C’était la fête, à Champigny !

CHAMPIGNY TIR MORTIER

On le sait depuis Jack Lang, surnommé « le dindon suréminent de la farce festive » : faire la fête est devenu un élément essentiel et fondamental de la vie publique, porteur d’un vivre ensemble des plus harmonieux. Et l’État s’y emploie tous régimes confondus, avec un zèle qui force l’admiration. On n’a jamais vu autant de soirées destinées à mettre en joie les Français : rave-parties, rodéos urbains, lancers de cailloux récréatifs ou caillassages de voitures les soirs de finales de foot…

Ainsi, l’autre soir, à Champigny -qu’il ne faut pas confondre avec le Champignol du célèbre gendarme -, une grande fête impromptue a régalé les habitants des quartiers toute la soirée et jusque tard dans la nuit. Après un grand feu d’artifice à coups de tirs de mortiers et de kalachnikov qui illuminèrent les barres d’immeubles comme jadis les jardins de Versailles, une grande fresque sociétale fut présentée au public : spectacle gratuit, mise en scène par un caïd local, représentant l’attaque, non pas de la diligence, mais du commissariat. Et l’on voyait, à la lumière des brillants projectiles qui montaient et pétaradaient dans un ciel qu’ils étoilaient de leurs rafales filantes, tous les projectiles qui tombaient sur les murs et les toits de la cité, et le rideau de fer rapidement baissé par les malheureux policiers pris dans la nasse et se cachant comme des rats dans un trou de souris.

Spectacle grandiose et qui partira prochainement en tournée, n’en doutons pas, et fera le tour du réseau des scènes nationales et des centres dramatiques, également nationaux, sans oublier les scènes d’intérêt national comme celle de Clermont-l’Hérault ou celles à vocation nationale ou internationale.

Mais ce n’était pas tout, et le cirque continuait, le Polit’circus installait son chapiteau sur la place dévastée et, après ce spectacle d’inspiration western, c’était au tour des différents clowns de venir sur place interpréter brillamment leur numéro, avec Valérie Pécresse en femme-clown, clowneure ou clownoresse, et elle se désolait sous son masque de ce qui s’était passé, indiquant gravement que tout cela était inadmissible. Mais il y avait aussi, en Auguste, le ministre Darmanin qui venait affirmer que les petits caïds ne feraient pas la loi, loi qu’ils avaient faite, pourtant, toute la nuit et à sa place. Et tous les spectateurs riaient aux éclats…

Et puis, il y avait les témoignages des riverains et habitants de la ville qui venaient réaffirmer combien ils étaient excédés de toute cette agitation festive, que c’était trop, que l’État donnait trop de spectacles de ce genre. Et ils semblaient, hélas, ne pas avoir goûté celui de la nuit, et les clowneries de Pécresse et Darmanin non plus…

Dijon, Champigny et combien d’autres : la fête est permanente dans notre pays, et les Français ont beaucoup chance, en ces temps où nombre de théâtres sont fermés, d’avoir des gouvernements qui font tout ce qu’ils peuvent pour leur offrir de plus en plus régulièrement des spectacles de qualité, exigeants et populaires, bourrés d’effets spéciaux et, qui plus est, totalement gratuits et subventionnés. Et qui viennent jusqu’au bas de leurs immeubles, pour qu’ils n’aient même pas à se déplacer.

La suite de la programmation, qui s’annonce riche et variée, est disponible sur le site du ministère de la Culture ou sur celui de l’Intérieur.

Jean-Pierre Pélaez
Jean-Pierre Pélaez
Auteur dramatique

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