Il se rêve en influenceur du conclave : quand Macron tire la tiare à lui

Faute d’avoir pu s’imposer sur la photo entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, Emmanuel Macron espère quand même laisser sa trace dans Saint-Pierre de Rome. Comment ? En jouant les influenceurs au prochain conclave afin de placer « son » pape, le cardinal marseillais Jean-Marc Aveline.
C’est peu dire que la presse italienne de droite n’aime guère le personnage Macron, qu'elle juge hâbleur, méprisant, tentant de s’immiscer partout au service de sa propre gloire. Nos voisins transalpins n’ont pas oublié comment, grossier personnage, il avait « oublié » de féliciter Giorgia Meloni lors de son arrivée au pouvoir, accréditant ainsi les propos de la presse française qui, dans son ensemble, la qualifiait d’« extrême droite post-fasciste ». Officiellement, les relations entre les deux chefs d’État se sont depuis réchauffées et Giorgia Meloni pèse, aujourd’hui, davantage dans le concert européen que notre Président. Preuve en est, c’est elle, et non lui, qui s’est rendue à Washington à l’invitation de Donald Trump pour négocier les droits de douane au nom des 27.
« Reprendre du poids sur la scène internationale »
Les obsèques sont en principe l’occasion des retrouvailles et des rassemblements. Celles du pape François n’ont pas fait exception et le Président Macron a saisi l’occasion pour faire ce qu’il aime par-dessus tout : tenter de se placer sur le devant de la scène. La chose, récurrente, est devenue si voyante que la presse étrangère ne s’y trompe pas. C’est l’occasion de quelques titres vachards de l’autre côté de la frontière alpine : « Macron veut même choisir le pape », écrit La Verità, quand le quotidien Libero relève : « Il s’impose aussi au conclave ». Si Il Tempo titre de façon plus aimable « Conclave, Macron déjeune avec les cardinaux français : à la chasse aux voix pour Aveline », c’est pour écrire aussitôt : « La grandeur de Macron ne connaît pas de limites entre le sacré et le profane ».
Cinglant, Il Tempo poursuit : « Prêt à tout pour remonter dans les sondages qui le voient en chute libre en termes de popularité, le locataire de l'Élysée aurait même pensé à jouer un rôle lors du prochain conclave », raison pour laquelle il avait programmé un déjeuner à la villa Bonaparte – l’ambassade de France près le Saint-Siège – afin de « demander des informations sur la manière de construire un consensus autour de la figure de Jean-Marc Aveline ».
Pour la presse italienne conservatrice, ce n’est pas le souci de la France et des chrétiens qui agiterait Emmanuel Macron. C’est juste le fait, écrit Libero, que « s’il parvenait à élever son cardinal favori au trône pontifical, le chef d’État français retrouverait instantanément du poids international et apaiserait les tensions avec le Saint-Siège ». Or, le pape François a lui-même mis son onction sur le cardinal marseillais, qualifié d’« "évêque de la Méditerranée", très attentif aux droits des migrants et au dialogue avec l'islam », relève Il Tempo. C’est parce qu’il « devait être au courant de la montée en puissance de cette candidature [qu’Emmanuel Macron] a tenté de se faire une place en organisant le déjeuner » auquel il avait convié son candidat favori ainsi que le cardinal Barbarin (archevêque émérite de Lyon), Christophe Pierre (nonce apostolique aux États-Unis) et l’évêque d’Ajaccio François-Xavier Bustillo.
C’est moi qui l’ai fait !
Sans doute Emmanuel Macron souhaite-t-il s'épargner l'influence d'un pape conservateur et s’enorgueillirait-il d’avoir un pape français. Ce qui n’est pas arrivé depuis 647 ans. Tirant la tiare à lui, il tenterait sans doute de s’en attribuer l’ascension, lui qui voit dans Marseille la préfiguration de la France de demain. Très soutenu par les réformistes nommés en nombre par le pape François, « le cardinal français peut compter, souligne Il Tempo, sur un "grand électeur" exceptionnel en la personne du jésuite luxembourgeois Jean-Claude Hollerich ». En effet, « ce dernier, ultra-européen et anti-souverainiste, est l'un des membres les plus libéraux du Sacré Collège et voudrait mettre en œuvre un programme progressiste pour l'Église ».
Toutefois, prévient le quotidien, le cardinal Aveline ne parle pas l’italien, ce qui est un handicap ; mais le pire, pour lui, c’est « l'interventionnisme de Macron en tant que nouveau Roi-Soleil ». Et puisque référence est faite à l’Histoire de France, Libero renvoie à la cérémonie des Jeux olympiques de 2024 quand, « outrageant quelques milliards de fidèles et la tradition de l'autre côté des Alpes, [Emmanuel Macron] avait favorisé la mise en scène révoltante de la Cène en version drag-queen, assaisonnée de la célébration des décapitations royales pratiquées pendant la Révolution française ». Ce que l’on avait compris, du côté du Vatican, comme une volonté très nette de « s’éloigner de Rome et du catholicisme ». D'où les grandes manœuvres ?

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81 commentaires
Il ne pèse peut-être plus grand chose sur la scène internationale et son soutien fait plus de tort que de bien. Il a cependant des appuis puissants dans l’ombre, qui tirent les ficelles et qui ont permis son élection.
il a mis la france a genoux et se pavane ;misere