"Le 5 octobre 1962, une coalition bariolée avait permis de mettre le gouvernement de Georges Pompidou en minorité. Remontés contre la volonté du président de Gaulle de recourir au référendum pour introduire dans la Constitution l'élection du Président au suffrage universel direct, les communistes, la droite non gaulliste et les "indépendants", parmi lesquels Jean-Marie Le Pen, avaient uni leurs voix. Et avaient soutenu la seule motion de censure adoptée sous la Ve République", titre Le Figaro du 31 juillet.

Étrange écho, en effet - par-delà les 56 ans écoulés -, des motions de censure discutées, mardi dernier, à l’Assemblée nationale à celle de 1962.

La motion avait pu être votée à l’époque. Ce n'est pas le cas aujourd’hui. Mais que les députés se consolent.

Les conséquences de celle de 1962 avaient été le refus par le Président de la démission du Premier ministre, Georges Pompidou, la dissolution de la Chambre, des élections législatives favorables à de Gaulle, et un référendum qui approuvait à 62 % l’élection du président de la République au suffrage universel !

Bien sûr, tout ça s’est payé politiquement en 1968, en 69 lors de l’échec du référendum… et dix ans plus tard par le succès, à la tête d’une gauche unie, de François Mitterrand, l’homme qui avait crié au "coup d’État permanent", élu 19 ans plus tard à la tête de la France pour quatorze ans.

La présidence actuelle pourrait bien être la queue de la comète de ce long règne de gauche entrecoupé d’épisodes de droite molle qui dure depuis trente-sept ans.

Le paradoxe est que c’est en réaction à des procédés « gaulliens » que cela pourrait se déclencher. La comparaison entre le SAC gaulliste et la création - qui devait être officialisée en septembre - d'une DSPR (Direction de la sécurité du président de la République) dirigée par Alexandre Benalla, qui aurait doublé le GSPR - Groupe de sécurité du président de la République - n’est, en effet, pas sans fondement.

Ce « staff » directement rattaché au Président s'inscrit logiquement dans la présidentialisation de la Constitution de 58, qui confère au Président des prérogatives exorbitantes du régime parlementaire : l’article 16 - « dictature » temporaire à la romaine - ; le référendum de l’article 11 pour "tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics" ; la dissolution de l’article 12. Sans compter celle de chef des armées, rappelée par Macron quand il a renvoyé le général de Villiers (article 15).

Les philosophes des Lumières autoproclamés du jour, comme Michel Onfray, ne cessent de crier, à ce propos, au retour de la monarchie.

Il n’en est nul besoin.

De Gaulle, instruit des méfaits d’un parlementarisme sans frein qui faisait tomber les gouvernements tous les six mois sous la Troisième République et avait abouti à un très grave déficit de leadership à la veille de la guerre, a voulu expressément que ni le gouvernement ni lui-même ne fussent liés aux variations majoritaires issues des législatives, et aux mouvement de colère d’une Assemblée qui devient « foule » si facilement à chaque émotion.

L’épisode actuel en est l’illustration. La « Chambre », dans ce duel au sommet, sera défaite, et elle le sait.

Puisse-t-il sortir au moins de cet affrontement, comme de celui de 1962, la victoire future d’une coalition qui, à l’instar de celle qui gouverne en Italie, prendrait vraiment et totalement à contre-pied la politique de ces derniers mitterrandiens qui nous gouvernent. C’est tout ce qu’on peut souhaiter.

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03 août 2018 à 11:34

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