L’humoriste de France Inter : une espèce en voie de disparition ?
Ces dernières décennies, on a vu naître et prospérer, sur les radios et les chaînes publiques, une nouvelle forme d’humoriste, « l’humoriste conforme », dit aussi « humoriste France Inter », radio où va sa prédilection et où, tous les matins, il vient conclure le ronron autorisé des informations par l’ennui de propos censés être drôles.
Un véritable humoriste a pour vocation de se moquer de tout ce qui est ridicule, notamment la bêtise et l’hypocrisie des pouvoirs en place et des castes établies. Il procure ainsi à son auditeur un rire et une détente salutaires. Mais ce nouvel humoriste a l’humour sélectif, l’impertinence conforme et la moquerie orientée dans le sens du vent.
C’est que « l’humoriste France Inter » est tout, sauf un véritable humoriste : propagandiste déguisé, carpette à inventer des jeux de mots laids qui font les gens bêtes, exerçant sa verve niaise contre les mêmes cibles, il finit par ne plus provoquer que l’hilarité des propagandistes sérieux qui l’entourent.
L’humoriste véritable, l’humoriste libre, celui qu’on n’entend jamais sur France Inter, exerce son insolence contre les pouvoirs, « l’humoriste France Inter » la met à leur service. Simple valet de comédie du maître qui le paie, il se dit résistant mais l’on se demande à quoi il résiste, puisqu’il est le serviteur de ce pouvoir. Son humour se réduit au rabâchage d’un catéchisme identique à celui de ces curés qu’il passe son temps à tourner en dérision, il est sans nuance parce que sans liberté. Cet humoriste conforme est un anticonformiste des radios officielles et des scènes ministérielles, une sorte de bouffon appointé pour faire rire les bien-pensants, alors qu’un véritable humoriste devrait les faire rire jaune !
Très déférent et bon enfant lorsqu’il s’adresse à un représentant de la gauche, encore plus si elle est culturelle, caviar ou bobo, l’humoriste France Inter est très agressif, quelquefois proche de l’injure et de la goujaterie, dès lors qu’il s’agit d’un homme ou d’une femme politique de droite, pire encore du Rassemblement National ou de la Manif pour tous. Tout au long de ses chroniques, il pourfend inlassablement les fascistes racistes sexistes supposés, les intégristes catholiques, le peuple dit populiste, le christianisme et l’Église, le pétainisme, la France moisie qu’il oppose à la France moderne et progressiste des gens comme lui. Il considère ce discours mille fois rabâché, usé jusqu’à la corde, comme de l’impertinence ou de l’insolence.
Bref, son humour, loin d’être corrosif et décapant, est une ritournelle à la saveur des sectarismes les plus caricaturaux, au goût douceâtre des tartes à la crème.
Cependant, à force d'user les mêmes rengaines sur les mêmes têtes de massacre, son humour fait de plus en plus « plof ». On l’a vu encore, récemment, avec le coup d’éclat ou éclat de rire subventionné de l’humoriste de France Inter Charline Vanhoenacker, celle qui avait dessiné sur une affiche, sous le nez d’Éric Zemmour, une petite moustache à la Hitler, complétée d’un mot de trois lettres à l’initiale Z, blagounette qui a tout juste amusé le studio où les journalistes se forcent à rire tous les matins. Avant elle, on avait vu également un pitre chanter en s’accompagnant sur sa guitare « Jésus est pédé », ce qui, on en conviendra, est drôle à pleurer.
Énième tentative d’effet comique transformée en pensum triste et stupide.
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