Les Identitaires en gardes-frontières 

Ce samedi, une centaine de militants du groupe Génération identitaire ont fermé symboliquement le col de l’Échelle, situé à la frontière franco-italienne dans les Hautes-Alpes, à quelques kilomètres de Briançon. Devant durer tout le week-end, "et peut-être la semaine entière", précise-t-on chez les dirigeants du mouvement, cette opération a pour but "d’empêcher les migrants illégaux d’entrer en France".

Et les Identitaires n’ont pas lésiné sur les moyens. Cent militants français mais aussi allemands, autrichiens, italiens et danois, deux hélicoptères, une bannière de plusieurs dizaines de mètres carrés, des barrières, deux barnums… Le tout coûterait approximativement trente mille euros, d’après la direction du mouvement.

L’ascension a commencé à 9 h, matériel porté à dos de militant sur une montée d’environ trois kilomètres. À 10 h 30, la « frontière » était en place.

Pour Romain Espino, porte-parole du mouvement, ce col est un point stratégique de passage de clandestins. Pointant également le manque de bonne volonté des pouvoirs publics, il précise également que cette action a pour but de sensibiliser sur la représentation de la frontière et de montrer que l’immigration est facilement contrôlable.

Pourtant, pas un migrant n’a tenté, ce samedi, de passer la frontière. Seuls deux randonneurs français ont passé le « checkpoint » et n’ont, d’ailleurs, pas caché leur plaisir devant l’initiative identitaire. "Il y en a 8.000 qui attendent de pouvoir passer", précise même l’un d’entre eux en pointant son bâton en direction de l’Italie.

On l’aura compris, cette opération a d’abord une portée symbolique, mais cela a suffi pour alimenter l’ire de la gauche. Ian Brossat, adjoint communiste d’Anne Hidalgo, s’est demandé sur Twitter si le "délit de saloperie était aussi sévèrement condamné que le délit de solidarité". La sénatrice écologiste Esther Benbassa a parlé de "milice partant à la chasse au migrant". Michel Deléant, journaliste chez Mediapart, parle, lui, de "saloperie à l’état pur". La députée communiste Elsa Faucillon a tout simplement "la nausée".

"On dérange, cela veut dire que nos idées portent", rétorque, en souriant, un militant toulousain. Un autre reprend : "Aujourd’hui, nous sommes taxés de salauds, dans dix ans, la droite adoptera notre discours."

À droite, hormis Karim Ouchikh (SIEL) qui « félicite Génération identitaire pour son opération coup de poing », les réactions sont plus discrètes.

Pour David, militant allemand venu aider « ses camarades français », la défense de l’Europe est l’affaire de tous. Mettant en avant une civilisation européenne commune, les nombreux militants étrangers semblent tous adhérer aux idées promulguées par Génération identitaire. Un véritable essaimage, puisque le mouvement compte également des soutiens en République tchèque, en Hongrie et dans d’autres pays pas nécessairement représentés ce week-end.

Coïncidence : à deux cents mètres de l’opération, un refuge de montage qui avait l’air de servir de repaire à des militants No Borders ou opposés à la ligne de TGV Lyon-Turin. Sur la route, quelques cabanes contenant eau, nourriture et indications ont également été repérées.

Pour l’heure, personne, hormis les identitaires et une poignée de randonneurs, n’a été aperçu sur le col. Ni migrants, ni gendarmes, ni militants de l’autre bord. La nuit s’annonce calme, quoique froide, pour ceux qui vont se relayer au moins jusqu’à dimanche soir sur le col de l’Échelle.

Reportage vidéo à suivre sur Boulevard Voltaire.

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