[ANIMAUX] Polémique : l’éternel retour du loup dans nos campagnes
« Quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup », avait coutume de dire Martine Aubry. Le loup en sait quelque chose. Longtemps absent de nos campagnes, il y revient en force. Pas pour dévorer le Petit Chaperon rouge, mais pour se repaître de nos moutons, de nos chèvres, et pas seulement celle de monsieur Seguin, tel que l’écrivait jadis l’irremplaçable Alphonse Daudet. Du coup, le loup est aujourd’hui dans un entre-deux juridique des plus flous.
Du point de vue de la Commission européenne, arbitre de ces lois primant sur les législations nationales, le loup n’aurait plus tout à fait la cote. En effet, tel qu’ici rappelé en septembre 2023, il y eut « l’étonnant revirement d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne : "En septembre 2022, un loup s’est introduit dans un enclos de la propriété de sa famille, dans le nord de l’Allemagne, et a tué son vieux poney, Dolly" ». À quoi ça tient, la vie, que ce soit celle des poneys comme des loups ?
Signalements dans le Poitou et le Haut-Doubs
À peine plus sérieusement, il y a la chronique des faits divers, effectivement moins favorable aux loups qu’aux poneys. « Dans la Vienne comme dans les Deux-Sèvres, entre 2021 et 2024, la présence du prédateur en dispersion a provoqué l’activation des cellules départementales de veille du loup et, conformément au Plan national loup, l’instauration des niveaux de zonage des préfectures "permettant une gradation dans l’accompagnement des éleveurs pour la protection des troupeaux" », nous dit La Nouvelle République de ce 18 septembre. Le même jour, L’Est républicain nous apprend que « la carcasse d’une génisse de neuf mois, victime d’une attaque de loup, a été découverte lundi matin par un cueilleur de champignons dans le massif du mont de l’Herba ».
Si l’on résume, le « vivre ensemble » lupino-humain ne se porterait pas au mieux, entre sectateurs de la cause animale et ceux pour lesquels le même loup n’en finit plus de dévorer leurs troupeaux. Pour les uns, c’est une vue de l’esprit, et un fléau pour les autres, ceux qui n’ont que leurs ovins pour seul gagne-pain. Bref, comment résoudre l’insoluble équation ? Il y a an, Mélanie Brunet, présidente du Cercle 12, association membre du collectif Pâturage et Biodiversité, en revenait à ces quelques vérités premières : au-delà des légendes, il y a les chiffres. En France, les loups seraient plutôt 1.100 que 906, chiffre naguère officiel mais, depuis, revu à la hausse. Et leurs victimes ? 12.500 pour la seule année 2022, « principalement des brebis, des chèvres, des veaux, des poulains et même des animaux domestiques, tels les chiens ». Logique : la surprotection des loups accentue leur proximité avec les activités humaines, elle « participe à la perte de leur comportement "sauvage", favorisant ainsi leur rapprochement des troupeaux, explique un collectif d'éleveurs. Les mesures de protection ne représentant pas un risque létal, les loups apprennent à déjouer ces mesures, les rendant ainsi moins efficaces, voire inutiles pour certaines. »
Résultat ? Des battues administratives coûtant un « pognon de dingue », tel que noté par Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs et qui, un temps, a songé briguer l’investiture des Républicains, lors des primaires de 2022 : « Notre travail est gratuit. Plutôt que de payer des brigades spécialisées pour aller tirer les loups de nuit avec du matériel de guerre, quelques chasseurs, un dimanche matin, auront le même résultat pour un coût beaucoup moins élevé. »
Quand tout le monde hurle au loup
Depuis, la Coordination rurale, syndicat paysan créé en 1991, a suscité la polémique, en août dernier, n’hésitant pas à proposer une prime de 1.000 euros pour chaque loup abattu. De quoi faire hurler au loup des associations telles que 30 millions d’amis : « Plutôt que de promettre une prime à qui éliminera le loup, des solutions existent pour réduire le nombre de victimes par attaque. Chiens de protection, parc de regroupement, effarouchement… ces dispositifs ont déjà prouvé leur efficacité. »
Soit un assez bel exemple de dialogue de sourds digne du professeur Tournesol et du capitaine Haddock. Reste une position médiane, celle du bon sens : les loups ont le droit de vivre et les paysans celui de les empêcher de nuire et de leur mettre un coup de fusil, le cas échéant. Il paraît que cela se passait ainsi, dans la France du siècle dernier ; voire même dans celle de siècles plus anciens encore.
Thématiques :
loupsPour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées
30 commentaires
On nous dit que le loup n’a jamais attaqué l’homme. C’était peut-être vrai à une époque où le loup évitait l’homme parce qu’il savait qu’on allait lui tirer dessus. Maintenant qu’il n’en a plus peur, on constate qu’il s’approche des habitations. Un enfant est une proie facile.
Par ailleurs, à cause du loup, il y a maintenant des patous dans les montagnes et le patou, lui, a déjà attaqué.
Dire que le loup n’a plus assez de gibier pour se nourrir est une fadaise. On est obligé de mettre des clôtures électriques pour se protéger des sangliers et des chevreuils.
Je pense qu’il faut autoriser les berger et les paysans à tirer sur les loups qui s’approchent. Double effet : réduire la population de loup, restaurer la crainte que le loup éprouvait pour l’homme, rendre la chasse au mouton plus dangereuse que la chasse au chevreuil.
Joël Delannoy
Votre conclusion n’est qu’une vue de l’esprit, soumise aux modes actuelles. Si l’humanité a mis 10 000 ans à se débarrasser des loups, ce n’est pas sans raison, et cela prouve aussi la difficulté de la tâche. Et cette longue, interminable, évolution a été mise à bas en moins de 50 ans par une petite bande d’escrologistes. Notre civilisation est bien fragile, apparemment.
Oui, des solutions existent et une en particulier : que tous les protecteurs de la cause animale et protecteurs des loups en particulier, au lieu de passer leurs vacances à la plage en été ou au ski en hiver, aillent proposer leur aide aux éleveurs de troupeaux pour les aider bénévolement à protéger lesdits troupeaux des attaques de loups. J’avait proposé cette mesure, il y a des années, sur un site environnemental et je me suis fait insulter par un protecteur des loups qui n’avait pas envie d’aller prêter main-forte aux paysans, pourtant eux aussi protecteurs de la nature et défricheurs des chemins où les randonneurs vont se promener sans autre but que leur plaisir. On est citoyen vertueux, mais pas trop quand même !
L’association « 30 millions d’amis » propose, non pas d’éviter les attaques par les loups, mais d’éviter le nombre de victimes. Voilà de quoi satisfaire pleinement les éleveurs…
Mais pas nécessairement les loups qui se rabattront sur le cheptel restant !
Ce n’est pas la première fois que je viens réagir à un article mettant en cause le loup et ses prédations. Certes, tout en défendant l’animal, je compatis à la détresse des éleveurs. J’en veux pour preuve que je suis sympathisante de l’association Férus qui forme des bénévoles pour venir en aide aux bergers pendant l’estive. Les mesures de protection sont préconisées et en toute honnêteté encore trop d’éleveurs refusent de les appliquer. Tout étant qu’ils perçoivent des subventions lorsque leurs brebis ont été attaquées. Il n’y a pas de contrôles de l’Etat sur les mesures préventives… Tant que perdureront certaines préventions, tant qu’il y aura des braconniers et M. Schraen ou des Mme Von Der Leyen, la cohabitation loup/éleveurs/animaux et humains aura peu de chances d’aboutir. Il est peut-être urgent de demander aux chasseurs de ne plus exterminer des populations de sangliers ou autres proies sauvages, dont les loups sont les prédateurs naturels !
Manifestement vous vivez en ville. Car chez moi à la campagne, les dégâts des sangliers prouvent abondamment que les loups sont en overdose.
On s’est passé du loup depuis de nombreuses années, il n’a manqué à personne. Aujourd’hui il n’a plus sa place dans nos campagnes, tout simplement parce qu’il n’y a plus assez de faune sauvage pour qu’il se nourrisse……à moins qu’à 7H du matin à un arrêt de bus scolaire à la sortie du village, il ne trouve quelques sustentations. Ce moment arrivera, c’est inévitable, on n’oublie la mémoire collective qui nous relate la vérité sur nos rapports , de toujours, avec lui ! Question : pour les écolos bobos qui mangent du poisson carré pané, pourquoi avoir réintroduit le loup et pas le bison ? Imaginez une belle horde de bisons en Beauce au milieu des champs de blé, ça serait magnifique !
C’est une idée tenace dans l’opinion collective que de croire que le loup a été réintroduit ! Est-il si difficile de comprendre que le loup est venu d’Italie tout naturellement ? Le loup peut parcourir des milliers de kilomètres dans une seule journée ! Quand un jeune loup n’a plus sa place dans une meute, qu’il est chassé par le mâle Alpha, il se sauve car il en va de sa survie ! Et il court jusqu’à se trouver un nouveau territoire. C’est ainsi que des loups ont traversé les Alpes et sont arrivés dans le Mercantour !
C’est exact. Le loup est venu d’Italie et auparavant de plus loin à l’Est. Mais il n’est pas une espèce en voie de disparition et on peut très bien le chasser de notre territoire. S’il ne s’y sent pas en sécurité, comme il est intelligent, il retournera d’où il vient. Dans les forêts de Sibérie, il y a de grands espaces et le gibier qu’on ne trouve plus dans nos campagnes.