comme toutes les familles, finalement.

Mais il y d’autres événements marquants de mon enfance que je voudrais évoquer avec vous. D’abord, la mort de mon arrière-grand-père, le duc d’Édimbourg. C’était le 9 avril 2021, il y a cinquante-six ans, mais je m’en souviens comme si c’était hier. Le Royaume-Uni, comme le monde entier, vivait alors sous l’empire du virus Covid-19. À cause de cette pandémie, les obsèques ne purent avoir le faste qu’aurait mérité mon aïeul qui avait tant sacrifié pour la monarchie. Il est vrai, aussi, qu’il avait lui-même souhaité une cérémonie familiale et avait refusé les funérailles d’État auxquelles il avait droit. On avait dû renoncer au défilé militaire, à la présence de nombreux souverains et chefs d’État, bref, à l’appareil des grandes funérailles royales. Mon arrière-grand-mère fut impressionnante, tout de noir revêtue. Impassible. Une larme perla, sans plus. Et pourtant, elle avait partagé sa vie avec cet homme durant trois quarts de siècle ! À l’époque, beaucoup (les médias, les fameux journaux people !) disaient qu’elle allait abdiquer. Mais elle n’abdiqua pas ! Dernière reine sacrée de la planète, elle avait reçu sa mission de Dieu ; seul Dieu, donc, pouvait la relever de sa mission. Lorsqu’à son tour elle rendit l’âme, le monde entier assista à ses funérailles, organisées depuis longtemps au papier millimétré. Jamais, peut-être, depuis 1945, la mort de Churchill ou celle de mon illustre aïeule, la reine Victoria, le royaume n’avait été autant uni ! Après bien des années, j’avoue que l’évocation de ce grand moment britannique m’émeut encore.

Alors, vous savez, avec tout le respect que je peux avoir pour la mémoire de mon oncle Harry, ces événements de 2020 me paraissent un peu anecdotiques, presque dérisoires, comparés à notre longue histoire. Rappelez-vous qu’il y a onze ans, en 2066, nous avons célébré le millième anniversaire de l’accession au trône d’Angleterre de Guillaume le Conquérant, ancêtre de tous les souverains anglais, ne l'oublions pas. Cela relativise bien des choses, n’est-ce pas ! Après la mort de la reine Élisabeth II, mon grand-père, le roi Charles III, monta sur le trône. Un grand roi, aussi ! Aujourd’hui, c’est mon père, le roi William, encore bon pied, bon œil. Et un jour, ce sera mon tour. Les rois ne sont que des passeurs. Un job à temps plein. Mais il est vrai que nous avons coutume, nous, les Windsor, de nous y préparer très longuement ! »

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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