Le gouvernement de M. Macron renonce à tout effort pour réduire le déficit

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M. Macron s’est présenté pendant l’élection présidentielle comme le sauveur de la France. Il allait, paraît-il, relancer la machine économique et terrasser le déficit. En 2017, son gouvernement assurait qu’en 2022, le budget serait excédentaire. Las ! En deux ans, ces prétentions ont été balayées malgré les admonestations de la Cour des comptes. Le pouvoir avait promis, en 2017, de réduire de 50.000 le nombre de fonctionnaires d’État, 100.000 étant supprimés par les autres administrations. Or, la réduction ne sera que de 15.000, et encore ! Peut-être que, pour finir, le nombre d’agents de l’État va s’accroître comme en 2018.

Pourtant, lorsque nous nous comparons avec nos voisins européens, nous battons tous les records : 1 fonctionnaire pour 11,6 habitants chez nous ; 1 pour 19,6 en Allemagne ; 1 pour 22 en Grande-Bretagne ! Ces pays ne sont pas, pour autant, sous-administrés. Ils ne manquent ni d’enseignants ni de policiers. À partir de 2010, le Royaume-Uni s’est lancé dans la suppression de 500.000 postes de fonctionnaires (sur 3,5 millions=. Cela s’est fait sans drame, en jouant sur les départs en retraite. Ces réformes ont donné un coup de fouet à l’économie britannique. La situation ne s’est ternie que depuis que le Brexit se rapproche. Le déficit budgétaire britannique a été sensiblement réduit, tandis que le taux de chômage est au plus bas, preuve que la réduction des effectifs des agents de l’État produit rapidement des effets positifs.

Chez nous, le pouvoir a pris prétexte de la révolte des gilets jaunes pour ne rien faire. Le peuple, paraît-il, refuserait les fermetures des services de l’État. Il suffisait, pourtant, de rendre polyvalents les fonctionnaires en poste dans les petites et moyennes villes, qu’ils ne représentent plus une administration mais toutes, pour que ce sentiment de sous-administration s’estompe. En outre, comme je l’ai répété à de nombreuses reprises dans ces colonnes, la France a transféré nombre de compétences au niveau local, tout en gardant les postes de fonctionnaires qui s’en occupaient et sans les supprimer lorsque leurs titulaires partaient en retraite. Un effort similaire à celui de la Grande-Bretagne est tout à fait possible et, à lui seul, il permettrait d’équilibre le budget et de réduire la dette.

Mais M. Macron, malgré ses rodomontades, est sur la même ligne que son mentor M. Hollande : faire semblant de réformer. Cela serait un moindre mal si la situation économique se maintenait vaille que vaille pendant encore cinq ans. Mais dès 2020, une crise cataclysmique risque bien de s’abattre sur le monde, si l'on en croit de nombreux experts, et il n’est pas sûr que, du fait de la politique sans courage de M. Macron, la France puisse y survivre. Ajoutons que le pouvoir renonce à diminuer réellement les niches fiscales. Il n’y touchera qu’à la marge. Le déficit paiera l’argent déversé pour enrayer la crise des gilets jaunes. Or, les 7 milliards injectés ne relanceront pas l’économie de notre pays mais contribueront surtout au déficit de la balance commerciale, car nos compatriotes achèteront en priorité des produits étrangers. La politique dite de la demande a toujours été un échec complet ! L’échec de M. Fillon était sans doute moralement justifié, mais il est un drame absolu pour la France, qui risque de faire faillite alors qu’elle avait encore une chance, en 2017, de s’en sortir.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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