Dans un article paru le lundi 7 mai dans la revue Nature Medicine, des chercheurs français appartenant à la fondation FondaMental nous apprennent qu’ils ont réussi à identifier une protéine appelée ELK-1 qui intervient dans les processus biologiques entraînant des syndromes dépressifs.

Cette protéine peut être considérée comme un marqueur de gravité lorsque son taux sanguin est élevé, et inversement, ce qui permet d’en faire un biomarqueur facile à suivre dans le temps pour évaluer le pronostic de la dépression et l'efficacité du traitement.

Par ailleurs, ces chercheurs ont pu également comparer l'analyse post mortem des tissus cérébraux (au niveau de l'hippocampe gauche) de trente patients décédés à la suite d’un suicide pendant un épisode dépressif, à ceux de vingt-deux individus sains. Cette étude a confirmé le rôle joué par la protéine ELK-1, dont des taux élevés ont été retrouvés dans les tissus des sujets dépressifs.

Enfin, pour compléter ces études, les chercheurs ont réalisé, chez des souris, des tests pour prouver l'efficacité d’une molécule capable d’inhiber la fameuse protéine ELK-1.

Ainsi, si on bloque son action, on observe des effets antidépresseurs, alors que l’augmentation de la production de cette protéine dans l'hippocampe des souris entraîne des comportements dépressifs.

Ces découvertes permettent d'ouvrir une nouvelle voie thérapeutique dans le traitement des états dépressifs majeurs, car elles mettent en évidence un mode d'action différent de celui des remèdes utilisés jusque-là. Ces derniers agissent sur des neurotransmetteurs extérieurs à ces cellules nerveuses responsables de notre humeur, alors qu’ici, l’action thérapeutique se situe au cœur même de la cellule en modifiant son métabolisme.

Ces découvertes sont très intéressantes car elles permettront de suivre, à l'aide d'un marqueur biologique (critère objectif), l'évolution d'une maladie telle que la dépression et sa réponse au traitement.

Si les études à venir confirment l'intérêt de substances susceptibles de pouvoir réguler le taux de cette protéine à l'intérieur de la cellule nerveuse, sans avoir des effets secondaires délétères, on pourra espérer guérir cette maladie psychiatrique qui touche plus de deux millions de personnes chaque année en France, et dont un tiers des cas environ résiste au traitement habituel.

Au-delà de l'aspect purement technique, biologique et biochimique de cette découverte, elle nous rappelle, tout comme pour d'autres maladies ayant une traduction somatique, que les affections psychiatriques ont elles aussi un substrat biochimique, et que toutes nos émotions et nos mécanismes de pensée se traduisent, au cœur de nos cellules, par des processus biologiques complexes que nous commençons tout juste à découvrir, ce qui devrait parfois nous inciter à un peu plus de modestie dans nos comportements.

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11 mai 2018 à 9:11

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