Le football contre ses récupérations idéologiques bancales
Durant la Coupe du monde, des médias progressistes s’essaient maladroitement à l’analyse foot. Ils sont loin du compte.
Instrumentalisation par ignorance
Après les 8e de finale, le New York Times a sorti un reportage, “Kylian Mbappé and the Boys From the Banlieues”, qu’il a aussi publié en français : Coupe du monde : Ces Bleus des banlieues." Le Monde - Afrique a publié une tribune dont l’intitulé est encore plus stupide : « Kylian Mbappé, l’enfant de Bondy qui renvoie Finkielkraut et Zemmour dans leurs buts. »
Or, cela fait longtemps que le football des banlieues est dominant. L’équipe de France des années post-Mondial 2006 était gangrenée par un ressentiment anti-France, des joueurs ont été la cible de racisme anti-blanc (Gourcuff, Giroud). Mais ce phénomène ne correspondait pas à la grille idéologique du Monde et du New York Times. Aujourd’hui, l’équipe est plus sympathique et ses caïds sortis du groupe. Mais le fait que le foot français se soit concentré sur les banlieues explique que l’enthousiasme autour de la sélection soit moindre que chez les peuples d’Amérique latine, qui s’identifient pleinement à leurs équipes nationales. Symptomatique : l’article du New York Times ne parle d’aucun joueur blanc, comme Pavard, auteur d’un but splendide en demi-volée en 8e alors que la France était menée.
Le chapeau du New York Times mélange victimisation et triomphalisme : "La banlieue parisienne, souvent stigmatisée dans la presse comme foyer de délinquance ou de radicalisation, est aussi un bassin de talents où grandissent les meilleurs joueurs de football d’Europe." Or, la liste des meilleurs joueurs montre une réalité différente. L’équipe type de la FIFA, en 2017, des meilleurs joueurs au monde comprend deux Allemands (Neuer, Kroos), un Croate (Modrić), un Portugais (Ronaldo), trois Espagnols (Piqué, Ramos, Iniesta), deux Brésiliens (Alves, Marcelo), un Argentin (Messi) et un Uruguayen (Suárez). Dans l’équipe désignée en 2018 : deux Italiens, deux Espagnols, un Portugais, un Allemand, un Croate, trois Brésiliens et un Argentin. En recrutant toujours dans les mêmes pôles, le football français se prive sans aucun doute de nombreux talents.
Ce sport à imprégnation chrétienne où règnent l'Europe et l'Amérique latine
Le Monde évoque la religion des footballeurs quand ça va dans son sens. En avril, il publiait un article sur l’attaquant égyptien Salah : « Ligue des champions : Mohamed Salah, le footballeur qui fait aimer l’islam à Liverpool. » Il pourrait noter que tous les pays qualifiés pour les 8e de la Coupe du monde sont européens ou sud-américains, et tous d’extraction chrétienne (plus le Japon). Toutes les équipes africaines et arabes ont été éliminées dès les poules : les commentateurs ont juste eu la décence de ne pas le faire remarquer. Au fond, l’insistance sur la religion de Mohamed Salah révèle en creux que les joueurs musulmans de classe internationale sont rares.
Très majoritairement, les stars du Mondial se revendiquent chrétiennes. On a pu voir Cavani, Neymar, Messi, Falcao, genoux fléchis, mains et regard désignant le Ciel après leurs buts, à l’exclusion de toute autre célébration. Les caméras ont capté un geste impressionnant de Mina lors de l’égalisation de la Colombie dans le temps additionnel : non, ce n’est pas moi qu’il faut célébrer, c’est Dieu. Après l’élimination de son équipe, son message sur Instagram fut pour rendre gloire à Jésus. Toutes ces grandes stars de la compétition ont été éliminées, mais leur dignité dans l’élimination frappe.
En quarts, les Bleus ont gagné 2 à 0 face aux Uruguayens, aidés par l’absence sur blessure de Cavani, auteur d’un doublé pour la Céleste au tour précédent. S’ils venaient à perdre, on souhaite aux Bleus la même maturité dans la défaite. C’est là que peut résider la valeur d’exemple des footballeurs.
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