Annie Bazerolle, maire de Veuvey-sur-Ouche (Bourgogne-Franche-Comté), a lancé il y a quelques jours un appel peu commun. Celle qui se décrit comme une « catholique pratiquante » a partagé son désarroi face à la « déchristianisation » de son village dans le journal France catholique : « Voilà notre souhait : notre église est sous le vocable de Notre-Dame de l’Assomption et, depuis de nombreuses années, le 15 août, le village est en fête. Une journée de fête se prépare mais… pas de messe, alors, quel est le sens véritable de la fête patronale ? Connaîtriez-vous un prêtre qui accepterait d’être parmi nous ? Nous pourrions lui offrir quelques jours de vacances dans notre belle région. »

Contactée par Boulevard Voltaire, Annie Bazerolle ne cache pas la tristesse que lui cause ce recul de la religion catholique. « Il y a vingt ans, il y avait une abbaye à La Bussière-sur-Ouche, à quatre kilomètres de notre village, où se déroulaient des retraites, des messes, etc. Mais il y a une dizaine d’années, l’évêché a eu besoin d’argent et a vendu l’abbaye qui est, depuis, devenue un hôtel de luxe. Ce fut une première déchirure pour nous. » Dans le même temps, les prêtres affectés aux villages des environs prennent leur retraite, les vocations se raréfient et le prêtre d’Arnay-le-Duc, à 25 km de Veuvey-sur-Ouche, devient le curé des quarante clochers alentour. « Nous avons une petite école pour les enfants du village, aucun d’entre eux ne vient au catéchisme », se désole le maire.

Désintégration du maillage paroissial

Si inextricable que soit la situation, il n’est pas question pour Annie Bazerolle de laisser les choses se détériorer sans réagir. Cette fête du 15 août, c’est tout un symbole. « Quand il y avait une messe le 15 août, les gens qui n’étaient pas pratiquants réguliers venaient quand même, même s’ils ne revenaient pas le dimanche. C’était important pour eux, ça avait du sens. Dans l’esprit du village, ça existe toujours. » Au-delà, donc, de l’aspect religieux de la fête, la célébration du 15 août comporte un important aspect fédérateur. Et même si les catholiques pratiquants ne représentent plus qu’une poignée, dans ce village, le maire rapporte que certains s’interrogent devant l’absence de messe, des habitants lui ayant même demandé si la religion chrétienne existait toujours.

La désolation du maire fait écho à ces mots de l’abbé Pierre Amar, qui publiait une tribune dans Le Figaro, le 13 octobre 2020 : « On y expérimente une étrange impression de vide. L’âme de nos villages s’éteint et même les non-croyants déplorent qu’il n’y ait plus de curé. Pourtant, la réalité est évidente : la France se paganise. » Ce n’est donc pas seulement l’absence d’une fête conviviale, d’un apéritif fédérateur partagé entre les villageois, que déplore Annie Bazerolle, c’est la possibilité d’apporter un « témoignage » qu’elle voit s’en aller, c’est cette inéluctable « désintégration du maillage paroissial », selon les mots du père Amar, et, en conséquence, la désintégration de tout l’esprit d’un village.

Pour l’heure, aucun prêtre ne s’est manifesté pour venir soutenir la paroisse de Veuvey-sur-Ouche. Le maire ne baisse pas les bras et la fête sera de toutes façons célébrée avec faste, avec « des cloches qui sonneront à toute volée ». L’espoir renaît grâce à ces courageux maires de France !

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28 juin 2022 à 18:35

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27 commentaires

  1. Enfin , François et Emmanuel ont un point commun : celui d’avoir « salopé  » et déshonoré le titre et la fonction qu’ils occupent et qu’on le veuille ou non , pas d’éducation , pas de discipline , pas de sanction , tout au gré du vent selon ce qui les arrange d’où les refus d’optempérer et pour la route et tout le reste , L’Homme va d’ici peu vivre comme les animaux dits sauvages et rapidement disparaître comme les animaux préhistoriques .

  2. depuis 1981 : il ne faut plus de contrainte , plus de discipline , plus d’éducation a ne pas confondre avec l’enseignement qui a sombré dans l’ignorance et la médiocrité ….Il est donc inutile de remercier les politiques qui veulent seulement être  » peinards  » ou le clergé qui rejoint ce même camp ,sans oublier François qui met encore de l’huile sur le feu avec les progressistes et ceux qui seraient moins enthousiastes au vide spirituel voir un peu plus « tradis » ,même loin de l’intégrisme .

  3. Environ 4.000 vieux prêtres en activité, 120 ordinations par an, et 45.000 Eglises…
    Combien sont dans ce cas ?
    Viendra le temps où toutes les Eglises tomberont en ruine, la France avec !

  4. Seul le côté festif et férié, de ces célébrations religieuses, semble dorénavant intéresser les Français. Peut-être serait-il intéressant de ne plus considérer ces journées comme fériées sauf pour ceux se rendant à un office religieux…une source de productivité gratuite pour l’état.

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