Gilets jaunes, saison 8 : entre coups de menton et coups de boutoir
Benjamin Griveaux continue à jeter de l'huile sur le feu à travers ses tweets. L'un de ses derniers, en date de samedi, rappelle d'ailleurs quelle attention il porte à Éric Drouet : "Tout mon soutien aux équipes de @lestrepublicain ! En même temps, rien d’étonnant quand on sait que #EricDrouet considère @RTenfrancais comme le seul media libre en France..." Un tweet envoyé après que des gilets jaunes ont tenté, samedi, de bloquer le siège social du journal L'Est républicain près de Nancy. Éric Drouet était présent sur place ?
Ce même samedi, j'ai participé à la manifestation déclarée de l'hôtel de ville qui devait nous conduire, via les quais de la rive gauche, à l'Assemblée nationale. Dès le départ, alors que nous étions coincés dans une petite rue, un barrage de gendarmes nous balance une grenade qui éclate les oreilles, suivie de gaz lacrymogène. De quoi commencer à énerver la foule. Le temps d'avaler un croque-monsieur pendant que le cortège était finalement autorisé à traverser la Seine, me revoilà en queue de cortège. Tout semble être parfait. Une manif normale. « Macron démission » ou le chant de « Ciao bravo bravo », revisité par des paroles très politiques, retentissent. Rien à signaler. La foule est là, en gilet jaune ou pas. Jeunes et vieux. C'est une manif autorisée. Ce que niera, plus tard, un CRS barrant l'un des ponts donnant sur le Louvre et qu'il est impossible de franchir.
Les gilets jaunes, jusque-là fort pacifiques, vont se retrouver boulevard Saint-Germain, puis derrière l'Assemblée nationale gardée comme le trésor de la couronne, puis dans une nasse. Dès lors, on ne peut pas s'empêcher de penser au laxisme dès lors qu'il s'agit de vider les cités de leurs trafics ou le marché aux voleurs de Barbès. Je n'ai pas assisté, plus tard, au saccage du boulevard Saint-Germain qui s'est déroulé malgré d'impressionnantes forces de police, comme si les casseurs avaient toute liberté pour ce faire. En revanche, j'ai vu des touristes ahuris devant un tel déploiement de fourgons de police tout autour du Grand Palais jusqu'à la Concorde. Le tout dans un déchaînement de sirènes assourdissantes destiné, sans doute, à impressionner les passants.
Car c'est bien le problème auquel doit faire face Christophe Castaner et son patron. Celui de mater cette rébellion, qui, au bout de huit semaines, résiste, malgré toute la propagande diffusée depuis Noël. Nombre des ronds-points qui auraient dû être évacués, de force ou non, ne l'ont pas été. Et les manifestations à travers la France ont montré la puissante vague jaune. Loin, encore une fois très loin des chiffres officiels relayés avec complaisance par les chaînes d'info en continu. 25.000 samedi soir. 50.000, lit-on, ce dimanche matin... Alors qu'ils étaient probablement dix mille à travers Paris, plusieurs milliers à Toulouse, 4.500 à Bordeaux, selon la préfecture (pourquoi pas 4.521 ?), 4.000 à Rouen, 2.500 à Laon, plusieurs grosses centaines au Puy-en-Velay, où les paysans se sont joints aux gilets jaunes avec leurs tracteurs, etc.
En bref, ça sent quand même un peu la fin de règne. Cet acharnement à coups de grenades et de gaz lacrymo n'est dû qu'aux ordres venus de très haut. Pour décrédibiliser le mouvement, il faut exciter la foule. J'ai assisté à ce jeu malsain.
Et pour exciter la foule, les mots prononcés par Macron et Griveaux ont sans doute été décisifs pour marquer cette huitième saison du feuilleton gilets jaunes. Alors quand ce dernier proclame, après l'irruption d'un engin dans la cour de son ministère, que "ce n'est pas moi qui ait été attaqué, c'est la République", on peut lui rétorquer que ses coups de menton de ces derniers jours ne sont peut-être pas pour rien dans ce coup de boutoir inacceptable contre la porte d'un ministère.
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