Cuba : après le départ de Raúl Castro, la lutte de pouvoir ?

raoul castro

Dans un contexte économique difficile, avec la chute de 11 % du PIB en 2020 sur fond de maintien du blocus américain, de pandémie du Covid-19 qui a affecté lourdement le tourisme, mais aussi d’un modèle économique inadapté, Raúl Castro, 90 ans en juin, a décid, lors du 8e congrès du Parti communiste cubain, qui s’est tenu du 16 au 19 avril au palais des congrès de La Havane, de quitter le pouvoir et de le transmettre à « la nouvelle génération ». Ce départ, avec également celui de José Ramón Machado Ventura, numéro deux du parti et d’un autre « historique », l’homme de l’ombre et des basses besognes Ramiro Valdés Menéndez, signent la fin d’une période dans l’histoire de Cuba : celle de la détention du pouvoir par les frères Castro et leurs compagnons de route de la révolution de 1959.

C’est le peu charismatique actuel président de la République (depuis 2018) Miguel Díaz-Canel, 60 ans, qui va désormais occuper le siège du premier secrétaire du Parti communiste qui est, à Cuba, le véritable lieu du pouvoir. Díaz-Canel, ingénieur en électronique de formation, est un pur produit de la méritocratie du parti au sein duquel il a franchi, depuis 1991, tous les échelons depuis sa province natale de Holguín. Adoubé dès 2013 par Raúl Castro, il avait alors remplacé à la vice-présidence José Ramón Machado Ventura, pour son profil de « bon gestionnaire » (pas sur le plan économique, ce qui ne veut rien dire à Cuba) au sens d’arbitre entre divers groupes de pression installés au pouvoir. La question, maintenant, est de savoir comment il va manœuvrer, car il ne peut réellement compter que sur quelques affidés du parti pour « actualiser la conception du modèle économique et social » entre deux forces organisées qui souhaitent toutes deux, avec le départ de Castro, « forger » la transition :

- les membres de la GAESA (Grupo Administrativo Empresarial Sociedad Anónima), dirigée par le général de brigade Luis Alberto Rodríguez López-Callejas, ex-gendre de Raúl Castro, qui contrôle plus des deux tiers de l’économie cubaine ;

- les généraux des Forces armées cubaines, regroupées autour du général ministre Álvaro López Miera sans qui rien ne peut se faire...

Enfin, faut-il définitivement enterrer la dynastie des Castro ?

Certains évoquent toujours le rôle que pourrait jouer le colonel Alejandro Castro Espín (55 ans), unique fils de Raúl Castro, à la tête du Conseil national de défense et de sécurité (CODESENA).

Une des clefs de l’évolution de ce pays se trouve aussi à 1.800 kilomètres de La Havane : quelle position va finalement adopter vis-à-vis de Cuba l’administration Biden ?

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Jean-Marie Beuzelin
Écrivain et journaliste

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