Les petits « pourquoi ? »

Les prisonniers sont interdits de téléphone portable. Bien ou mal, je n’en sais rien, mais la loi est ainsi faite. En 2016, 33.520 mobiles ont été saisis dans les établissements pénitentiaires de France. C’est-à-dire qu’ils y sont entrés illégalement. Dans une seule prison de Guadeloupe, 199 armes ont été saisies lors d’une « opération fouille » menée en mars 2017. Combien d’armes pour l’ensemble des prisons françaises ? Pourquoi ces objets se retrouvent-ils dans ces lieux cadenassés et surveillés lorsqu’« en même temps », on me demande presque de me mettre à poil pour embarquer dans le moindre avion de ligne ?

Pourquoi l’arrière des camions s’orne-t-il d’autocollants indiquant trois vitesses : 60, 80, 90 ?

Réponse : parce que cela concerne les vitesses autorisées et que c’est inscrit dans le Code de la route ! D’accord, mais à quoi ça sert ? À rien, bien sûr, car le chauffeur du poids lourd connaît son code et les voitures qui le suivent s’en fichent. Question subsidiaire : si ce truc sert à quelque chose, pourquoi ne me colle-t-on pas une rafale de Post-it® sur le derrière de ma Twingo : 30, 50, 70, 90, 110, 130 ?

Pourquoi nos autorités publiques ont-elles inventé le slogan « La vitesse tue » ? Si c’était vrai, il n’existerait plus aucun pilote de Formule 1 et les Grands Prix seraient interdits. Pour information, en un demi-siècle (depuis 1968), il y a eu 815 Grands Prix, 250.000 km parcourus, 20.400 pilotes au départ : 19 se sont tués (0,09 %), dont 4 « seulement » au cours des 34 dernières années, ce qui valide la baisse de mortalité due aux progrès techniques des automobiles, fussent-elles des bolides de course, et ridiculise ce slogan stupide.

Pourquoi l’État réglemente-t-il les soldes ? Le site officiel est explicite : "Pour solder leurs produits invendus, les commerçants sont autorisés à pratiquer des soldes deux fois au cours d'une année civile, dont les dates sont fixées par la réglementation (soldes d'hiver et soldes d'été). La pratique des soldes est strictement encadrée et les commerçants doivent respecter de nombreuses contraintes." Les commerçants sont des entreprises privées, que je sache. L’État, dont l’incompétence abyssale de gestionnaire est largement prouvée, trouve, une fois encore, le moyen, avec nos impôts, de fourrer son nez là où il n’a aucune valeur ajoutée. Ce prurit réglementaire n’a aucun intérêt.

Ce pourrait être une fable : L’Apostrophe et l’État. De jeunes parents bretons ont voulu prénommer leur fils Derc’hen ("fils de chêne", en breton).

"Verboten", s’est exclamée l’administration. Parce que c’est breton ? Que nenni ! Parce que le nom comporte une apostrophe ! Une circulaire Hollande (23 juillet 2014) officialise la liste des signes diacritiques que l’état civil peut accepter, et l’apostrophe n’en fait pas partie. Tant pis pour Armel Le Cléac’h, dernier brillant vainqueur du Vendée Globe, et pour Penmarc’h, et pour l’Aber-Wrac’h, etc. Le tilde espagnol, lui aussi, est en exil linguistique ; tant pis, cette fois, pour les Basques. Appelez donc votre fille Térébentine, comme Cécile Duflot ! Là, c’est permis. Pourquoi l’administration utilise-t-elle nos impôts pour de telles décisions dénuées de tout sens pratique ?

À suivre…

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Yannik Chauvin
Docteur en droit, écrivain, compositeur

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