[Au fil de l’eau] Les crânes d’œuf de Pâques

gabriel attal

Nous ne serons même pas épargnés par une trêve pascale. Les crânes d’œuf attaquent, et arrivent en même temps que les cloches ! Le Premier ministre et le ministre de l’Économie ont en effet choisi la Semaine sainte pour attaquer frontalement le système social français. On sait bien que notre modèle social est leur ennemi. Le gouvernement n’aime pas les partenaires sociaux ni les corps intermédiaires. Il n’aime pas que les organisations professionnelles (patronales et syndicales) gèrent les grands systèmes d’assurance : bref, ils n’aiment pas tout ce qui n’est pas eux, tout ce qui imprime dans la société française une régulation et un contre-pouvoir salutaires, tout ce qui leur résiste.

Cette semaine, le système d’assurance chômage est dans le collimateur. Une double attaque, comme une sorte de tenaille, vise d’une part à réduire très sensiblement la durée d’indemnisation des chômeurs, et d’autre part à confier à l’État la gestion de l’assurance chômage, tout cela pour faire en sorte que les chômeurs soient davantage incités à retrouver un travail.

Il est habituel que la Macronie oublie ce point essentiel : le régime de l’assurance chômage n’est pas une aide sociale, c’est une assurance. L’indemnisation n’est pas une fleur faite aux personnes qui perdent leur emploi. C’est la contrepartie de l’effort qu’ils ont consenti en abondant un fonds dont la seule mission est de les indemniser en cas d’accident de la circulation sociale. Les salariés payent, et cher, pour pouvoir en bénéficier. Dans la mesure où ils la payent, cette assurance leur appartient. C’est ce qui légitime le fait que les partenaires sociaux, les représentants des salariés et des patrons – qui payent aussi – en soient gestionnaires.

La volonté ainsi affichée par le gouvernement relève d’une confusion mentale d’une haute gravité. Il veut faire croire aux Français que l’indemnisation des chômeurs relève de l’assistanat, qui serait d’autant plus condamnable que nous sommes en période de vaches maigres ; et d’une volonté très française, si imparfaite que soit sa traduction, de partager la richesse nationale. L’assurance chômage est intouchable : en faire évoluer les modalités de gestion dans un sens étatique, c’est attaquer la liberté des corps intermédiaires, donc nos libertés, individuelles comme collectives.

Au fond, c’est toujours pareil. On oublie qu’inciter les gens à retourner au travail, c’est d’abord leur donner la perspective de pouvoir vivre de leur effort, autrement dit les payer correctement. Ainsi, plutôt que de se demander comment « serrer le kiki » de ces prétendus feignants de chômeurs, le gouvernement serait plus inspiré d’aider les entreprises à mieux payer leurs salariés : par exemple en baissant les impôts – non pas les cotisations sociales, qui sont du salaire, mais les impôts - en contrepartie de négociations collectives garantissant une augmentation des salaires à due proportion. Il faudrait pour cela un peu d’imagination et une volonté politique : le gouvernement n’a aucune des deux.

Plutôt que traquer les chômeurs, la France doit aussi engager clairement la lutte contre les différentes formes de fraude sociale, ce qui aurait un double effet : accroître la justice, et provoquer des économies très supérieures à quelque pillage de l’assurance chômage que ce soit. Il faudrait, pour cela, un peu de courage : mais le gouvernement n’en a pas non plus.

Cette même paresse saisit également le parti Reconquête, qui a affirmé son souhait de voir supprimer purement et simplement le régime des intermittents du spectacle, sur lesquels repose pourtant l’intégralité du spectacle vivant dans notre pays. Que ce système mérite d’être réformé, et que les profiteurs (individus ou entreprises) qui en abusent soient empêchés, poursuivis, et condamnés, c’est la moindre des choses. Demandons-nous, aussi, comment faire en sorte que les artistes soient rémunérés et défrayés justement. Il ne serait alors plus nécessaire de se demander comment mettre fin à un dispositif essentiel pour la diffusion de la culture dans notre pays.

Jean-Frédéric Poisson
Jean-Frédéric Poisson
Ancien député des Yvelines, président de VIA - La Voie du Peuple

Vos commentaires

37 commentaires

  1. Une recommandation : de verifier les nombre de centenaires plus, habitant a l’etranger pour controler qu’ils sont toujours en vie……???????

  2. Je reprendrais à mon compte certains posts virulents déjà émis et qui dénoncent les gabegies organisées en place.Notre gouvernement et la gauche socialiste semblent ne pas vouloir toucher à ces aides cadeaux qui favorisent leur électorat ..( AME,carte de sécurité sociale fantôme, faux retraités, escroqueries aux aides sociales, etc etc) mais aussi baisser drastiquement les salaires iniques et les avantages que s’attribuent nos députés sénateurs conseillers départementaux régionaux et les hauts fonctionnaires inutiles. Les français travaillent pour une caste pourrie qui ronge impunément le bénéfice de notre travail. C’en est assez il faut renverser ce système mafieux et remettre ceux qui produisent au centre du système du peuple pour le peuple par le peuple… Là seulement est notre salut.

  3. N’oubliez pas ce que je vous ai dit il y a quelques temps. Attal est le plus dangereux de la bande de pieds nickelés qui nous gouvernent. Il a les dents très longues et écrasera tout le monde pour arriver. Sans foi ni loi!…

  4. Merci Monsieur Jean-Frédéric POISSON de rappeler ces choses importantes, je fus un délégué du personnel et un délégué syndical, combien de fois il m’a fallu expliquer que le chômage est une « assurance » que le salarié paie et que ce n’est pas à l’État de s’occuper de cela . Le patronat et les salariés doivent entièrement le gérer sans le regard de l’État car cet argent ne lui appartient pas, il appartient au patronat et aux salariés. De même lorsque je entends que les retraites sont une charge sociale, je hurle, c’est un « salaire différé » donc il nous est dû et c’est tout. L’État montre une foi de plus qu’il ne sait pas gérer l’argent qu’il nous a pris avec force !!!

  5. Oui il fallait faire une mise au point sur l’assurance chômage qui n’est pas de l’assistanat mais une garantie. Ils ne toucheront pas à l’assistanat social parce qu’il bénéficie à leur clientèle . Non au contraire, ils veulent remettre plus vite les chômeurs au boulot pour remplir les caisses parce que c’est aussi les patrons et leurs employés qui assurent le financement de ces aides sociales qui profitent le plus aux bénéficiaires du RSA et autres allocs les plus diverses généreusement redistribués par l’état qui veut que les esclaves se remettent plus rapidement au boulot .

  6. Plutôt que de pénaliser des personnes qui pour la plupart ne demandent qu’à retravailler, quand s’attaquera-t-on enfin à l’assistanat de ceux qui arrivent sur notre sol et se voient attribuer logement, allocations, AMU sans jamais avoir cotisé ?
    J’ai dans mon entourage l’exemple d’une personne arrivée en France avec un enfant : attribution de toutes sortes d’allocations, loyer d’un appartement social payé par la collectivité, transports en commun gratuits etc
    La fraude aux cartes vitales se porte bien également.
    On ne pourra pas éternellement assister la misère du monde

  7. Pour faire des économies, il faudrait peut-être avoir moins de ministres et supprimer aux députés et sénateurs les augmentations qu’ils viennent de se donner et dont ils n’ont pas besoin pour pouvoir manger chaque jour.

  8. Ou avez-vous vu que les intermittents du spectacles participaient à la culture française. La plupart d’entre eux sont soit les électriciens, charpentiers, peintres ou soi-disant artistes qui ne trouveraient aucun emploi en dehors des spectacles ignobles auxquels ils participent.

  9. …. et si ENFIN la France avait le courage de gérer l’AME, les retraites payées aux morts, lla carte vitale à qui la demande, la fraude tous azimuts et les privilèges-cadeaux aux copains…. le cumul de ces « petits riens » permettraitent de relever notre pauvre Hôpital délaissé et saccagé !

  10. Cela dit, quand on entend une chômeuse dire « Moi je travaillerais volontiers, mais je perdrais de l’argent… », il y a quand même un problème !

  11. Pensez vous ! tout augmente: les franchises de médicaments, les prix des denrées alimentaires, les carburants, l’électricité, l’immigration, l’image négative de la France et même les indemnités des parlementaires et sénateurs…Bravo ô divin Macron !!!!!

  12. Je suis en plein accord avec Reconquête en ce qui concerne les intermittents du spectacle. D’abord parce qu’il est impossible de cadrer leur nombre et que n’importe qui a tourné 3s. dans une publicité va bénéficier pendant longtemps de ce régime. Ensuite parce que c’est dans cette population qu’on recense le plus de drogués et, donc, que l’argent qu’ils touchent se retrouve dans les mains des dealers (Palmade en est un exemple). Enfin parce que cette population est emboucannée par l’extrême-gauche et se sent obligé de faire de la bien-pensance à longueur de temps (alors qu’ils devraient critiquer le pouvoir et l’élite, comme le faisait à l’époque Coluche ou LeLuron)

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