ADP, FDJ, barrages hydroélectriques : comment l’État français brade les bijoux de famille
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Aéroports de Paris, Française des jeux, barrages hydroélectriques… L’État français cède peu à peu ses principaux secteurs stratégiques aux intérêts du privé. Alors que l’opposition s’aligne pour réclamer un référendum sur la privatisation d'Aéroports de Paris et que l’exécutif peine à justifier celle de la Française des jeux, la privatisation des barrages hydroélectrique est (presque) passée comme une lettre à la poste. Et pourtant…
Le 13 décembre dernier, la Commission européenne a lancé une procédure d’infraction contre la France « pour faire en sorte que les marchés publics dans le secteur de l’énergie hydroélectrique soient attribués et renouvelés dans le respect du droit de l’UE ». La Commission demande donc à la France d’ouvrir ses concessions hydrauliques au marché au nom du principe de concurrence libre et non faussée qu’elle est chargée de faire respecter. D’ici 2023, ce seraient donc plus de 150 concessions qui seraient ouvertes à la concurrence et Bruxelles souhaite que ces concessions ne soient plus délivrées seulement à EDF. Le gouvernement a annoncé, il y a quelques jours, vouloir se conformer aux volontés de la Commission et renoncer à son monopole sur ce secteur pourtant stratégique. La procédure d’infraction, si la France n’avait pas obtempéré, aurait conduit à une saisie de la Cour de justice européenne et à de possibles sanctions financières.
Emmanuel Macron livre donc au bon vouloir d’intérêts privés la gestion d’un secteur hautement stratégique puisque énergétique. Seulement la pression de Bruxelles n’est pas la seule explication à cette décision du gouvernement. Il existe aussi, depuis la loi Sapin du 9 août 2004, des dispositions allant dans ce sens, comme l’explique la députée PS Marie-Noëlle Battistel dans un compte rendu de mai 2018 de la commission des affaires économiques : « Le processus de mise en concurrence à l’occasion du renouvellement des concessions hydroélectriques en France a été rendu obligatoire par la perte du statut d’établissement public d’EDF en 2004. »
L’opposition est, quant à elle, majoritairement opposée à cette décision qu’elle juge dangereuse pour l’indépendance énergétique du pays. Le réseau de barrages hydroélectriques a pourtant été développé après la Seconde Guerre mondiale pour garantir l’indépendance énergétique de la France. Ce réseau est aussi la première source d’énergie renouvelable du pays. Il est bien évident qu’il s’agit là d’un secteur hautement stratégique.
C’est donc l’indépendance énergétique de la France qui est en jeu. La gestion de ce réseau permettait de pouvoir lisser la production d’électricité en fonction de la demande et donc de stabiliser les coûts. Son ouverture au secteur privé entraînerait à coup sûr des pratiques plus commerciales de pression à la hausse des prix au détriment du consommateur.
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