La ficelle est grosse, mais bon, on ne sait jamais, sur un malentendu... La liste de La République en marche aux élections européennes s’appelle pompeusement « Renaissance » et - bénédiction du calendrier - à quelques semaines de ces élections, on commémore le cinquième centenaire de la mort de Léonard de Vinci - Leonardo da Vinci -, le génie de la Renaissance. D'une renaissance l'autre... Tiens, au fait, tout de suite, une petite parenthèse : à cette époque de la Renaissance, on avait coutume de franciser son nom ou de le laisser franciser par ses contemporains. Aujourd’hui, évoquer cette éventualité, c’est le tollé assuré. Refermons la parenthèse.

Or, donc, en ce 2 mai 2019, Emmanuel Macron (Emanuele Macroni) recevait son homologue italien Sergio Mattarella (Serge Mattarelle) à Amboise, puis au château de Chambord : d'un château l'autre... Pratique, en tout cas, ce président italien qui, même s’il possède le pouvoir de dissoudre les chambres, a surtout un rôle honorifique. Pratique car il permet de passer par-dessus ces ploucs de souverainistes italiens, actuellement au pouvoir chez nos amis transalpins et qui font la misère à Emmanuel Macron. Enfin, quelqu’un de fréquentable : un démocrate-chrétien, ce qui n'implique pas forcément d'être démocrate et chrétien. Qu’importe s’il n’est pas vraiment du nouveau monde : fils de ministre, sept fois élu député depuis 1983 (à l’époque, Emmanuel Macron fréquentait encore l’école élémentaire), plusieurs fois ministre, juge constitutionnel, bref, le cursus honorum classique et rassurant. Et, ce qui ne gâche rien, un parfait européiste : on se souvient que, l’an passé, il s’était porté garant des « engagements européens de l’Italie » et avait donc essayé, en vain, de s’opposer à la constitution d’un gouvernement de coalition entre le Mouvement 5 étoiles et la Ligue. C’est quand même mieux lorsqu’on est entre soi, a dû se dire le Président français !

Entre soi est le mot. Fini le temps où les souverains faisaient leur entrée dans les villes avec la foule en liesse. Nous l’évoquions l’autre jour mais, à lire les comptes rendus de la presse, il semble bien qu’on ait atteint des sommets : « Ville morte », lit-on un peu partout. C’est étrange, pour une célébration de la Renaissance ! « Ça devait être une fête populaire et c’est la fête de monsieur Macron », souligne France 3 Val de Loire, qui publie des images où l’on découvre la petite cité transformée en camp retranché, centre-ville complètement désert, commerces fermés. Interviewé, un Tourangeau déclare : « Bah, c’est une honte même. Il vient se promener, bah, c’est bien, mais il pouvait venir dire bonjour aux gens... » Et la journaliste de demander à ce brave retraité s’il allait dire bonjour au Président. Réponse : « Ah, j’veux pas l’voir. On l’voit déjà assez à la télé. ». La sécurité, me direz-vous.

Cela dit, un accident est si vite arrivé ! Et pas toujours comme on l'a imaginé. A-t-on raconté à Emmanuel Macron, lors de sa visite du château d’Amboise, que, le 7 avril 1498, le roi Charles VIII, alors âgé de 28 ans, se cogna la tête à un linteau de porte et mourut neuf heures plus tard ? Ou encore la conjuration d’Amboise, appelée aussi « tumulte d’Amboise », fomentée en 1560 par des gentilshommes huguenots pour s’emparer du jeune roi François II. L’affaire fut éventée et les rebelles échouèrent lamentablement. La plupart furent pendus aux balustrades du château, d’autres noyés dans la Loire ou encore massacrés par la foule. Jean du Barry, le chef des conjurés, fut découpé en cinq morceaux qui furent exposés aux portes de la ville. La répression des gilets jaunes par Castaner et Nuñez, à côté, c’est de la petite soupe ! La régente était, alors, Catherine de Médicis, une Italienne. Emmanuel Macron et Sergio Matterella ont-ils évoqué ces vieux souvenirs de l'amitié franco-italienne ?

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02 mai 2019 à 18:53

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