Après la manifestation du 5 décembre et les informations qui remontent, ici et là, notamment sur les réseaux sociaux, on se pose cette question : les forces de l'ordre ont-elles des consignes ou agissent-elles selon leur bon vouloir, comme ce gendarme qui, voyant une jeune fille filmer, l'en empêche en hurlant « Je fais ce que je veux ! »

Toujours est-il que les incidents - d'aucuns parleront de bavures - s'additionnent les uns aux autres et semblent viser, désormais, des journalistes. Je viens de regarder, sur Twitter, les dernières publications du collectif Reporters en colère. Édifiant ! Pour la seule journée du 5 décembre, à Paris, Nantes et Bordeaux notamment, ce collectif a comptabilisé par moins de 25 reporters et photographes blessés ; la plupart ont été touchés par des tirs de grenades lacrymogènes ou de désencerclement.

Sur leur compte Twitter, on peut lire : « Nous condamnons fermement ces violences qui constituent des atteintes à la liberté d'informer, un droit fondamental dans toute démocratie. » Suit toute une série de photographies montrant le degré de ces blessures touchant notamment les jambes et les bras. Alan, un journaliste du New York Times, va même comparer ces violences policières à celles que subissent les manifestants de Hong Kong : « Franchement, les policiers de Hong Kong sont des pacifistes comparés aux policiers français ! »

À Bordeaux, Hippolyte Radisson note que « le tir tendu de grenade lacrymogène qui n'est pas autorisé a clairement pris pour cible deux photographes, seuls et identifiables ». À Nantes, ce sont deux journalistes de Ouest-France et de Bleu Loire Océan qui ont été blessés dans le dos par un tir de LBD et par un tir de grenade lacrymogène. À Paris, Tiphaine Blot a reçu, à deux reprises, des résidus de grenade de désencerclement. Gaspard Glanz a été, lui, blessé aux jambes par cinq éclats de grenades (information relayée par Le Figaro et France 3 Paris Île-de-France) et son matériel a été détruit. Il y a aussi Nicolas de Poulpiquet, Émilie Royer, Tomas Statius, Martín Noda, Valentine Zeler, Mustafa Yalçın (un photographe turc) et même deux journalistes de BFM TV...

La Fédération européenne des journalistes va dénoncer ces violences au Conseil de l'Europe.

Avez-vous entendu Christophe Castaner ou le préfet Lallement s'excuser auprès de tous ces jeunes journalistes blessés par les forces de l'ordre ? Bien sûr que non. Qu'en sera-t-il lors de la manifestation du 11 décembre ?

La France, pays des droits de l'homme ? On a parfois des doutes.

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09 décembre 2019 à 8:37

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