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Appartement de Brice Hortefeux, le lendemain matin

Marion Maréchal, Laurent Wauquiez et leurs deux bras droits, Alexandre des Natifs et Étienne Blanc, étaient réunis dans le salon de Brice Hortefeux qui leur avait prêté son appartement. L’ambiance était étonnamment cordiale, Wauquiez avait compris, dès son retour à la tête des Républicains, qu’il lui serait quasiment impossible de gagner la présidentielle. Il avait pris conscience trop tardivement que le positionnement bâtard de son parti était impossible à tenir dans un contexte de droitisation des opinions populaires et de gauchisation des élites médiatico-culturelles. Il se retrouvait donc à tenir un discours quasi frontiste sur le plan identitaire et sécuritaire, tout en ayant des positions ultralibérales dont il ne pouvait se départir, sauf à prêter le flanc à la seule critique à laquelle il n’aurait pas de réponse : quelle est votre différence avec Marine Le Pen ? L’épouvantail Le Pen avait servi durant trente ans, depuis Mitterrand et son front républicain, les intérêts de la gauche et du centre, et cela avait perduré jusqu’à lui.

Deux options s’offraient donc à Laurent Wauquiez : tenir son cap et faire 15 % à l’élection présidentielle ou soumettre au vote des adhérents Républicains une alliance avec Marion Maréchal. C’est cette seconde idée qui émergeait depuis la veille car il était certain que la réponse serait oui, probablement à 70 ou 80 %. Et si c’était le cas, il ne laisserait aucune place à ceux qui cherchaient sa mort au sein des Républicains : Peltier, Didier et leurs alliés n’auraient qu’à rejoindre Castaner ou bien créer leur propre parti. Ils seraient morts dans les deux cas.

– Vous seriez prête à vous engager à ne pas faire la promotion du Rassemblement national de quelque façon que ce soit ?
– Laurent, j’ai quitté le RN définitivement depuis la mort de mon grand-père. Vous savez pertinemment que je ne partage pas une partie des propositions que porte Marine. Si vous me suivez, c’est vous qui serez Premier ministre et la moitié du gouvernement sera issue de vos rangs.
– Marion, tu ne vas pas faire confiance aux Républicains pour composer la moitié du gouvernement, quand même ?
C’est Alexandre qui l’avait interrompue, il était convenu avec Marion de jouer le sceptique.
– Si, Alexandre. Il y aura assez peu de candidats, rassure-toi, Laurent ne me contredira pas si je dis que tous les Républicains qui sont plus au centre qu’à droite refuseront de gouverner à nos côtés.
– Et combien seront issus du RN ?
– Peu, très peu même, les ministres dont je m’entourerai sont davantage divers droite que membres du RN. Je me moque totalement des étiquettes partisanes, seules les idées et les convictions valent. Et, évidemment, les actes.
Elle était convaincante, même si cela paraissait un peu idéaliste aux trois hommes. Wauquiez lui répondit.
– Il y a deux conditions pour que j’accepte ce marché : la première, c’est que Marine Le Pen n’ait aucun poste à responsabilité en lien avec le gouvernement. La seconde, c’est que je soumette cette proposition d’alliance à mes adhérents et que le oui l’emporte à plus de 70 %.
– C’est d’accord.
– Dans ce cas, c’est d’accord, j’annonce ça demain en direct à la télévision, je passe sur France 2 à 13 heures. En revanche, je ne veux pas qu’il y ait la moindre fuite, c’est bien clair ? Ce serait un casus belli.
Marion acquiesça d’un simple sourire.

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18 août 2021 à 12:00

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