À quoi ressemblera le prochain album d’Astérix ?

astérix

On nous l'annonce pour le 21 octobre 2021. À huit jours près, ce sera le 62e anniversaire de sa création. Depuis octobre 1959, en effet, le petit guerrier gaulois a traversé toutes les époques : au trait moins assuré des années 60 a succédé une ligne presque claire. Les couleurs sont devenues plus vives. Les gags plus poussifs, aussi, parfois (qui ne se souvient des pathétiques dernières bandes dessinées d'Uderzo en solo ?). Mais, dans le fond, l'esprit n'a presque pas changé : esprit bon enfant, aventures, jeux de mots, clins d'œil à l'actualité ou aux références culturelles du lecteur. C'est peut-être, d'ailleurs, de ce dernier côté qu'Astérix a le plus changé : depuis que le latin et le grec ne sont plus enseignés, les blagues potaches un peu savantes ont souvent fait place aux citations de la culture pop. Et après tout, pourquoi pas ? Ça ne nous rendra pas notre classement PISA, mais il y a plus urgent à traiter.

En tous les cas, l'interview qu'accorde au Monde, ces jours-ci, le scénariste Jean-Yves Ferri est intéressante. Ce dernier rappelle d'abord que, depuis plusieurs albums, chaque album qui se passe au village gaulois est suivi d'un album dans lequel nos héros voyagent. Bon. Il dit surtout qu'il « faut presque un dictionnaire sur son bureau pour savoir de quoi on a le droit de plaisanter ou non », contrairement aux premiers albums, plutôt stigmatisants selon les canons woke d'aujourd'hui. Difficile de faire rire dans notre société triste et haineuse.

Le plus important, à mon avis, c'est que le prochain album ne parlera pas du Covid-19. Priorité aux sujets légers contre la morosité. Astérix est un pan de notre culture récente. Il y aurait peut-être quelque chose à dire de cette réécriture fantasmée de l'Histoire, surtout un an après le retour de De Gaulle, qui s'y connaissait en roman national. Mais ne boudons pas notre plaisir et attendons, comme autant d'enfants que nous sommes.

On se souvient peut-être que le documentaire Le Chagrin et la Pitié, de Max Ophüls, qui traitait avec beaucoup de sincérité de la période de l'Occupation, fut interdit par de Gaulle à sa sortie. Ophüls demanda des explications. Le Général répondit : « La France n'a pas besoin de vérité, elle a besoin d'espoir. » Eh bien, voilà. En 2021, la France ne sait plus ce que c'est que la vérité. La vérité change tous les jours, comme la une du journal qui portait le même nom en russe : Pravda. La vérité du jour. Elle sait ce que c'est que l'espoir. C'est tout ce qui lui reste.

Si Astérix peut y contribuer, ce serait une véritable potion magique.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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