La censure et la normalisation du langage que l'on nous inflige depuis plusieurs années s'insinuent dans les domaines les plus inattendus. À preuve le monde du Scrabble™, qui commence à s’interroger sur la suppression des insultes raciales, homophobes ou transphobes des dictionnaires officiels et des compétitions.

La très politiquement correcte Association nord-américaine des joueurs de Scrabble™ va ainsi bannir de sa liste deux cent vingt-cinq mots. Les pires d'entre eux, aussi indicibles, ineffables, imprononçables que le YHWH du judaïsme, ce sont tous ceux dérivés de negro, comme nigger ou nigga, pudiquement remplacés là-bas par N-word en cas de besoin pressant. Pas une grosse perte : même sur un « mot compte triple », ils valaient moins cher que whisky

Et pour une fois, la France n'a pas attendu pour se mettre au diapason des USA : selon Le Monde, négro ou chinetoque ont déjà été supprimés dans la huitième édition de L’Officiel du Scrabble™ (ODS) publiée par Larousse en juin 2020, alors que salope, ritale ou enculé y figurent encore, de même bien sûr que gaulois. Gouine serait valable en tant que mot aujourd'hui « familier », alors qu'il était classé comme « insultant » au XIXe. En revanche, gouiner ne serait pas admis… Allez comprendre !

Il faut dire que, face à la richesse de notre langue verte, les deux cent vingt-cinq mots de la puritaine Amérique du Nord font pâle figure et que nos censeurs ont encore du pain sur la planche.

Va-t-on garder pédéraste et bannir pédé, tout en gardant pédale ? Quant à la tante, elle semble difficile à expulser… Et puis les mots qui désignent une chose qui n'existe pas, comme race ? Ou les mots qui rappellent des crimes odieux, comme nazi ou esclave ? Et puis, dans une République laïque, le mot chrétien a-t-il encore sa place ?

On le voit, tout cela n'est pas simple.

Heureusement, la mission est certainement confiée à des gens très éclairés dont on s'étonne qu'ils n'aient pas encore pensé à obliger les joueurs à alterner les mots féminins et masculins, pour respecter la parité…

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11 juillet 2020 à 9:30

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