Mal de mer
Tangage et Roulis sont-ils devenus les deux mamelles de la France qui, naviguant dans la tempête de l’actualité nationale et internationale, a la mal de mer ? Les Français, chavirés, s’interrogent sur les capacités du commandant du navire.
La liste des événements problématiques est édifiante et mérite attention.
La crise pandémique, qui rebondit de variant en variant, est anxiogène et provoque un ras-le-bol collectif des populations. Certes, le gouvernement ne peut pas en être tenu pour responsable, mais il sait que, sur fond de pandémie, tout événement, toute contrariété prend une ampleur démesurée dont il peut être le bouc émissaire. Néanmoins, le gouvernement ne peut être présumé bouc émissaire lorsqu’il est l’acteur de nombreuses crises.
Crise des Antilles
La situation des Antilles n’est pas une surprise : le chômage, les effets désastreux de pesticides, des collectivités incapables d’assurer le service public de l’eau, une insécurité grandissante caractérisent ces îles. De plus, le paritarisme monétaire et social avec la métropole a surenchéri l’économie locale face à des concurrents qui bénéficient d’avantages comparatifs sans appel. Tout cela est connu depuis des lustres sans que le gouvernement n’agisse réellement.
Les violences à l’encontre des femmes, des policiers et gendarmes, des professeurs ne cessent d’emplir le moulin médiatique.
Parler de l’islam et des dérives mortifères islamiques ne serait que populisme et complotisme. Ben voyons…
La précampagne présidentielle s’emballe sur des clichés, sur des sondages qui donnent une vérité à 10 h, une autre à 12 h, un tourbillon permanent qui donne le vertige…
Sur le plan international, le cap est dans un brouillard épais :
La Pologne qui veut faire prévaloir sa Constitution sur le droit européen, à l’instar de ce que dit la Cour constitutionnelle allemande, est vouée aux gémonies, mais la Pologne qui refuse de laisser entrer les migrants instrumentalisés par la Biélorussie reçoit force louanges…
Le commandant du navire accuse la France d’avoir commis un crime contre l’humanité en Algérie lors de la colonisation, mais le même auteur de ce jugement révisionniste se demande publiquement si l’Algérie avait une véritable existence en 1830, lors de l’occupation ottomane. Ce qui suscite indignation et colère du gouvernement algérien, trop heureux de pouvoir exploiter la provocation de l’amateur, adepte de la diplomatie incendiaire…
Le même amateur s’entiche du moteur franco-allemand, mais comprend un peu tardivement que l’Europe, c’est aussi l’Italie qu’il a méprisée et qu’il découvre soudain après une visite papale…
La sainte commission de Bruxelles se surpasse et, dans un guide d’ânes, la commissaire à l’égalité vient de proscrire certains termes comme « Noël » ou « Marie » afin de « refléter la diversité et lutter contre les stéréotypes » ; cette commissaire – Helena Dalli – vient de franchir le mur du çon, comme dirait Le Canard ; le gouvernement français a-t-il protesté contre ces imbécillités ? Je n’ai rien entendu.
Enfin, l’Orient compliqué rattrape notre diplomatie : un général émirati Al-Raisi accusé de torture est nommé chef d’Interpol, organisme dont le siège est à Lyon ; le commandant du navire France ne prend pas position sur cette embarrassante nomination. Courage, fuyons !
Le navire France tangue et roule au gré des vents et des événements, sans cap ni boussole.
Une chose est certaine :
« Naviguer est une activité qui ne convient pas aux imposteurs » (Éric Tabarly).
Car « celui qui a inventé le navire a aussi inventé le naufrage » (Lao Tseu).
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