La semaine dernière, la région Hauts-de-France a voté une subvention de 40.000 euros, pour 2022, en faveur de la fédération Stop Éoliennes Hauts-de-France. Fabien Bouglé, expert en politique énergétique et spécialiste des éoliennes, décrypte pour Boulevard Voltaire ce vote inédit.

Kevin Tanguy. Selon vous, le vote de cette subvention peut-il marquer un tournant dans la vision du politique sur l’éolien ?

Fabien Bouglé. Cette mesure est inédite. Cela fait douze ans que je lutte contre l’éolien et je n’ai jamais vu ça. Cela prouve que, sur le terrain, l’agacement est tellement fort que les collectivités territoriales commencent à financer les associations anti-éoliennes. Il y a une prise en compte de plus en plus forte du politique dans le débat sur l’éolien.

K. T. Pourquoi, selon vous, l’opposition au conseil d'Île-de-France, très favorable à l’éolien, reproche à l'exécutif le vote de cette subvention alors que le nombre d’éoliennes est déjà important ?

F. B. C’est l’hôpital qui se fout de la charité. J’ai en effet entendu, sur France Inter, un représentant de France Nature Environnement, qui est une fédération d’associations de défense de l’environnement - touchant régulièrement de l’argent de l’État - se plaindre de la subvention accordée à Stop Éoliennes Hauts-de-France. Toutes ces associations écologistes également pro-éoliennes bénéficient de l’argent public pour mener des actions. Je ne vois pas pourquoi des associations qui préservent le paysage et l’environnement ne percevraient pas de l’argent pour les aider à lutter contre les éoliennes.

K. T. La région Hauts-de-France représente 6 % du territoire national mais concentre 30 % des éoliennes. Quels effets peut avoir une importante concentration d’éolienne sur un même territoire ?

F. B. Entre 2.500 et 3.000 éoliennes sont installées dans les Hauts-de-France. Par exemple, l’Aisne est un département où il y a 500 éoliennes. Concrètement, quand vous roulez, il y a des éoliennes à tout bout de champ. C’est un environnement complètement postmoderne. Il y a également des gens qui ont des problèmes de santé, du mal à dormir, de la tachycardie et d’autres problèmes liés aux infrasons. Certaines exploitations agricoles recensent une surmortalité de vaches.

K. T. Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher sont arrivées au ministère de l’Écologie. Peut-on craindre une accélération de la politique antinucléaire et pro-éoliennes ?

F. B. D’après leurs déclarations, il semblerait qu’un infléchissement de l’éolien terrestre soit possible. Le pouvoir veut mettre l’accent sur l’éolien en mer et moins insister sur l’éolien terrestre. Amélie de Montchalin et Agnès Pannier-Runacher, elles, ont pris en compte la contestation populaire. Nous attendons de voir si cela va se concrétiser dans les territoires, car le nombre d’éoliennes terrestres en projet est considérable. Dans l’Aisne, il y a 500 éoliennes installées et 500 en projet. 1.000 éoliennes pour un département, c’est gigantesque.

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26 mai 2022 à 15:58

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