
En 1979, le Parlement européen élisait à sa tête Simone Veil. Ironie du sort, 43 ans plus tard, c’est la Maltaise Roberta Metsola qui vient d’être désignée, le jour même de son anniversaire, pour présider le perchoir de Strasbourg. Elle succède à l’Italien David Sassoli, mort le 11 janvier. Panique chez les bien-pensants ! Cette élection est décrite dans Libération comme « un symbole désastreux qui vient une nouvelle fois souligner que les droits des femmes ne sont nullement garantis ». Selon FranceInfo, Roberta Metsola « ne cesse de désapprouver les résolutions de défense du droit à l'IVG et à la contraception » quand Le Monde rappelle qu’« elle s’est même abstenue, lors d’un vote sur une résolution demandant à la Commission de criminaliser les violences faites aux femmes ».
Pourquoi Roberta Metsola a-t-elle donc été élue avec des positions si rétrogrades ? Le vent serait-il en train de tourner en faveur des conservateurs ? Au risque de décevoir certains de nos lecteurs, la personnalité de cette femme ne peut se résumer à la case anti-IVG. Députée européenne depuis 2013 et vice-présidente du Parlement depuis 2020, cette mère de quatre enfants mariée à un Finlandais est avocat et diplômée de l’université de Malte et du Collège d'Europe à Bruges. Elle parle couramment l’italien et le finnois. Spécialiste du droit et des politiques européennes, elle a dirigé l'unité Justice et Affaires intérieures du Conseil de l'Europe après avoir occupé le poste d'attaché de coopération juridique et judiciaire. Membre PPE de la commission des libertés civiles et de la justice, elle participe aussi à la commission spéciale du Parlement consacrée à la lutte contre le terrorisme.
Si Roberta Metsola est bien opposée à l’avortement, Malte étant le dernier pays européen où cette pratique demeure illégale, ses positions conservatrices s’arrêtent ici, puisqu’elle défend par ailleurs les droits des personnes LGBTQI. En mars 2021, lorsque des collectivités polonaises décident de « zones sans idéologie LGBT », elle déclare son soutien à la communauté LGBT, redisant qu’il « s’agit de votre Europe aussi », qu’« ils peuvent être ce qu’ils veulent où ils veulent ». S’adressant aux LGBT, elle leur assure que l’Europe défendra cette liberté « pour vivre comme vous le souhaitez, pour que vous aimiez qui vous voulez » avec « la liberté d’être qui vous voulez être ». Enfin, Le Monde se veut rassurant : « Elle présente aussi l’avantage – en théorie – de faire partie de la frange la plus progressiste du PPE.[…] Sur les sujets d’accueil des migrants, l’élue ne fait pas non plus partie des plus radicales. »
Notre presse de gauche peut donc bien s'émouvoir des positions anti-IVG de Roberta Metsola, elle sera vite rassurée par l'aspect consensuel du personnage.
18 janvier 2022
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