Emmanuel Macron sera-t-il aussi féroce avec l’Arabie saoudite qu’il l’est avec la Russie ?
Mettez vos casques lourds, sonnez l'alarme, entassez les sacs de sable devant l'Arc de Triomphe, les cosaques se préparent de nouveau à investir les Champs-Élysées !
Avouez que, même si l'on est loin de 1814, un goût de guerre froide a envahi Paris comme Londres, Washington et Berlin.
Depuis l'empoisonnement, en Grande-Bretagne, de l'ex-agent double russe Sergueï Skripal et de sa fille, les chancelleries occidentales suivent à l'unisson Theresa May dans sa dénonciation de Vladimir Poutine. Même notre Jupiter national a jeté sa foudre contre Moscou, indiquant qu'il annoncerait "dans les prochains jours, des mesures" contre l'ogre russe. Il précise même que "tout porte à croire" que la responsabilité de l'intoxication est "attribuable à la Russie". Or, l'expression "tout porte à croire" est utilisée si les éléments conduisent de façon plus ou moins certaine à une hypothèse ou à une conclusion. La méfiance devrait donc être de mise, d'après ses propres dires, mais "Choupinet" n'est pas à une contradiction près. Aussi a-t-il déjà attesté de sa fermeté en boycottant le pavillon russe du Salon du livre, alors que l'ex-pays des soviets en était l'invité d'honneur.
Monsieur le Président, si vous intervenez avec autant de pugnacité pour des agissements qui ne concernent pas notre pays, nul doute que vous serez inflexible pour l'acte criminel d'une étrangère à l'encontre d'un citoyen français.
En effet, la Justice française a délivré un mandat d'arrêt visant la sœur du prince héritier d'Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, dans le cadre d'une enquête sur une agression présumée commise par son garde du corps.
Ce mandat a été délivré fin décembre par une juge d'instruction parisienne d'après une information, confirmée depuis, par l'hebdomadaire Le Point.
Hassa bint Salmane est soupçonnée d'avoir donné l'ordre, en septembre 2016, à son garde du corps de frapper un artisan venu effectuer des travaux dans son appartement des beaux quartiers parisiens, avenue Foch. Selon l'artisan, il prenait une photo de la pièce où il devait intervenir afin de pouvoir ensuite remettre les meubles à leur place. Mécontente, Hassa l'aurait alors, selon les dires de l'ouvrier, accusé de vouloir vendre ces clichés à des médias et donné l'ordre à son garde du corps de le frapper. "Il faut le tuer, ce chien, il ne mérite pas de vivre", se serait emportée la princesse. L'artisan affirme avoir été "roué de coups et humilié".
Le garde du corps a été inculpé le 1er octobre 2016 pour "violences avec arme", "séquestration", "vol" et "menaces de mort".
Voilà une affaire, sur le sol français et concernant un citoyen français, gravissime. D'autant plus gravissime que le frère se targue d'être le nouveau champion d'un islam modéré, tolérant et ouvert et s'annonce comme un acteur incontournable de la scène diplomatique moyen-orientale dans les années à venir.
En conséquence, on attend avec intérêt la réprobation que Macron ne manquera pas d'adresser à Mohammed ben Salmane lors de sa visite programmée du mois d'avril. Je suis sûr qu'il fustigera comme il se doit le comportement de la frangine, exigeant qu'elle soit confrontée à la Justice française. Cependant, un doute m'envahit quand j'apprends, par France 24, que Le Drian, notre Breton des Affaires étrangères, n'a souhaité faire aucun commentaire sur ce fait et que le Quai d'Orsay est en silence radio. Pourtant, impossible de croire que frapper et menacer de mort un Français en France soit moins répréhensible qu'empoisonner un ex-agent double russe en Grande-Bretagne.
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