Après l’élection de B. Retailleau, les militants LR plébiscitent l’union des droites

Cependant d'autres options sont envisageables: rapprochement avec la macronie ou droite indépendante.
A l'Assemblée, LR affiche son unité
A l'Assemblée, LR affiche son unité

Avec Bruno Retailleau désormais à sa tête, le parti Les Républicains doit se mettre en ordre de marche. Dans un paysage politique tripartite, partagé entre l’extrême-gauche, le centre macroniste et le Rassemblement national, le poids de la droite a fondu. Après les échecs électoraux successifs de ces dernières années, le défi est de taille pour celui qui est à la fois ministre de l’Intérieur et président de LR. Le nouveau président des Républicains doit définir une ligne qui fédère des militants partagés entre l’union des droites, un rapprochement avec la macronie et une navigation indépendante.

Dans un sondage paru ce mardi 20 mai, le candidat de la droite n’a pas à rougir de son score. En cas de candidature de Gabriel Attal, il arriverait deuxième et se qualifierait pour le second tour avec 17% des voix. En revanche en cas de candidature d’Edouard Philippe, l’actuel ministre de l’Intérieur n’obtiendrait que 12%. L’ancien premier ministre se prépare en effet très activement et marche à visage découvert vers une candidature en 2027.

« La dernière éolienne qui brasse du vent, c’est Bruno Retailleau »

Face à la figure montante de la droite, Julien Odoul, député RN de l’Yonne ironise : « la dernière éolienne qui brasse du vent, c’est Bruno Retailleau. » Auprès de BV, il relativise la montée en puissance du Ministre de l’Intérieur puisque dans le sondage évoqué, Marine Le Pen et Jordan Bardella sont crédités respectivement de 31% et 30% : « Les électeurs ne font pas confiance à cette droite de trahison qui a le verbe fort au moment des campagnes électorales. ». Aux Républicains, l’heure est à l’unité. A l’invitation de Laurent Wauquiez, Bruno Retailleau s’est rendu mardi matin à la réunion des députés LR à l’Assemblée nationale qui ont renouvelé à cette occasion leur confiance au candidat vaincu qui reste président du groupe parlementaire. Philippe Gosselin, député LR de la Manche, l’assure, les querelles de « chapelles » sont terminées, il n’y aura pas de « diarchie entre le parti et le groupe ».

Si le parti doit se mettre en ordre de marche, il faut définir une ligne. Dans un sondage pour Le Point, les électeurs LR sont très partagés face aux stratégies à adopter pour les prochaines échéances électorales. Ils sont 34% à s’exprimer en faveur d’une alliance LR-RN-Reconquête, alors que 34% s’opposent aux alliances et qu’à l’inverse 25% souhaitent une alliance avec Renaissance-Horizons-Modem.

Trois blocs relativement égaux, même si une majorité plaide pour une union des droites, ce à quoi Eric Ciotti n’a pas manqué de réagir sur X : « Plus que jamais, seule cette union peut permettre la victoire pour enfin gouverner à droite ! ». Or interrogé il y a un an sur sa préférence en cas de duel entre Marine Le Pen et Edouard Philippe, Bruno Retailleau répondait choisir l’actuel maire du Havre « à condition qu’il ait un vrai projet pour la France ». « Je ne crois pas du tout au projet démagogique de Madame Le Pen » avait-il ajouté. Edouard Philippe qui pourtant n’hésitait pas, aux dernières législatives, à soutenir dans son département le candidat communiste dans son duel avec la candidate du Rassemblement national… « Je préfère un élu avec qui je travaille dans l'intérêt du Havre, même avec des différences, et qui me paraît relever d'une exigence démocratique que je partage », déclarait-il.

« A nous d’avoir un programme séduisant qui rende confiance aux électeurs du RN »

Philippe Gosselin pour sa part émet de grosses réserves, ne se déclarant « pas favorables aux alliances d’appareils ». Il plaide en revanche pour une droite de « conviction ». « A nous d’avoir un programme séduisant qui rende confiance aux électeurs du RN » répond-il à BV. « Il convient de leur donner des raisons de revenir au bercail » car pour ce parlementaire d’expérience, « pour beaucoup ce sont nos anciens électeurs. » Ce que relativise Franck Gilletti, député RN du Var : « c’est aussi et surtout le monde ouvrier qui a cessé de voter à gauche et qui nous a rejoint ».

Il est à noter qu’il y a un an, dans un sondage Ifop pour le JDD, sorti pour les législatives, 54% des sympathisants LR soutenaient l’alliance électorale initiée par Eric Ciotti, alors président des LR, avant que la foudre ne s’abatte sur lui. Un score supérieur donc à celui d’aujourd’hui.

Démonstration que la stratégie de Bruno Retailleau plaît aux militants LR qui valident la participation de leur désormais président dans un gouvernement sous l’autorité d’Emmanuel Macron. Face à l’hypothèse d’un rapprochement des partis de droite, Julien Odoul est clair : « le rassemblement se fera autour de bases claires et d’un candidat patriote », certainement pas autour d’une droite « de tous les saccages ». « Je n’ai pas envie de la politique du Kärcher qui se transforme en Kouchner » affirme-t-il en faisant allusion à l’ancien ministre socialiste qui intégra le gouvernement Fillon lors de la présidence de Nicolas Sarkozy. En parlant de sa circonscription, le député de l'Yonne l'affirme: « le RN a remplacé la droite ». Aux prochaines élections municipales, Bruno Retailleau devra prouver le contraire.

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Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

78 commentaires

  1. Gloser sur des sondages à deux ans des présidentielles, c’est pathétique. Pour l’heure, il s’agit de savoir si l’union des droites peut se faire, au premier ou au second tour, pour renverser aux municipales quelques bastions reprenables, comme Lyon par exemple… Là, cela a du sens, du sens pratique même ! Même je comprends la panique qui s’insinue dans les rangs des chapeaux à plumes du R.N. : et si Ciotti trahissait à nouveau ? et si MLP était empêchée de se présenter ?

  2. Tiens donc,l’Union des Droites,mais….n’est pas ce que voulait Eric Zemmour,et voila,ça recommence version L.R,c’est d’une désolation ces politiques!

  3. Le boulet que traîne le LR sont Bertrand Pecresse, Larcher…..etc, Retailleau ne pourra pas faire avancer ses ambitions !

  4. « Nous allons bâtir un programme …. chercher des alliés. » — Q’ont-ils fait ces 20 dernières années . ?.
    Ils attendaient la dernière minute … jusque-là … ça ne leur a pas réussi

  5. B.Retailleau a un sacré boulot avec un E. Philippe qui veut un parti qui va de la droite à la gauche, les autres avec la droite et le centre ( ceux qui ont tué le Gaullisme) et la droite de rapprochement d’Eric Ciotti. Il a deux ans pour monter son affaire et un programme; je lui souhaite du bonheur.

  6. Pourquoi pas un seul parti ? Après tout ils ont tous en commun ce qui fait l’essence de la politique; des programmes ridicules et des promesses…

  7. A peine élu, première trahison : aucun barrage aux migrants, simplement dispatchés en province, comme sous le tapis.

  8. Bonjour,
    Union des droites, je viens de poser cette question à LR à la suite de l’élection de son président:  » jusqu’où ? j’attends la réponse.
    Cordialement

  9. La fragilité des LR se résume sur le résultat du sondage interne ! 1/3 avec Reconquete, 1/3 avec le RN, 1/3 avec
    les ex Macron ….Même si Retailleau a montré sa volonté d’aller à droite toute, les LR resteront un parti divisé
    sans ligne politique droitière affirmée . Un vrai parti politique type communiste ou Socialiste a des adhérents qui pensent tous la même chose et qui votent en conséquences ……Pendant que ces messieurs du LR s’interrogent , 500.000 islamistes rentreront en France cette année ! Il est déjà trop tard et on continue à tergiverser !

  10. Aucune union avec les politiciesn étiquetés LR qui ont servi Macron, ça commence comme ça….Rien n’est possible autrement. Macron est l’anti de Gaulle, aucun électeurs vraiment de droite ne peut voter pour les suppôts de Macron. Après pour l’union, il faudrait une figure charismatique inconstestable auquel aucun n’irait dispiter la place…..Là, c’est plus compliqué….Bardella céderait la place mais Marine, ce n’est pas gagné, aussi elle a gagné l’assurance de se présenter en 2027 si Retailleau apparaissait vraiment comme l’Homme de la situation…Mais là non plus, ce n’est pas gagné….Je vois bien le pouvoir macroniste faire pourrir entre jeu de cabals médiatiques contre certains vraiment « redoutés » et promotion de tocards faussement de droite….plus perturbation d’agendas (verdict ajourné pour Maine le Pen) tout pour empêcher la « droite » possiblement unie de prendre des décisions….

  11. Elire un ancien premier ministre? Mais qu’ a -t-il fait lorsqu’il était en charge du pays avec une majorité parlementaire plus que favorable? Et il avoue voter à gauche en 2° tour? Je crois que le port du Havre a plus besoin de ses compétences que notre pays. Je viens de la campagne ( rurale) alors qu’ est-ce qu’il proposera cette fois? Après le 80 km sur route, rouler en marche arrière ? De toute façon, 2027 se fera nécessairement avec une alliance de Droite patriote. De jeunes pousses prometteuses attendent leurs tours. ( Sarah, Marion, entr’autres) La gauche est tout aussi divisée sur les idées mais sait s’unir le temps des élections. Ayons le même courage à Droite. Sinon, sérieusement la France sera le futur « Atlantide » ….

  12. L’union des droites, mais sans les LR puisque qu’ils ne sont pas de droite mais des macronistes, tout juste au centre

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