Montebourg candidat : on n’arrête pas le progrès

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Quand on évoque l'ancien ministre du Redressement productif, devenu entrepreneur, il est bien difficile de le classer. La tentation des métaphores apicoles effleure le rédacteur : l'ancien avocat, devenu homme politique, ne s'est-il pas lancé dans l'exploitation du miel ? N'a-t-il pas comparé, jadis, la France à une ruche ? Ce serait bien facile, alors, d'ébaucher son programme : chacun dans une alvéole, avec un rôle bien défini et la faculté de communiquer pour un bien commun nécessairement industrieux. En d'autres termes : le communisme, ou son frère jumeau, le capitalisme.

Le programme de Montebourg, qui tenait ce samedi son premier meeting sur ses terres historiques de la Nièvre, est pourtant assez original. Candidat de la France « digne et silencieuse », gratuitement humiliée par Macron, il a énuméré les comparaisons désobligeantes et les petites formules méprisantes du chef de l'État à l'égard de son laborieux bétail. Dans un discours plutôt brillant et particulièrement énergique, il s'est posé en rassembleur, identifiant comme principaux maux l'injustice et l'insécurité, et renvoyant dos à dos la gauche et la droite.

Son slogan : la remontada. Comme au football, quand tout semble perdu. Bof ! Il se battra pour la réindustrialisation de la France, comme il l'a (c'est vrai) déjà fait quand il était ministre de François Hollande, de sinistre mémoire. Il pense unir cette France territoriale pour lui permettre de faire entendre une voix politique.

L'impression globale est plutôt sympathique. Cependant, on peut se demander au moins trois choses.

D'abord, la France territoriale à laquelle Arnaud Montebourg s'adresse, à bout de rêves et d'espoir, en a-t-elle encore quelque chose à faire ? On a tué ses paysages avec des éoliennes, ses commerces avec des zones industrielles, ses traditions avec la présence perpétuelle de la téloche, on a remis en cause son existence même avec l'exode rural, la pénurie de services et le désintérêt de Paris ; on se moque d'elle et de son retard sur la Ville Lumière, qui n'est pourtant qu'un mélange de Babylone et de Bamako. Alors, un discours sur la France des sous-préfectures, soit, mais ensuite ?

Ensuite, comment compte-t-il réconcilier cette France périphérique avec la France des territoires perdus ? Être le Président d'une France rurale et travailleuse, c'est être le Président de la zone libre. Ce n'est pas la même chose que de se saisir du problème de la sécession « libanisante » de notre pays, jadis si grand, aujourd'hui en danger de mort.

Enfin, que penser de la sincérité d'Arnaud Montebourg ? Lié aux années Hollande, plutôt à l'aile gauche du PS, il se pose aujourd'hui en rassembleur, avec des accents populaires et presque poujadistes, et dit avoir pris la mesure d'une insécurité que le gouvernement dont il était membre prétendait soigner, comme tous les autres, à coups de milliards dans le tonneau des Danaïdes.

Montebourg candidat ? Après tout, pourquoi pas, mais pour quoi faire ?

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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