[Humeur] Macronie : de quoi l’infantilisation des Français est-elle le nom ?

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Sans vergogne - et sans frein -, le gouvernement entend diriger nos vies jusque dans les moindres détails, envies, règles de vie, comportements et modes de pensée. Le gouvernement des hommes est réduit, par l’abandon du politique, aux dimensions du micro-management des individus. Une horizontalité qui fait le lit de la médiocrité, celle des gouvernants comme celle des gouvernés.

Petit condensé d’un week-end instructif : samedi, séance de cinéma. Vient ce moment plutôt plaisant des publicités, censées donner l’envie de revenir dans les salles obscures. Après la bande annonce de Divertimento, long-métrage qui retrace le parcours d’une jeune fille immigrée de banlieue pour devenir chef d’orchestre malgré les embûches de ses camarades de classe de musique, forcément blancs et racistes, vient la campagne de communication du gouvernement « Je baisse, j’éteins, je décale » sur la « sobriété énergétique » : nouvelle vertu civique rendue obligatoire par le saccage volontaire de nos précieux atouts énergétiques et donc industriels par les gouvernements Hollande et Macron. Les Français sont sommés d’adopter un comportement vertueux, comme si ces économies de bouts de chandelle, ces efforts uniquement à la charge des Français, avaient une quelconque incidence sur les pénuries à venir. Qu’importe, c’est pour le gouvernement l’occasion de saisir à nouveau les administrés par le col pour les mettre dans la bonne direction, de formater leur existence jusque dans l’intimité de la buanderie. Le spot, qui a tout d’un exercice de classe de troisième option théâtre, insiste sur ces petits « éco-gestes » du quotidien – appréciez cette novlangue apparue dans nos médias.

C’est exaspérant et intrusif. On notera la petite pointe de sadisme qui rappelle, jusque dans les moments de loisirs – une séance de cinéma –, le stress des factures d’électricité pour des millions de Français. Surtout, restez vigilants, ne relâchez jamais la pression. Même mode opératoire que pendant la crise sanitaire. Ne jamais oublier que l’apocalypse est proche : ainsi, cette crise énergétique est habilement enrobée dans l’urgence d’agir pour sauver la planète en danger de mort. Cela permet d’éviter de pointer du doigt les vrais responsables du chaos énergétique français. Une apocalypse a donc remplacé l’autre, la planète à l’agonie s’est substituée au Covid dans la communication gouvernementale comme dans le tam-tam médiatique.

Enfin, pas tout à fait. Dimanche, on avale des centaines de kilomètres sur l’autoroute, vers l’est de la France. Une bonne dizaine de fois apparaît sur les panneaux lumineux l’injonction suivante : « Covid-grippe, je me vaccine. » On ne sait, à vrai dire, ce qui est le plus exaspérant : l’emploi du « je », légèrement infantilisant, censé induire que cette vaccination fortement conseillée vous fait appartenir à une collectivité bâtie sur des règles incontournables, qui vont de soi (au nom de quoi ?), ou bien la diffusion de spots gouvernementaux ressortant de la santé publique, jusque sur des panneaux d’autoroute ? Cet emploi du « je » est presque plus exaspérant dans sa charge de mépris subliminale que le tutoiement devenu aujourd’hui de rigueur en toutes circonstances.

On ne peut donc plus emprunter l’autoroute sans être agressé visuellement par ce qui ressemble, par ce côté martelant et omniprésent, à une idéologie sectaire. Et là encore, ne jamais relâcher la pression sur le cerveau des Français. Seul un ermite n’a, en effet, pas entendu parler de la triple épidémie Covid-bronchiolite-grippe : qu’en termes stressants ces choses-là sont dites !

À propos des injonctions obligatoires et autoroutières, on notera néanmoins une petite contradiction : il y a quelques mois, le « restez chez vous ! » et la distanciation sociale « pour sauver des vies » étaient de mise sur ces redoutables panneaux lumineux. Maintenant, on parle plutôt de covoiturage, c’est-à-dire exactement le contraire. Sur un site gouvernemental, le covoiturage présente même l’avantage « d’améliorer la convivialité dans les transports du quotidien ». Ladite convivialité revient donc en grâce… et se tasser à cinq dans une voiture permet également des économies, pour son portefeuille et pour la planète. Une incohérence supplémentaire dont on rirait si, dans le cas de la Macronie, l’absurdité n’était une arme, débilitant toute volonté de résistance.

Car il faudrait résister, de toutes ses forces, par principe vital contre cette multiplication d’intrusions dans notre for interne, contre cet embrigadement pernicieux. Mais voilà, les Français sont fatigués, on parle même dans les médias de la grande flemme post-Covid. Oui, les Français sont fatigués et anxieux. La hausse de fréquentation des cabinets de psychiatrie et de consommation de psychotropes en atteste. Angoisse du lendemain, de la fin du mois et de la fin de la France, de la maladie, de cette mort qu’une société démiurgique a voulu rendre invisible.

Comment mieux contrôler les Français qu’en entretenant savamment toutes ces peurs ?

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Moi, j’attends :
    – une voiture c’est utile,
    – si elle brûle ça pollue et ça gêne mon voisin,
    – je ne mets pas le feu aux voitures le 31 décembre ni jamais

  2. En plus de ces intrusions permanentes dans nos vies privées, s’ajoute la question des revenus que ces spots « de moraline » procurent aux divers médias. Sur certaines radios le matin les spots gouvernementaux émanants de divers ministères, frisent les 10% du total des annoncent. Se pose alors la question de savoir si ces annonces sont payantes au même titre que de la pub, si c’est les cas alors il faudrait y voir un moyen détourné de subvention des médias main main stream et deuxième question peut on rester objectif face à un client qui pèse 10% du chiffre d’affaires

  3. Après les gestes-barrière (la vilaine expression !), voilà les gestes éco-responsables… En réaction, permettez moi de préconiser le geste salvateur. Il est tout simple, il suffit de dresser le médius !

  4. Cela s’appelle « la stratégie du choc  » il ya eu le livre et j’ai vu le film.
    Réveillons nous !

  5. Même pas peur, je ne suis pas vaccinée ni de la grippe ni du covid et jamais eu ces 2 maladies , chez moi je fais ce que je veux quand je veux , mes appareils ménagers marche quand j’en ai besoin et à l’heure que je veux en ce qui concerne mon chauffage c’est 22° !

  6. Ils appliquent tout simplement la charte de Biderman : Les 8 critères de tortures psychologiques.
    1: Isolement
    2: Monopolisation de la perception
    3: Épuisement induit
    4: Menaces
    5: Indulgences occasionnelles
    6: Démonstration de toute puissance
    7: Dégradation
    8: Demandes stupides imposées

  7. Leur seule ambition c’est de prendre les Français pour des cons. Ils auraient tord de s’en priver puisque ça marche depuis 50 ans.

  8. Jamais un gouvernement comme celui de macron n ‘ aura autant indisposé (le mot est faible ) les Français ;
    En être réduit à entretenir de façon vraiment lamentable , la peur , les brimades , les consignes et autres débilités conduit à une France dépressive mais révoltée ;
    Il a fini , à juste titre , par se mettre une bonne partie des Français à dos qui sauront lui faire payer à la prochaine occasion . Tout au moins souhaitons le …

  9. Micro management, c’est exactement ce qui caractérise les gouvernements du casseur élyséen.
    Nous ne sommes pas une startup nation, mais bel et bien une secte-nation.

  10. Ce gouvernement veut nous infantiliser mais est incapable d’assumer n’importe laquelle de ces décisions. Madame Buzin, ne sera pas poursuivie alors qu’elle a menti sciemment aux Français, qu’elle a fait interdire la prescription de l’Hydroxycloroquine, etc …Dans le même temps, chacun y va pour dire que le Professeur Raoult avait tout faux, alors que l’actualité récente et les mesures menées à Madagascar lui donnent raison. On nous dit que judiciariser la fonction politique ruinerait les vocations et qu’il n’y aurait bientôt plus assez de postulants pour les Mairies. Mais de qui se moque t’on? De vous électeurs, de vous citoyens qui votez avec vos pieds. Réveillez vous, n’écoutez plus les médias dominants, élaborez seuls votre opinion. Réapprenez à vivre en collectivité, à échanger et si parfois le ton monte, apprenez à en rire. C’est à nous et à nous seul de retrouver notre libre arbitre.

  11. Tout cela dénote de la part de cette caste un irrespect envers les français en leur déniant la faculté de discerner par eux mêmes et pour eux mêmes ce qui est bon ou mauvais . Une atteinte aux libertés qui ne dit pas son nom . Bien qu’il y ait parmi la population certaines personnes qui aient une propension à se laisser infantiliser . C’est confortable de ne pas prendre de décision !

  12. Merci d’avoir fait le parallèle entre le cinéma et l’autoroute : je n’y aurais pas pensé.
    Pourtant le principe est le même : dans les deux cas, vous payez très cher et vous êtres abreuvés de messages publicitaires ou propagandistes.
    Ce monde est effrayant et il n’est pas facile d’y résister.
    Je ne vais plus au cinéma depuis que 500 « artistes » m’ont expliqué pour qui je devais voter mais il m’arrive encore de prendre l’autoroute et de subir cette propagande orwelienne insupportable.

  13. Il y a quand-même quelques antécédents à l’emploi du « je » : dans les années 1970, pour promouvoir les premières limitations de vitesse sur route et autoroute (bienvenues, il faut le dire) , on avait eu droit à des panneaux où figurait un slogan qui se voulait incitatif : « Je roule pépère ». Le ridicule contre-productif de l’expression avait rapidement fait disparaître ces panneaux.

  14. Pendant toutes ces années des mandats de Hollande et Macron, nous avons tous payé nos impôts. Et en retour, nous avons obtenu quoi ? Qu’on nous prenne pour des demeurés incapables de faire en sorte de ne pas se retrouver ruinés par nos factures d’énergie ? Alors que dans les réalité, le gouvernement n’en a rien à faire que nous soyons dans le rouge par leur faute ! Ce qui leur importe, c’est de ne pas se retrouver reconnus coupables par la vindicte publique si jamais le réseau électrique saute pour de bon. Ce qui leur fout la trouille, ce n’est pas que je ne puisse plus vivre décemment, c’est qu’on découvre leur bêtise et leur malfaisance ! Je vais donc suivre leur conseil :
    – BAISSER le montant des impôts que je paie à l’état.
    – ÉTEINDRE le paiement de mes factures d’électricité.
    – DÉCALER mes autres paiements !

  15. « Je me rends à la pharmacie, je sors mon bras, je me fais vacciner » – « je monte, je montre mon passe, je composte mon ticket » etc. L’utilisation de la première personne du singulier, familière et déplacée, est une forme d’exigence immédiate, cassante, ne souffrant aucun délai dans son exécution, d’ailleurs trop employée (ça ne devrait jamais l’être) à direction des enfants, d’où le signe de l’infantilisation. C’est violent, bien plus brutal et méchant que l’emploi en bon français de l’impératif « vaccinez-vous ». Nous sommes sous le signe des petits-chefs petits-bourgeois du temps présent.

    • Cela m’évoque la campagne de Chirac il y a quelques années contre les crottes de chien parisiennes « moi je fais où on me dit de faire » !!!

    • Surtout, « je » suis conscient de la personnalité pour qui « je » vote et surtout pour qui « je » ne vote pas !

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