Etes-vous atteint de Covida ?

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La France aime les néologismes, cela fait plus moderne, il est de bon ton d’inventer de nouveaux mots. La dernière trouvaille symptomatique de notre époque festivusienne est donc la Covida. Un état d’esprit qui toucherait bon nombre de Français, paraît-il, optimistes face aux chiffres encourageants de l’épidémie et à la levée des restrictions sanitaires. Contraction entre Covid et movida (grand tourbillon culturel et créatif de la période post-franquiste), la Covida signe le retour à la bonne humeur, la possibilité de profiter enfin de la liberté retrouvée, de réinvestir les lieux culturels. Il paraît même qu’une future maman aurait souhaité donner à son enfant à naître le second prénom Covido ou Covida pour se rappeler cette période si particulière.

Les Français se portent si bien avec l’été qui s’installe et la fin du port du masque en extérieur qu’ils n'ont pas ressenti la nécessité ni le devoir d’aller voter. Tellement heureux de renouer avec ces plaisirs naguère compliqués qu’ils n'avaient plus besoin d'aller s'exprimer dans les urnes. S’il serait indélicat de blâmer un peuple mis sous cloche pendant des mois, qui aspire légitimement à savourer sans regarder sa montre, notons que ce regain d’optimisme bienvenu ne doit pas faire oublier le bien commun. La météo et l’humeur, aussi belles soient-elles, ne peuvent être un prétexte à délaisser la démocratie et faire preuve d’insouciance quand, par exemple, les chiffres de délinquance et d’immigration montrent une certaine corrélation.

Interrogé par 20 Minutes, le politilogue Mathieu Galard confirme ce constat chez les 18-24 ans, qui sont 87 % à ne pas s'être déplacés : « Les jeunes reviennent à la vie normale qu’ils avaient quittée depuis un an et demi et ils n’avaient pas forcément envie de suivre la campagne électorale. [...] Et puis il faisait beau, c’était la fête des pères, les jeunes n’avaient peut-être pas la tête à aller voter. » Leurs aînés non plus, manifestement, même si l'euphorie du déconfinement n'explique pas à elle seule cette abstention massive.

Alors, sans jouer les catastrophistes et annoncer, comme Martin Blachier, une quatrième vague d’épidémie à la rentrée, savourons évidemment ce plaisir de voir l’économie redémarrer et des Français, selon une enquête de l’INSEE relayée par Ouest-France, « plus confiants sur leur situation financière future et moins enclins à épargner. Et la part de ceux qui jugent que leur niveau de vie va s’améliorer au cours des 12 prochains mois revient au-dessus de la moyenne », mais déplorons que la France, si politisée pour un match de foot, oublie son devoir civique avec ce désaveu historique de 66 % d’abstention.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

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