Il y a 75 ans, la libération de Paris (2/4)

Leclerc de Hauteclocque

La libération de Paris se déroule du 19 au 25 août 1944. Arrivant de Normandie, les Américains avaient prévu de contourner la capitale française. Sur pression du général de Gaulle et parce que les Parisiens se sont soulevés, la 2e division blindée du général Leclerc de Hauteclocque est autorisée à entrer dans la Ville lumière.

La nuit du 19 au 20 août est agitée à Paris, selon le témoignage de Robert Blancherie (1901-1985). Il entend des « bruits de fusillades et même de canonnades, puis orage très violent pendant de longues heures. Renseignement pris […], les FFI sont toujours maîtresses de la préfecture de police après les batailles sanglantes. »[1]

Déjà, des rumeurs commencent à courir. Les Américains seraient à Clamart. Ils sont, en réalité, à plus de 200 kilomètres. De plus, l’armistice serait signé. Il faudra patienter quelques mois !

La trêve est définitivement rompue le 21 août. De nombreuses barricades se forment ici et là. On dépave les rues, on abat des arbres, on empile les grilles d’arbres, on remplit les sacs de sable. Paris renoue ainsi avec la tradition des barricades, comme en 1830 ou 1848. On voit même des femmes et des enfants participer au mouvement. Cependant, l’armement reste sommaire et famélique : quelques vieux Lebel, quelques Browning… rien qui permette réellement de lutter contre les 20.000 Allemands et cinquante chars. Des escarmouches et fusillades se déclenchent au sud de Paris, rue de Tolbiac, porte d’Orléans, boulevard Brune. Les Allemands ripostent au canon de 37 mm. Au total, on comptera environ 600 barricades dans Paris insurgé.

Impatient, le général Leclerc décide d’envoyer un détachement commandé par le chef d’escadron Jacques de Guillebon (1909-1985) à Versailles. Il va tester la résistance des troupes allemandes. Le supérieur du général Leclerc, le général Leonard T. Gerow (1888-1972), commandant la VIIe armée, est furieux : Leclerc a enfreint ses ordres et ses consignes d’attente.

C'est grâce au jeune général de brigade Jacques Chaban-Delmas (1915-2000), qui assure un rôle de renseignement et de liaison auprès du général Leclerc, que le général de Gaulle apprend la situation précaire des Parisiens. Il craint un bain de sang et la pénurie alimentaire. De Gaulle en parle au général Dwight D. Eisenhower (1890-1969). En même temps, le 22 août, à 10 h 30, le général Leclerc prend place dans son avion Piper en direction de Laval pour rendre visite au général Omar Bradley (1893-1981). Il espère que celui-ci lui donnera son feu vert pour investir Paris. Bradley est absent. Il est auprès d’Eisenhower. Mais le commandant Gallois, chef d’état-major du colonel Rol-Tanguy, est présent. Il a eu le temps d’expliquer la situation précaire et dangereuse des Parisiens à Bradley. Quand ce dernier rentre à 19 h 15, il peut dire à Leclerc : « C’est d’accord. Foncez sur Paris. »

À Paris, ce mardi 22 août, les premiers journaux « libres » font leur retour dans les kiosques, tandis que la presse collaborationniste disparaît : Exit Gringoire, Je suis partout, Signal et autres. C’est au tour de Combat, Franc-Tireur, Libération, etc., de faire leur apparition. Les marchands de journaux sont assaillis par un public avide de nouvelles et d’émotions inédites.

Leclerc donne l’ordre aux 15.000 hommes (dont 3.500 soldats maghrébins) qu’il commande de se préparer, de fourbir leurs armes. Le jeune général de division (il n’a que 41 ans) peut aussi compter sur l’appui des 15.000 soldats américains de la IVe division d’infanterie.

(à suivre)

 

[1] Témoignage de Robert Blancherie

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