Livre : L’Hérésie du XXe siècle, de Jean Madiran

« J’ai exprimé, dans L’Hérésie, toutes les raisons de mes refus, et aussi toutes les idées pour lesquelles je me bats. Tous les combats auxquels j’ai en quelque sorte consacré ma vie. »

Dans le tumulte qui suit le concile Vatican II (du 11 octobre 1962 au 8 décembre 1965), le traditionaliste Jean Madiran (1920-2013) publie, en 1968, une œuvre magistrale, L’Hérésie du XXe siècle, qui synthétise alors la pensée de nombreux catholiques inquiets des bouleversements que connaît l’Église. Alors déjà auteur de bon nombre d’ouvrages, directeur de la revue Itinéraires, fondée en 1956, promoteur d’une « rénovation intellectuelle et morale », selon la célèbre formule de Renan, le combat de Jean Madiran prend une teinte foncièrement doctrinale dans cet écrit. Il y pointe du doigt l’existence d’une « nouvelle religion » au sein de l’Église appuyée sur un catéchisme qui n’enseigne plus les vérités nécessaires à la foi.

C’est à la suite des déclarations de l’évêque de Metz, Monseigneur Paul-Joseph Schmitt, « docteur commun de la révolution permanente et de la mutation universelle » à Saint-Avold, aux "responsables de communautés sacerdotales" que l’auteur est amené à définir plus précisément cette « hérésie ». Profondément choqué par les propos de l’évêque dans lesquels il constate l’émergence d’une nouvelle doctrine, qu’il estime être « du monde », et qui prend alors sous sa plume le nom de « religion de Saint-Avold », il expose ainsi en six propositions les bases de cette pensée nouvelle, en rupture avec la Tradition de l’Église, et qui met en péril l’intégrité de la foi :
- un bouleversement apporté par le monde dans la conception du salut ;
- une évangélisation insuffisante dans l’Église qui doit être stimulée par de nouvelles méthodes apostoliques ;
- une foi qui se doit d’être plus à l’écoute du monde ;
- la socialisation qui apparaît comme une grâce ;
- l’ouverture d’une époque qui vit enfin pleinement l’idéal évangélique de la vie fraternelle ;
- un monde tourné vers l’évolution future des sociétés, au sein duquel l’espérance des chrétiens prend tout son sens.

Il en impute la responsabilité première aux évêques, coupables à ses yeux d’avoir permis et encouragé l’avènement d’une nouvelle conception du salut, et d’avoir renoncé à leur devoir d’enseignement, ne remplissant plus, pour la plupart, leur mission de pasteurs du peuple chrétien. Il montre à quel point la mainmise de cette nouvelle religion sur la hiérarchie catholique apparaît d’une extrême gravité dans la mesure où celle-ci l’impose à tous. Jean Madiran entend alors réfuter les erreurs qu’il relève en s’appuyant sur la doctrine traditionnelle de l’Église et en puisant dans les écrits des papes antérieurs.

L’Hérésie du XXe siècle apparaît véritablement comme une œuvre incontournable pour qui veut comprendre la position de cet auteur en pointe de toute une génération de catholiques face aux évolutions religieuses, et mesurer l’enjeu et les raisons de leurs batailles.

Béatrice Lacoste
Béatrice Lacoste
Étudiante en master d'histoire

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