La marche des libertés : les derniers pas du canard sans tête

mélenchon

L'histoire est connue et certains l'ont vue de leurs yeux : autrefois, à la ferme, quand on coupait la tête d'un canard, il faisait encore quelques pas. Il ne savait pas vers où, et c'était déjà trop tard, mais il marchait. Il paraît que c'est la mémoire musculaire.

Ainsi de la gauche, ce samedi 12 juin, bruyante mais clairsemée, dans les rues de nombreuses villes de France ; une gauche rassemblée dans un gloubi-boulga aux allures de « salade de restes ». Vous savez : on prend tout ce qui traîne dans le frigo, on mélange, on ajoute un peu de sauce et hop ! Cette fois, la sauce elle-même était périmée : la lutte contre l'extrême droite... On en aurait presque pitié pour eux.

Il fallait bien ça, me direz-vous, pour faire tenir ensemble une myriade de collectifs citoyens, de rassemblements pour ceci ou contre cela, avec ou sans écriture inclusive, avec ou sans drapeaux rouges, avec ou sans convictions. La menace brune, les heures sombres : le disque est rayé comme un 45 tours de Jean Ferrat chez un couple de profs. Mais ça les motive, que voulez-vous.

La gauche aime bien les marches, en France. C'est festif et solidaire, il y a des bières chaudes et des clowns de rue, on chante « L'Internationale », ça sent le chichon et la merguez. Le soir, on se bat contre les flics, oppresseurs fascistes. Les intermittents à dreadlocks cèdent le pas au Black Blocs fils d'ingénieurs. La joie de casser (une autre façon de déconstruire...), un truc de gauche, ça aussi. Cette fois, d'ailleurs, ce fut bon enfant. C'est toujours ça.

À Paris, ils étaient 9.000, selon la police, 75.000, selon les organisateurs : l'impudence dans le mensonge, encore un truc de gauche... 75.000, c'était déjà le nombre officiel de « fusillés » communistes entre 1939 et 1945 (en réalité, plutôt 1.500). Rien ne les arrête.

Dernier truc de gauche : interdire ceux qui pensent autrement, comme le fit, samedi, Benoît Hamon qui, commentant cette marche, disait qu'il s'agissait surtout de lutter contre les idées d'extrême droite. Criminaliser les idées, psychiatriser les opposants - un grand classique. On notera, d'ailleurs, au passage, que le gifleur présidentiel, outre sa peine de prison ferme, a été condamné à une obligation de soins psychiatriques. C'est dans les vieux pots...

Bref, comme le canard de nos campagnes, la gauche morte, qui s'est trompée sur tout depuis 1789 au moins, qui est responsable de dizaines de millions de morts dans le monde, qui a abattu ou vérolé des pans entiers de la société française avant de mourir d'inconsistance, fait encore quelques pas pour faire croire qu'elle existe. Mémoire musculaire...

On note que Jean-Luc Mélenchon a été enfariné par un militant de la « gauche authentique » avant le départ du cortège. Peut-être un coup monté des fachos : ça ne m'étonnerait pas qu'un exemplaire de Mein Kampf soit découvert pendant la perquisition. Allez savoir.

Marlène Schiappa a cité le film Spiderman, voici quelques mois, chez Hanouna (« Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités »). Puisqu'on en est là, je laisserai pour ma part le mot de la fin à Maximus dans le film Gladiator : « Les hommes devraient savoir quand ils sont vaincus. » Sans cela, ils deviennent de pitoyables zombies. Quelle rigolade !

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Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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