Carnac : les explications officielles ne convainquent pas

menhirs Carnac

La disparition de 39 menhirs à Carnac, suite à l’établissement d’un magasin Mr Bricolage, est-elle une « fake news » ? C’est ce qu’a déclaré, le 10 juin, à France Info, le maire de Carnac, Olivier Lepick. Ne lui en déplaise, son propre cabinet avait confirmé cette disparition malencontreuse à Boulevard Voltaire, le 7 juin, avec force détails justificatifs de procédure paperassière. Que le maire ait été vilipendé sur les réseaux sociaux est regrettable, mais cela ne doit pas faire oublier la destruction de vestiges archéologiques dans une ville telle que Carnac qu’on attend irréprochable sur ces questions.

La dilution des responsabilités dans les méandres bureaucratiques est-elle une excuse recevable ? Le maire aura beau répéter « J'ai scrupuleusement respecté la législation », à perdre ses menhirs par quarantaine, son dossier de candidature pour l’inscription des mégalithes de Carnac et des rives du Morbihan au patrimoine de l’UNESCO va se réduire comme peau de chagrin. Surtout si le site concerné figure dans ce dossier, comme l’a affirmé, sur BFM TV, Julien Lacaze, président de l’association Sites & Monuments qui a révélé le scandale dans deux articles documentés.

Olivier Lepick peut en tout cas compter sur le soutien du préfet du Morbihan, Pascal Bolot, qui entonne à l’unisson le même air procédural à propos du permis de construire en cause. « Déposé en 2022, il est conforme au plan local d’urbanisme (PLU) de la commune et respecte les zonages. Le projet a en outre reçu les avis favorables de la commission départementale d'aménagement commercial (CDAC), de l’architecte des Bâtiments de France (ABF), de la mission régionale des activités environnementales (MRAe), et l’étude d’impact jointe au dossier, soumise à la participation du public par voie électronique (PPVE), n’a relevé aucune observation liée à la présence de vestiges. Enfin, le préfet souligne le fait que le dossier a été reçu au contrôle de légalité de la préfecture du Morbihan et qu’il n'a soulevé aucune observation. »

Non seulement le communiqué préfectoral confirme ce que nous écrivions (le mille-feuille administratif n’est peut-être pas pour rien dans cette « disparition »), mais encore il rajoute une épaisse couche de crème : il n’y a aucun problème, semble-t-il dire, puisque tous les formulaires sont remplis et tamponnés en trois exemplaires. Ce communiqué est un modèle du genre, qu’en école d’administration il faudra réciter par cœur. Il servira à tout rond-de-cuir qui aura par mégarde fait disparaître (au choix) le pont du Gard, les grottes de Lascaux ou… 39 petits menhirs.

Sur ce point, il faut citer un autre communiqué remarquable, celui de la Direction régionale des affaires culturelles de Bretagne (DRAC, 7 juin) : « Du fait du caractère encore incertain et dans tous les cas non majeur des vestiges tels que révélés par le diagnostic, l’atteinte à un site ayant une valeur archéologique n’est pas établie. » L’étude de l’INRAP de 2015 recommandait in fine des fouilles plus amples du site du chemin de Montauban. Celles-ci n’ayant pas eu lieu, le caractère du site restera en effet à jamais « incertain » et sa valeur archéologique « non établie » – mais comment, sinon par science infuse, la DRAC peut-elle en ce cas affirmer le caractère « non majeur » des 39 menhirs, et ce, « dans tous les cas » ? Est-ce parce qu’ils n’avaient pas la taille réglementaire qu’on attend d’un menhir carnacois que l’administration traite leur éradication avec une telle désinvolture ? Tous les sites archéologiques n’ont certes pas la même importance, mais on attend des institutions ayant en charge notre patrimoine, mémorial et immémorial, imposant ou modeste, qu’elles aient le même soin pour tous les vestiges, même les moins « rentables » sur un plan touristique. Ces services de l’État et des collectivités sont des rouages inutiles, voire néfastes, s’ils ne sont pas vivifiés et portés par la piété filiale.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

8 commentaires

  1. Je ne pourrai plus jamais entrer dans un Magasin M Bricolage….Si les français boycotte autant que faire se peut, ce sera leur punition….On pourrait sur place implanter une stèle avec mentionné : « Ici était implanté depuis des milliers d’années les menhirs de Carnac arrachés sous la Mandature de Macron II »

  2. 2: Dans les cimetières actuels les tombes anciennes non visitées depuis 3 ans sont susceptibles d’être « relouées »pour 30ans et 3 : enfin c’est quand même pour construire un nouveau temple de l’hyper-consommation même si on peut regretter qu’il ne soit pas construit en granit .Enfin une dernière pour la route, est-ce que tous les témoins de la piété
    filiale et de la Foi construits de la main de l’homme bénéficient de tant de bienveillance médiatique ?

  3. Ne pas oublier que les préfets sont nommés par le destructeur macron donc ils se moquent, comme lui, de la culture et patrimoine national.

  4. En ma qualité de « local » je ne suis pas sûr que ces cailloux aient une valeur archéologique. Il pourraient provenir de fouilles consécutives à des défrichages anciens et déposés à cet endroit par pur hasard.
    Le problème à notre époque est que les experts en tout mais bons à rien foisonnent.

  5. Tout est bon pour détruire notre culture française ! Mais faut-il s’en étonner lorsque celui qui dirige, qui est censé défendre la France, affirme de façon machiavélique qu’il n’existe pas de culture française. Peut-être est-ce pour essayer de justifier la prolifération de cette immigration galopante et de la barbarie qui s’installe dans notre belle France.

  6. Je pense qu’ils savaient mais qu’ils s’en foutaient en pensant que ça passerait crème ….

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