[ÉDITO] Une idée de com’ par jour : Emmanuel Macron, le fugitif

MACRON

De Gaulle avait filé en Allemagne après la tourmente de 1968. Perdu, il avait été demander conseil au général Massu. Comme lui, Macron vient de passer quelques heures en Allemagne où il a été reçu en grande pompe par le chancelier Olaf Scholz. Mais Emmanuel Macron n’est pas de Gaulle. Face la crise intérieure, de Gaulle cherchait une issue politique. Fidèle à lui-même, Macron met en scène une opération de communication. Dans Le Parisien, le chef de l’État a tenté de convaincre le voisin allemand qu’il n’avait pas voulu dire ce qu’il a dit : finalement, Macron ne veut pas de troupes au sol en Ukraine, a-t-il dit à Scholz. Oubliés, donc, les mots pourtant clairs du Président et ses exhortations à « ne pas être lâches » ? Pas sûr ! Toujours au Parisien de ce dimanche, et toujours dans l’avion, demi-tour, droite ! « Peut-être qu’à un moment donné – je ne le souhaite pas, n’en prendrai pas l’initiative -, il faudra avoir des opérations sur le terrain, quelles qu’elles soient, pour contrer les forces russes. » Il « se prépare à tous les scénarios ». Ce salmigondis stratégique, façon chien fou, sur un sujet grave fait la une du Parisien et on est tenté de croire que c’était le seul but. Car Macron fait face à une menace... existentielle, au sens propre. Les Français sont en train de le sortir du jeu. Dans le baromètre mensuel IFOP-JDD donné ce dimanche, le président de la République se rapproche de son score le plus faible, avec seulement 28 % de satisfaits, contre 72 % de mécontents, soit le carré des fidèles du premier tour.

Rester sur scène

Politiquement paralysé faute de majorité à l’Assemblée, cousu d’échecs à l’intérieur où la dette et l’insécurité explosent comme à l’extérieur où la France s’isole, Macron joue la fuite en avant, une fuite dans la com' - ce qu’il fait de mieux. À ses trousses, le spectre d’une défaite électorale à peu près acquise aux européennes, le 9 juin. À ses trousses, surtout, la menace d’un Président Potemkine qui inaugure les chrysanthèmes ou d’un Président Grévin qui sort de l’Histoire pour aller au musée. Macron a vu Hollande acculé à la paralysie. Son orgueil refuse cette issue, il se cabre, il veut rester sur scène, continuer le spectacle. Surtout ne pas disparaître, ne pas assister, impuissant, à l’envolée du RN de Bardella et Le Pen pour qui il affichait, hier, encore tant de mépris, ne pas incarner le roi fainéant.

Alors, tout est bon : avec l’avortement, il triomphe sans risque dans des cérémonies empanachées grotesques. Avec l’euthanasie, il se remet au centre du jeu pour d’infinis débats. Avec l’Ukraine il s’invente une influence internationale et tente le coup de la guerre qui soude une nation autour du pouvoir. Avec les mesures judiciaires sur le viol (sa dernière idée), il endosse encore une fois le rôle d’arbitre. Tous les jours, une idée de communication, tous les jours, une intervention présidentielle dans un média de masse sur un sujet différent. Tous ces sujets pouvaient attendre. Peu importe l’intérêt national, la France, les Français, il occupe la scène, il fait semblant, il joue sa survie. À ceux qui dressent face à lui son bilan, le Président répond en accélérant la course. Encore trois mois ! Ce n’est plus un Président, c’est « Le Fugitif ».

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

74 commentaires

  1. L’incohérence en tous domaines, les contradictions successives sur à peu près tous les sujets, président à sa politique. Il ne lui reste plus en effet que la com pour tenter de faire croire qu’il agit.

  2. Comme Mitterand utilisa le FN, Macron utilise le RN comme chiffon rouge: Macron doit son arrivé au pouvoir à Marine Le Pen et au RN, plus bien sûr aux abstentionnistes.

  3. Personne n’est obligé de subir la logorrhée médiavisuelle de Macron. De ne pas le lire, de ne pas l’écouter / regarder constitue le pas essentiel pour qu’il s’éclipse de lui-même. Par ailleurs je rappelle que tout citoyen français a le droit d’écrire en franchise postale à : Monsieur Emmanuel MACRON / Présidence de la République / Palais de l’Élysée / 55 rue du Faubourg-Saint-Honoré 75008 Paris. Ne fut-ce que 7.000 lettres-pétitions par jour seraient plus utile que des manifestations.

  4. qu’il arrête ses réformettes, il va laisser la France dans une pagaille indescriptible avec une dette abyssale

  5. …enfin, après tout, il restera l’idiot utile qui servit le relais à Marine Le Pen. L’histoire jugera son impéritie et son absence complète de clairvoyance. Il aura plongé la France dans un abîme financier abyssal qui lestera pour des années tout espoir d’avancer au rythme des autres nations. Enfin, il aura dilapider l’avance de notre pays dans plusieurs domaines et aura céder nombres de nos bijoux à des fantassins de pacotille.

  6. « De Gaulle avait filé en Allemagne », mais avait aussi préparé une « riposte importante » à l’aide des militaires en particulier du 503ème Régiment de Chars de Mourmelon, placés en alerte maximum pendant une semaine, pour aller intervenir à Paris. Il n’avait pas requit le 501ème Régiment en pensant qu’il était trop près de Paris et pouvait ne pas participer à l’intervention. Massu ayant connu des manifestations meurtrières en Algérie, l’a dissuadé de faire intervenir les militaires.

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