Afghanistan : un régime taliban sous perfusion financière américaine

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Au pays des mollahs afghans, la soumission des femmes poursuit son chemin. Dans les hauteurs afghanes qui ont vu se succéder les Empires britannique, soviétique et américain, avant qu’ils ne s’effondrent, tour à tour, dans l’éternel « tombeau des empires », la vie des femme est un martyre qui ne semble émouvoir aucune féministe du monde occidental… ni les États-Unis, qui aident financièrement le régime.

Alors que la foi est censée mener les hommes aux paradis, ici-bas, elle conduit les femmes en enfer. Souillées dans leur dignité, arrachées à leur féminité, lapidées pour adultère, elles avancent à visage couvert dans un régime islamique où la féminité se conçoit comme un péché mortel qu’il faut à tout prix cacher. Cette misogynie qui prend les proportions d'un « apartheid de genre » (ONU) n'éveille guère les grandes consciences féministes, si rapides à déplorer le patriarcat judéo-chrétien. Comme le dit justement Abnousse Shalmani, chroniqueuse LCI sur le plateau de 24hPujadas, « si le féminisme n’est pas universel, je ne sais pas à quoi il sert » car « si la femme afghane n’est pas ma sœur en humanité, alors je n’ai pas de sœur du tout ». « C’est bien beau, d’occuper les plateaux de télévision en hululant la sororité [lance-t-elle aux féministes occidentales], mais si la sororité n’est pas capable de voir en la femme afghane une femme à défendre », alors le féminisme ne vaut rien.

Des États-Unis généreux

Or, il s'avère que ce détestable régime des talibans ne tient que grâce à la générosité des États-Unis, pourtant si prompts à mener une politique moralisatrice. L’instauration ultra-rigoriste de la charia en Afghanistan aurait sans doute été quelque peu retardée si les États-Unis avaient fait montre de moins de générosité et de complaisance à l’égard du régime des talibans (qui demeure toujours autant économiquement dépendant de la culture de l’opium).

Depuis leur retrait, immédiatement précédé par le retour des talibans au pouvoir, il y a de cela près de trois ans, les États-Unis « ont affecté ou mis à disposition [de Kaboul pas moins de] 20,7 milliards de dollars d’aide ». Un fonds colossal, adressé au pays, aux réfugiés afghans et à l’aide au développement, et exposé plus en détail par le rapport de l’Inspecteur général spécial pour la reconstruction de l’Afghanistan (SIGAR) du 30 juin dernier (agence chargée par le Congrès américain de veiller sur l’emploi des fonds américains). Dans le cadre de cette aide américaine conséquente, les Nations unies font office de « transporteur de fonds ».

Plus encore : selon le département d’État américain, 80 millions de dollars, en moyenne, arrivent en espèces, à Kaboul, tous les 10 à 14 jours. Au cours des années 2022 et 2023, l’ONU a ainsi transféré près de 3,6 milliards de dollars, en cash, à l’Afghanistan. Une injection d’argent liquide de grande ampleur, qui, selon le SIGAR, aurait « apparemment stabilisé l’économie afghane ». Toujours selon le SIGAR, la réduction ou l’arrêt de ces livraisons de devises américaines (de facto intraçables) « auraient de graves conséquences économiques et humanitaires ». Pour le régime des mollahs, c'est pain béni. Déjà, en octobre 2023, le SIGAR alertait quant au détournement de l’aide financière envoyée en faveur de l’éducation, contournée par le régime alors que Kaboul interdisait, au printemps 2022, l’accès à l’école des filles âgées de 12 ans.

Hypocrisie ou contrôle ?

Une perfusion dangereuse, souligne le SIGAR, mais qui, selon les confidences d’un diplomate américain chargé de suivre le dossier afghan, est aussi et surtout « un ticket d’entrée pour garder un œil sur la sécurité de cette région », confie-t-il au Monde. Une relation donnant-donnant ? Elle n’empêche nullement le régime des mollahs de poursuivre sa politique de diversification économique, trouvant en la Chine de Xi Jinping, un partenaire éminemment stratégique et prometteur concernant l’exploitation de ses nombreuses et importantes ressources minières (or, argent, cuivre, zinc, plomb, lithium, uranium, etc.) et hydrocarbures (pétrole et gaz naturel).

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Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Tiens c’est bizarre, encore un pays qui refuse de laisser rentrer concitoyens réfugiés en occident mais qui accepte volontiers l’argent de l’occident.

  2. Et bien Biden et Kamala, en voilà des nouvelles, c’est autre chose que les histoires de people genre abba ou Swift, un registre moins amusant mais j’espère que DT va revenir sur le sujet si la comique est d’accord pour en parler lors de la joute avec Donald en septembre

  3.  » l’ONU a ainsi transféré près de 3,6 milliards de dollars, en cash, à l’Afghanistan »
    Merci de bannir ce sabir  » cash » alors qu’existe le mot espèces !
    Master s’ écrit mastère en bon français.
    Vous autres journalistes avez une grande responsabilité dans la dégradation actuelle du français.

    • Soyez indulgent; Il est vrai que beaucoup de journalistes ont un vocabulaire limité. Sachant qu’un manque de vocabulaire débouche souvent sur la violence. Nos banlieues en sont un exemple. Demain, ils communiqueront peut-être avec des onomatopées. Et introduire un mot anglais francisé, même quand le comprend pas et surtout si les autres ne le comprennent pas, ça en jette !

  4. L’hypocrisie est la peur des lâches et les lâches sont toujours punis par ceux qui les ont asservis.

  5. Le duo Biden Kamala aux manettes d’une puissance humaniste ? Même Trump n’aurait pas oser soutenir cette gouvernance barbare !

  6. Il n’y a pas que l’Afghanistan qui profite des largesses de l’Occident. Nous finançons également la Chine au titre de l’aide au développement. Sans parler des pays du Maghreb et d’Afrique qui nous envoient généreusement en retour leurs cinglés islamisés et leurs mineurs prétendument isolés.

    • La France devrait arrêter de cautionner le Franc CFA qui n’a plus d’utilité sinon permettre a des pays africains qui nous ont mis dehors ,de vivre a nos crochets car ce sont les français françaises qui paye le déficit de ces pays.

    • Sans oublier l’Uk raine à qui on verse des millions et à qui on donne des armes pour tuer des civils.

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