Christiane Taubira reprendrait bien du service… mais refuse de bricoler

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Christiane Taubira est la reine des culottées. Elle reprendrait bien du service, à condition que le jeu en vaille la chandelle. Dans un entretien au JDD, elle règle ses comptes avec la gauche et critique Macron, oubliant qu'ils furent, pendant quatre ans, dans le même camp. La seule personnalité à trouver grâce à ses yeux, c'est elle-même. Mais n'ayant pas « les moyens de transformer [ses] convictions, [ses] analyses en programme », elle se « réfrène », elle « refuse de bricoler ».

Sa cible préférée ? La gauche, dont elle juge l'état « désespéré » et « désespérant » : « elle doit dégager très vite une perspective, au lieu de continuer à bavarder, rabâcher, radoter des choses informes et insensées ». Pas très gentil pour les rescapés du Parti socialiste, qui ont eu au moins la décence de ne pas se rallier à Macron. Interrogée sur les européennes, elle prétend avoir été sollicitée, pour conduire une liste, par Yannick Jadot (EELV), Benoît Hamon (Générations) et Olivier Faure (PS).

Elle a décliné ces offres, qui ne sont guère alléchantes. Servir de faire-valoir à une gauche moribonde, qui se paie le luxe de se diviser, « être là juste pour lui maintenir la tête hors de l’eau », très peu pour elle ! « Moi, je fends les vagues », déclare-t-elle, avec humilité. Si encore on lui avait demandé de réunifier la gauche ! « La justice sociale, les conditions de travail, le niveau de vie, la mobilité, l’exclusion, la paupérisation, l’urbanisme qui isole : tous ces sujets sont ceux de la gauche » (elle a dû refouler comment ils furent traités quand elle était aux affaires). Mais chacun joue pour soi. Alors, elle se retire du jeu.

Apparemment, Macron ne lui a pas fait d'avances : elle ne l'épargne guère, son ancien collègue. Elle l'accuse de « [raisonner] en termes de performance, de productivité, de résultats lucratifs » et de « [surplomber] les individus avec hauteur et condescendance ». Ce qui n'est pas faux. D'autant que 80 % des Français le disent. Mais est-ce lui faire un procès d'intention de penser qu'elle serait prête à réviser son jugement s'il lui confiait la mission de redorer, en le gauchisant, son blason bien terni ?

Sur les gilets jaunes, elle a un sentiment partagé : elle y voit « à la fois du sublime et des traces de choses abjectes », évoque la présence de « personnes sexistes, racistes, homophobes, xénophobes, antisémites ». Sans doute un mélange de chemises rouges et de chemises brunes. Elle n'oublie pas qu'elle a commencé sa carrière comme militante indépendantiste avant d'entamer un parcours plus classique, en naviguant, au gré des vents, entre le PRG et le PS. Un besoin de confort bourgeois avec une ardeur révolutionnaire.

Tout se passe comme si elle regrettait que son talent ne fût pas reconnu à sa juste valeur. Elle se souvient du temps, pas si lointain, où elle était l'icône de la gauche, la championne du mariage pour tous, le troubadour qui, dans l'Hémicycle, charmait les députés en citant des poètes. Elle ne veut pas imiter Hollande, qui n'aspire qu'à revenir : la politique, « ce n’est pas : je veux revenir, je reviens ». Elle a sa fierté, la Taubira !

Ah ! Si seulement on faisait appel à elle pour un grand combat ! Mais on ne lui propose que des combats perdus d'avance. Persuadée qu'un jour elle sera indispensable, elle continue de faire parler d'elle pour exister.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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