Dans Le Journal du dimanche, le « philosophe » Gaspard Koenig, président d’un think tank (boîte à idées) Génération libre, entonne un hymne de plus pour la légalisation du cannabis. Il reprend à son compte tous les poncifs usés depuis deux décennies ; l’originalité ne serait-elle plus une caractéristique de la philosophie ?

Notre "philosophe" a l’honnêteté d’avouer d’emblée qu’il a abandonné l’usage du café, alors qu’il continue de consommer épisodiquement du cannabis. Voilà l’ineptie suprême qui fait préférer la "fumette" qui rend bête à la caféine qui rend plus intelligent. Peu importe la fréquence de sa consommation, qu’il ne précise pas, quand on sait qu’en raison de l’exceptionnelle persistance dans l’organisme du THC (principe psychotrope du cannabis), fumer un joint tous les trois jours installe une imprégnation permanente par cette drogue, avec des effets déplorables sur les facultés cognitives (et vraisemblablement les siennes).

Répondons ici, point par point, à ses assertions.

« Parce que 17 millions de Français auraient déjà goûté au cannabis, et qu’ainsi un quart de la population aurait contrevenu à la loi, s’exposant à ses foudres maximales (jamais appliquées) d’une année de prison », Gaspard Koenig explique qu'"il faut supprimer la loi".
Un quart de la population s’étant sans doute aussi livré à des indélicatesses, allant du petit larcin au braquage de banque, cela justifierait-il la suppression de la loi interdisant le vol ?

« La légalisation permettrait une consommation plus responsable. »
Voilà une assertion gratuite ; la suppression de la responsabilité légale ne réduirait pas celle du toxicomane vis-à-vis de sa santé.

« Elle éliminerait les trafics. »
Les deux cent cinquante mille dealers se reconvertiraient peut-être dans la vente du muguet, mais quid en dehors du 1er Mai ?

« Cela permettrait de faire de véritables campagnes de prévention. »
Laissons agir d’abord ceux qui devraient assurer cette prévention ; si leurs actions s’avéraient efficaces, on pourrait peut-être entendre alors les sollicitations de ceux qui militent pour la légalisation de la drogue. L’action de ces premiers ne saurait être conçue pour rattraper les errements engendrés par ces derniers.

« Cela permettrait de mieux soigner ceux qui peuvent l’être. »
On est soulagé de constater que Gaspard Koenig n’ignore pas tout des méfaits psychiques et physiques du cannabis, mais il vaut mieux les prévenir que les guérir, d’autant qu’on est actuellement incapable de le faire.

« Les produits en circulation seraient de meilleure qualité. »
Quels sont les critères de qualité quand on parle d’un poison ? Quelle que soit la pureté de la drogue, le deal se portera toujours sur les produits plus dosés en THC ; ils sont depuis toujours les plus recherchés.

« La légalisation au Colorado n’a pas entraîné une explosion du nombre des consommateurs. »
Néanmoins, leur accroissement très manifeste a été constaté, à tel point que sur une plus longue période, cette diffusion pourrait s’apparenter à une pandémie.

« Chacun doit avoir la liberté de vivre sa vie, à condition d’être majeur et informé. »
N’oubliez pas, Gaspard Koenig, que dans la société d’assistance (à crédit) qu’a choisie la société française, ceux que la drogue fait sombrer sont à la charge de tous. N’ayant pas les moyens d’assurer, avec nos seules ressources, la prise en charge des détresses inévitables de la vie, tout doit être fait pour ne pas en recruter de supplémentaires. Sachez, en outre, que la permissivité que s’arrogent les adultes ne tarde pas à gagner les mineurs. Le « Faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais » ne tient pas bien longtemps.

« Il faut réorienter l’agriculture française » ; « La France rate le coche ; alors qu’elle pourrait devenir leader, du fait du poids de son marché intérieur ».
Exit les cultures vivrières, aussi indispensables que peu rémunératrices ; avec le cannabis (qui intoxique), la valeur ajoutée sera considérable. D’autant que la libération du produit en décuplera la consommation et la demande. À votre place, Gaspard Koenig, je serais très honteux d’avoir écrit cela…

«Cela fera rentrer l’argent du marché noir dans le circuit classique. »
Ainsi, en toute impudence, la France (à la demande de l’Union européenne) pourra s’offrir quelques points de PIB supplémentaires en intégrant le chiffre d’affaires du commerce des drogues pour son calcul.

« Les petit dealers hors la loi deviendraient des entrepreneurs agréés. »
Ce n’est pas beau, cela ? C’est tout simplement honteux !

Je dénie à Gaspard Koenig, pour maintenir la haute image que j’ai encore des philosophes, le droit d’exciper de ce titre. « Il n’est de richesse que d’hommes » ; en bonne santé, visant à un esprit sain, dans un corps sain ; ni shootés, ni camés, ni paumés.

PS : reprenez du café, Gaspard Koenig, avec modération, et arrêtez immédiatement le cannabis qui vous fait proférer des énormités.

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09 mai 2018 à 16:05

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