Généralisation de la télémédecine : une solution au désert médical ?
Les syndicats médicaux et les caisses d'assurance-maladie sont parvenus à un accord sur la mise en place et le remboursement des actes de télémédecine, qui devrait entrer en vigueur le 15 septembre 2018.
Cette pratique médicale à distance, rendue possible par l'optimisation des techniques d'information et de communication, est encadrée par la loi, et la définition des actes de télémédecine ainsi que leurs conditions de mise en œuvre sont des actes médicaux fixés par décret depuis octobre 2010.
On définit ainsi cinq formes de télémédecine :
– La téléconsultation, qui est une consultation médicale à distance, faisant intervenir un médecin et un malade, afin de réaliser une évaluation globale de l'état de santé du patient (à défaut de diagnostic), afin de définir une conduite à tenir qui pourra être mise en œuvre, par exemple, par l'infirmière présente sur place.
– La télé-expertise, qui permet à un professionnel de santé de demander l'avis d'un autre professionnel sur un sujet donné.
– La télésurveillance, qui permet à un médecin d'évaluer à distance des données recueillies sur le lieu de vie du patient et d'intervenir si besoin.
– La téléassistance, qui doit permettre à un médecin non présent sur le lieu de l'intervention d'assister un confrère pour la réalisation d'un acte technique.
– La régulation, qui est la réponse médicale apportée à la demande d'un patient dans le cadre de l'activité des centres 15.
Si la téléassistance, la télé-expertise et, à un degré moindre, la télésurveillance sont faciles à mettre en œuvre et ne semblent pas présenter de risques majeurs pour le malade, la téléconsultation et la régulation médicale posent d'autres problèmes liés à l'absence de contact physique entre le patient et le médecin.
En dehors des cas extrêmes, plus ou moins caricaturaux (patient inconscient, hémorragie, etc.), la régulation médicale à distance est très difficile à réaliser et peut être la source de graves erreurs d'appréciation.
Comment évaluer à distance le facteur anxieux qui majore les symptômes ? Ou, inversement, comment repérer des symptômes graves que l’appelant parfois minore ?
Comment, à distance, évaluer la toux qui témoigne d'une bronchite de celle qui est le signe d'une décompensation cardiaque ?
La réponse à apporter dans ce type de situations est très difficile et, généralement, le régulateur opte pour l'éventualité la plus grave pour déclencher une intervention adaptée.
La téléconsultation, quant à elle, devrait s'accompagner de la présence d'un infirmier au chevet du malade permettant ainsi, si nécessaire, d'effectuer des actes techniques (électrocardiogramme, dosage de la glycémie, etc.) et de bénéficier de l’avis du soignant sur place, ce qui devrait limiter les risques d'erreur.
Cependant, il ne peut s'agir d'une réelle consultation médicale lorsque le patient nécessite un examen physique, et envisager de remplacer les médecins manquants dans les déserts médicaux par des centres de téléconsultation est une utopie dangereuse, même si cette solution peut présenter certains avantages.
Il ne faut pas oublier que, sans contact physique, le médecin ne pourra traiter qu'un dossier (ce qui peut parfois suffire !), mais certainement pas un malade.
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