Comme tant d’autres sans doute, j’ai poussé dimanche soir un long soupir : enfin, ça se termine ! Pas vraiment le condamné montant à l’échafaud, mais un peu tout de même… disons celui qui sort enfin du couloir de la mort et se dit que demain est un autre jour, ailleurs…

Campagne infernale, épuisante, désolante, décevante à maints égards jusqu’à finir sur ce débat d’une vulgarité suicidaire.

L’affaire "pliée", l’« Hymne à la joie » trompeté, le Louvre traversé, le discours prononcé, Macron macronisé, j’ai voulu un moment faire "comme si". Semblant d’y croire, semblant d’espérer qu’enfin – ô, bénéfice du doute et de la jeunesse ! – celui qui va partout répétant qu’il nous aime allait nous aimer assez pour nous enthousiasmer ne serait-ce qu’une heure, une minute, un instant…

Pourtant, déjà, je le confesse, j’ai ricané en regardant la traversée de Paris : boulevard Montparnasse dégagé, boulevard Saint-Michel dégagé, rue de Rivoli dégagée… tous les feux au vert… Pas une voiture, pas un piéton à l’horizon. Poussez-vous, manants, c’est la République qui passe. Bon, d’accord, ils n’allaient pas s’arrêter aux carrefours pour risquer des tomates ou des œufs sur le capot de la limousine, mais bon…

Et puis j’ai jeté un œil aux messages des uns et des autres, les copains militants heureux d’être en marche, et les copains des copains : "Soulagée et fière… maintenant, il y a du pain sur la planche", dit l’une. Réponse d’un autre : "Il y a 35 % de nazis en France quand même." Nazis ! Carrément !

Et puis, qui dit Macron dimanche dit manifs dès lundi… On prend les mêmes et on recommence. Casseurs, zadistes, la haine à l’état brut vociférée place de la République : "Pendons le banquier" (sic). C’est qui, les nazis ? Il est où, le fascisme ?

Le changement, c’est maintenant, scandait Hollande, qui n’a rien changé du tout. Et pour bien montrer que lui, c’est moi et moi, c’est lui, il a paterné ostensiblement le petit Macron aux cérémonies du 8 Mai. Expliqué aux Français qu’il allait lui servir de mentor, de conseiller, l’a pris par le bras, par la taille, par les épaules et puis la nuque. Tout juste s’il ne lui a pas donné une claque sur les fesses pour l’aider à monter en voiture !

« Faire du neuf avec du vieux », comme on retournait autrefois les cols de chemise et taillait des vestes dans de vieux manteaux, est en réalité la vraie devise d’Emmanuel Macron. C’est comme cela que Catherine Barbaroux vient de prendre la présidence par intérim de La République en marche. 68 ans, dont 40 de socialisme aux côtés de Gaston Defferre, de Martine Aubry, de Jean-Paul Huchon… Une vieille routarde de la politique, en somme, comme tant d’autres qui entourent le jeune prodige aux longues dents du bonheur.

L’affreux Estrosi, par exemple, champion des vestes retournées lui aussi, qui démissionne opportunément lundi soir de la présidence de la région PACA. Une présidence honteusement volée en décembre 2015 à la blonde Marion Maréchal grâce au retrait du socialiste Christophe Castaner, porte-parole de Macron durant la campagne… Passe-moi la rhubarbe, je t’envoie le séné…

Estrosi se défend, bien sûr, de toute ambition macronisante. Il veut retrouver son fauteuil de maire, poser son crachoir cicatrisant sur les plaies des Niçois. Qu’il dit.

Vous y croyez ? Moi non plus. Et pour tout vous dire, je ne crois plus à grand-chose…

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09 mai 2017 à 15:11

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