Les caissières vont-elles être remplacées par des robots ?

caissière

Un accord national autorise les caissières « volontaires » à travailler les dimanches dans les magasins d’alimentation jusqu’à 13 heures. Passé cette heure, les hypermarchés et les supermarchés sont, en théorie, contraints de fermer, sauf s’ils font appel à des caisses robots.

Or, celles-ci se multiplient et quelques magasins les utilisent désormais pour ouvrir le dimanche après-midi en ne vendant ni pain, ni poisson, ni alcool. Des vigiles sont là pour s’assurer que les clients ne partent pas sans payer ou pour limiter les fraudes et des intérimaires engagés par des entreprises extérieures et qui (hypocritement) ne sont pas considérés comme des caissiers (ce qui serait interdit par la convention collective en vigueur) sont présents pour conseiller les clients et parer aux nombreux dysfonctionnements des automates. Ce qui s’est passé pour la première fois à Angers, le dimanche 26 août dans l’après-midi. L’expérience a tourné au fiasco du fait de la manifestation prévue par les syndicats ainsi que de nombreux problèmes techniques. Nombre de clients ont abandonné leurs courses, générant des pertes pour le magasin.

Les caisses automatiques ne cessent de se généraliser malgré les risques importants de fraude (changement volontaire d’étiquetage pour payer moins cher) et les innombrables bugs. Elles sont d’abord apparues pour des achats rapides à côté des caisses classiques. Des supermarchés ont ensuite misé sur ce type d’équipement pour ouvrir 24 heures sur 24. Et, récemment, ce sont des hypermarchés qui ont banni les caissiers humains. Tout cela fait craindre aux syndicats des plans sociaux importants qui tailleraient dans les effectifs des hôtesses de caisses, devenues moins indispensables. Il faut, en effet, une caissière pour superviser huit caisses automatiques.

Formées en une journée, obligées de rester debout, soumises à une charge mentale importante, ces employées sont plus mal loties que leurs consœurs qui encaissent, assises, les achats. Les caissières sont souvent des femmes seules, engagées à temps partiel avec des horaires à trou pour se plier au pic de consommation. Elles sont actuellement 200.000, en France, et beaucoup d’entre elles n’ont aucune autre perspective de travail. Casino, qui est à la pointe de l’ouverture de magasins équipés uniquement en caisses automatiques, jure que ce système ne sera pas généralisé, mais que valent les promesses des gestionnaires qui, en priorité, recherchent le profit ? Si l’expérience est concluante (c’est-à-dire rentable !), ce modèle sera étendu et les caissières deviendront rares. À l’étranger on trouve nombre de magasins o, dès que vous mettez un produit dans votre CaddieTM, celui-ci est enregistré automatiquement. Vous payez à la sortie.

Les syndicats sont vent debout devant cette évolution. Mais leur lutte est sans doute un baroud d’honneur. Malgré la violence employée, personne n’empêchera la mise en place des supermarchés sans hôtesses de caisse. En 1830, les canuts lyonnais ont brisé les machines qui les remplaçaient, ils ont pris les armes, mais leur combat a été vain. Plus près de nous, les pompistes ont pratiquement disparu. Quand une compagnie pétrolière a proposé de les réinstaller moyennant un supplément de 2 centimes le litre, l’expérience a fait un flop. Pour gagner quelques euros, le consommateur acceptera sans états d’âme de se passer d’humains.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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