Éliminatoire de l’Eurovision : le chanteur prévisible et la bonne surprise

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Dans le cadre du défilé de personnes improbables du concours de l’Eurovision, la France semble tenir son champion. Lors de la présélection diffusée sur France 2, sur neuf postulants, Bilal Hassani, chanteur au genre indéterminé, est arrivé en tête. Après la femme à barbe et l’hystérique israélienne de l’année passée dont la chanson s’est avérée être largement inspirée de The White Stripes, « Seven Nation Army » (plagiat qui se régla à l’amiable entre les intéressés), le candidat français ferait bien belle figure sur l’estrade de cette fête à Neu-Neu de la musique de variétés.

Avant que les loups hurlent à l’homophobie, il faut tout de suite prévenir que le problème de ce choix n’est pas le look de l’artiste, mais le manque total d’intérêt du titre interprété. David Bowie, qui jouait sur une certaine ambiguïté sexuelle, s’est imposé d’abord par la qualité de sa musique. Or, force est de constater que la chanson du Bilal Hassani est insipide à souhait. Mais qu’à cela ne tienne. Avec un candidat issu à la fois de la diversité et de la mouvance LGBT, la France ne pouvait rêver adéquation plus complète avec l’idéologie à faire passer de gré ou de force. "Nous afons les moyens te fous vaire aimer das mondializme !"

À moins d’un concurrent suédois transsexuel unijambiste d’origine sénégalaise, les chances françaises de remporter enfin le concours ne sont pas négligeables. Pourvu que le personnage présente tous les critères requis ! À la rigueur, un mime eût fait l’affaire : un barbu en robe à fleurs qui exprime sa souffrance par gestes aurait emporté l’adhésion du jury.

Parmi les quatre sélectionnés, derrière le chanteur au look de coiffeuse pour dames, deux chansons impeccables. Chimène Badi, avec « Là-haut ». Très bonne mélodie. Chanteuse conforme aux vœux de diversité, mais bêtement hétéro. Manque de barbe, manque de poils sur les jambes… Seulement deuxième des présélectionnés. Et en troisième position, l’OVNI de ce concours, la chanson extra et inattendue dans cet océan de conformisme : Sylvàn Areg, « Le Petit Nicolas ». Dans un style un peu vieille école et sur un rythme entraînant à la « Brassens », la mélodie et le texte décoiffent le brushing de la coiffeuse.

Si celui-là est sélectionné pour représenter la France, Emmanuel Macron démissionne. À moins que, d’ici le prochain éliminatoire, le chanteur ne soit incarcéré pour excès de franchouillardise, tous les gilets jaunes se doivent de plébisciter ce candidat qui verrait le Président quitter le pouvoir, honteux d’avoir été représenté par un tel ramassis de bonne humeur et de fraîcheur. Tous nos espoirs sont désormais tournés vers Sylvàn Areg. Le grain de sable de la mécanique Eurovision… Dans sa tenue gilet-sans-manche-cravate, il chante : «Allez, viens avec moi, on tente le coup, on n'a rien à perdre, on est jeunes et fous »… Est-il possible de coller davantage à l’actualité ?

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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