L’interdiction de l’abaya fait consensus chez les Français. Tous ? Non…

Rarement une mesure aura été aussi populaire depuis l'accession au pouvoir d'Emmanuel Macron. La décision de Gabriel Attal, ministre de l'Éducation nationale, d'interdire l'abaya, cette robe longue couvrante venue du Golfe, censée protéger la 'awra des femmes musulmanes (c'est-à-dire, théoriquement, les parties désirables de leur corps - mais, en fait, son intégralité), est largement plébiscitée. Un très intéressant sondage IFOP pour Charlie Hebdo décortique la réaction des Français en fonction de leur famille politique. On ne sera pas surpris d'apprendre que 92 % des sympathisants LR et 93 % des sympathisants RN approuvent cette interdiction, mais on découvre que 73 % des socialistes, 79 % des écologistes et même 58 % des sympathisants LFI sont également en faveur de cette mesure. Tous les Français (ou presque) sont d'accord pour reconnaître le caractère religieux de ce vêtement. Bref, une forme d'union nationale.

Ce moment d’autosatisfaction passé, il faut tout de même faire trois constats pour aller plus loin. D’abord, il est consternant que l’on se félicite d’une telle unanimité. La question ne devrait même pas se poser. De la même façon qu’on en vient à trouver ordinaire la violence barbare des rues de France, on en vient à trouver extraordinaire un consensus populaire sur l’interdiction d’un vêtement religieux dans des écoles laïques. Cela en dit assez long. Ensuite, les élus d’extrême gauche semblent aux antipodes de leurs électeurs : Thomas Portes, Mathilde Panot, Manuel Bompard ou Sandrine Rousseau se sont opposés à cette interdiction pour des raisons variées dont le seul point commun est la mauvaise foi. Sandrine Rousseau est même allée jusqu’à voir dans cette interdiction une volonté de contrôler le corps des femmes ! Le monde à l’envers...

Enfin, il y a un signal faible de sécession qui semble être passé sous les radars. La seule catégorie de Français qui désapprouve massivement, à 66 %, l’interdiction de l’abaya, ce sont les musulmans. Évidemment, ce vêtement est musulman, me direz-vous. Certes, mais n’oublions pas cet autre sondage, un peu plus ancien, dans lequel une très large majorité de jeunes musulmans jugeait la charia supérieure aux lois françaises. Une séparation de fait entre l’immigration musulmane et le reste du pays est en train de s’opérer, d’une manière de moins en moins silencieuse et de moins en moins pacifique. La réaction de certains parents le prouve d’ailleurs assez bien : citons, par exemple, ce brave père de famille de Clermont-Ferrand qui a menacé de mort un proviseur parce qu’il avait refusé que sa fille entre en abaya dans le collège.

Toute une partie de la communauté musulmane de France, de plus en plus nombreuse et de plus en plus entre soi, se considère à part. C’est d’ailleurs le sens de ce vêtement à la fois religieux et culturel, qui montre aux yeux de tous que, pour ces sympathiques compatriotes, la France n’est rien d’autre que le pays de l’aide médicale d’État et des virements Western Union™. Il y a une haine de la France et des Français de la part de ces gens censés être « français comme vous et moi », et cette haine s’exprime jusque dans le vêtement… et jusque dans les sondages, donc. En fin de compte, peut-être est-ce cela que tous les politiciens d’extrême gauche ont compris : il y a un électorat à capter, dans le prolongement des options du think tank socialiste Terra Nova. Dans les années 2000, Terra Nova pensait déjà qu’il valait mieux miser sur les minorités que sur les prolétaires historiques « de souche ». Les Bompard, Rousseau, Panot et consorts, en somme, ne font rien d’autre que du marketing de niche. Du moins ce sondage a-t-il le mérite de dire clairement les choses.

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