[Carte blanche] Est-il encore permis de penser en silence ?

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Comment ne pas évoquer George Orwell et sa dystopie 1984 où la déviance de la pensée est traquée, rééduquée puis sanctionnée avec la plus grande cruauté ? Une femme, Isabel Vaughan-Spruce, a été arrêtée à Birmingham, le 20 décembre dernier. Elle s’est tenue silencieusement, sans signe distinctif, à proximité d’un centre hospitalier où se pratiquent des avortements. Elle a admis avoir prié dans l’intimité de son esprit. Dénoncée, elle a été embarquée par la police, interrogée, fouillée, inculpée. Il faut dire que la municipalité de Birmingham a décidé de créer des « zones de censure » où il est interdit d’agir ou de tenter d’agir pour approuver ou désapprouver l’avortement, que ce soit en parole, par écrit, en priant ou via des conseils.

Sa remise en liberté conditionnelle a été assortie, entre autres, d’une interdiction de contacter un prêtre notoirement investi dans le mouvement pro-vie. Ce n’est pas le premier incident de ce genre en Angleterre. D’autres municipalités ont aussi déterminé des territoires où la liberté de penser et de prier n'est plus garantie et où des policiers chassent ceux qui prient plutôt que les malfrats. Pire : des parlementaires envisagent d’étendre à l’ensemble des territoires anglais et gallois ces créations de zones de censure. Jusqu’à 150 mètres autour des centres d’avortement, il serait interdit d’influencer, de conseiller, d’informer, de simplement stationner ou d’exprimer une opinion devenue interdite. Ils admettent, cependant, qu’ils pourraient être déboutés par la très controversée CEDH.

L’avortement n’est peut-être ici, à bien y réfléchir, que le sujet qui déclenche le plus d’hystérie. Les États occidentaux énoncent les doxas sanitaires, géopolitiques ou sociétales, et orchestrent à grands coups de pathos les « lynchages » des dissidents via les médias sociaux ou, plus sournoisement, criminalisent ces dissidents via des lois et règlements qui feraient rougir de honte le moindre démocrate.

Ne croyons pas qu’en France, nous soyons exempts de critiques. Pour mémoire, en 2013, il y a avait eu ce quidam en pull décontracté à capuche siglé la Manif pour tous arrêté et écopant d’un procès-verbal à cause de sa tenue à proximité du Sénat, ou alors cette anecdote où le policier préfère contrôler un porteur de ce même vêtement hautement subversif (mais d’un mouvement résolument pacifique) qu’un présumé séditieux arborant fièrement un bonnet rouge.

Dans un monde où une majorité soumise à la doxa voit éclore des vocations de délateurs, de kapos et d’autres collabos, les mots de François-René de Chateaubriand peuvent nous inciter à mesurer nos réactions : « Il y a des temps où l’on ne doit dépenser le mépris qu’avec économie, à cause du grand nombre de nécessiteux. »

Est-il encore permis de dénoncer le monde totalitaire qui se prépare avec ce qu’il sera permis de penser et ce qui sera litigieux ou interdit ? En fait, qu’importe que ce soit interdit ou non. Il vient un moment où seule la dissidence ouverte, franche, avouée et assumée est honorable. J’emmerde tous les laïcards qui voudraient m’interdire de penser, de témoigner ou de prier où je veux, quand je veux, si je veux.

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Le monde occidental est à l’agonie. Peut être exagérée cette position mais c’est la tendance. Nous sommes en présence d’une administration pléthorique, d’un tel poids et d’une telle complexité, qu’elle est devenue un modèle négatif en comparaison à ce qu’était l’administration soviétique. ( Pour ne plus la côtoyer depuis plusieurs années, je ne sais pas ce qu’elle est devenue). A cela nous devons ajouter le développement d’idéologies décadentes, la censure décrite dans le présent message n’étant d’une partie émergeante de l’iceberg. La cause de cette défaillance continue ne serait-elle pas à rechercher dans les système éducatifs, lesquels ont perdu énormément de leur pouvoir de conviction. Tous les esprits débordent d’idées décalées non contrariées, non canalisées par des fondamentaux, ce qui nourrit une vague subversive de non sens pour les plus éclairés.

  2. Jamais qui que ce soit, juge y compris, ne pourra m’empêcher de dire à haute et intelligible voix ce que je pense. Il en va de mon honneur et de ma probité de Français depuis au moins 1540.

  3. Cette manière de chasser des personnes à l’esprit contraire à la bien-pensance me fait penser au roman-documentaire de Jack London « le monde d’en bas » cela se passe dans le quartier Est de Londres en 1912, et j’ai la nette impression de vivre cette régression !

  4. Je parlerai ,penserai ,maudirai ,haïrai ,nul ne pourra m’en empêcher ..pas même le clown dictateur et tâteur qui se dit être le premier de la classe .

  5. L’homme est un animal qui pense. Lui ôter cette faculté revient à lui renier son humanité. Toute censure finit victime de sa politique et la parole alors se libère. Nous entrons dans la fin de cette horreur et ceux qui l’ont crée comprennent qu’ils ont perdu la partie.

  6. Vous parlez, M. Mahoudeaux, de dénoncer le monde totalitaire qui se prépare… mais il est déjà là, ce monde. La crise covid a été gérée de façon absolument totalitaire. La transition écologique l’est également, ainsi que le conflit russo-ukrainien et la crise énergétique actuelle, et ne parlons même pas de la parodie démocratique au Parlement. Je me joins à vous pour emmerder les laïcards, mais ce ne sera hélas pas suffisant pour lutter contre le totalitarisme actuel.

  7. Vous ne fermerez pas ces lèvres qui remuent ! (Phrase tirée d’un poème de O. Mandelstam, poète russe mort en martyr en 1938)

  8. Qu’il est beau le « paradis » macronien ! Pourquoi sommes-nous si peu dans la rue pour contester ce régime dictatorial ?

    • Sans aucun doute parce que ce poison de vaccin doit contenir un inhibiteur puissant. Avant Covid et poison, manif et Gilets jaunes, après plus rien et même réélection d’un individu peu recommandable. Drôle, non ?

    • « J’emmerde tous les laïcards qui voudraient m’interdire de penser, de témoigner ou de prier où je veux, quand je veux, si je veux » »…moi itou. Et plutôt deux fois qu’une

  9. Monsieur Mahoudeaux, votre dernière phrase est une grande vérité que j’ai tenté d’écrire plusieurs fois. J’ai été censuré, même dans BV; je me réjouis qu’en tant que Chroniqueur vous puissiez vous la permettre et j’y adhère sans retenue : J’emmerde les laïcards …. (Ah quel plaisir !)

  10. Charles Péguy, dans  » Notre Jeunesse  » :  » Il faut toujours dire ce que l’on voit; surtout-il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit.  »
    En deux lignes, la guerre n’est pas perdue, voici pourquoi et comment: je dis bien, en deux lignes:
    a) pour construire une civilisation, il faut un logiciel laïc, d’essence divine: c’est la Règle de Saint Benoit ;
    b) pour détruire une civilisation, il faut un logiciel laïc, d’essence satanique: c’est la Franc-Maçonnerie [je l’ai combattue 4 décennies].

  11. Je fais miennes l’écriture de ces quelques mots que vous avez en fin d’article : « J’emmerde tous les laïcards qui voudraient m’interdire de penser, de témoigner ou de prier où je veux, quand je veux, si je veux. » …
    Et j’y rajoute qu’il va être temps de « prendre conscience » que la FRANCE n’a pas à subir les dérives politiques de toutes sortes venant de toute la planète … Qu’elle n’est plus non plus « en capacité » d’absorber toute la misère du Monde ! …
    Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?
    Ami, entends-tu les cris sourds du pays qu’on enchaîne?
    Ohé, partisans, ouvriers et paysans, c’est l’alarme
    Ce soir l’ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes

  12. La dernière phrase de l’article me convient parfaitement, elle traduit ce que je ressens envers ceux qui veulent m’imposer ce que j’exècre.

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