[Point de vue] Ciotti, Retailleau ou Pradié : rien ne changera chez les Républicains si leurs ambiguïtés persistent

BRUNO RETAILLEAU

Pour présider les Républicains, on peut préférer Éric Ciotti, toujours fort en gueule, mais hésitant lorsqu'il est au pied du mur, ou trouver Bruno Retailleau plus mesuré et plus crédible, ou encore opter pour la jeunesse, si Aurélien Pradié se porte candidat pour « éviter la guerre des chefs ». Mais rien ne changera tant que les Républicains ne s'affirmeront pas comme un parti résolument de droite. Et ça, ce n'est pas gagné !

Bruno Retailleau estime avec raison qu'il faut « tout changer, pas seulement les visages, pas seulement le nom du parti, tout bousculer ». C'est justement le programme d'Aurélien Pradié, s'il se décide à entrer dans la compétition : « Il faut absolument tout changer : le nom, le lieu [siège de LR], le message politique que nous adressons aux Français », a déclaré sur Europe 1 l'élu de 36 ans. Quant à Éric Ciotti, il proposait récemment, dans un entretien au Figaro, « un schéma de rupture, d’audace et de courage ».

Le problème, c'est qu'ils ne sont pas tous d'accord sur le contenu de cette rupture. Aurélien Pradié assure qu'il a des rapports apaisés avec les deux candidats déjà en lice et qu'il leur proposera de « rebâtir ensemble » le parti. Mais il ne peut s'empêcher de lancer des piques contre ses concurrents, considérant que la reconstruction des Républicains, « c'est une tâche à temps plein » et que Bruno Retailleau, avec sa présidence des sénateurs LR, et Éric Ciotti, avec sa questure à l'Assemblée nationale, ont déjà un emploi du temps bien chargé.

Le parti LR souffre de son éclectisme. Dès 2017, certains ont rejoint le camp macronien pour y faire carrière, quitte à s'en écarter un jour s'ils y trouvent leur intérêt. D'autres le rejoindraient bien aujourd'hui, mais il n'est pas sûr que le vent lui soit favorable et mieux vaut s'abstenir. Il faut miser sur l'avenir, mais l'avenir est encore trop incertain. Tous sont d'accord, en revanche, avec Bruno Retailleau pour qui « le Rassemblement national est le parti de la démagogie ». On veut bien de ses électeurs, mais pas question d'envisager la moindre alliance avec le parti.

Les personnalités LR sont tout aussi changeantes. Valérie Pécresse, qui, lors de sa campagne, a voulu marier la carpe et le lapin, en a fait les frais. Éric Ciotti, qui a tiré profit de la primaire en gagnant la seconde place, annonce, dans le JDD, vouloir « [s'opposer à] toute forme de primaires pour l’avenir », ajoutant que « les LR doivent retrouver une voix et un visage ». On sait qu'il roule pour Laurent Wauquiez. Mais le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes, s'il sait gérer « remarquablement l'argent public » et « porte une vision courageuse de la France et de son avenir », selon les propos d'Éric Ciotti sur BFM TV, saura-t-il réunir son parti autour d'une ligne authentiquement de droite ?

Pour redevenir crédibles, aux yeux mêmes de beaucoup de leurs électeurs, les Républicains doivent rompre avec leur ostracisme à l'égard des Français qui se sont retrouvés dans les programmes de Marine Le Pen et d'Éric Zemmour. Ils ont encore beaucoup à faire pour y arriver. Voyez comment Nicolas Sarkozy, qui avait suscité bien des espoirs en 2007, en est venu à soutenir Macron plutôt que la candidate LR et à appeler sa famille politique à participer au rassemblement voulu par le chef de l'État. La droite n'est jamais mieux trahie que par les siens : ceux qui veulent la sauver doivent en prendre conscience !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Les républicain, combien sont prêts à pactiser avec le roi de pacotille pour avoir une belle place dans la société avec les avantages matériels et financiers pour assurer leur retraite mais simultanément ( ras le bol du « en même temps  » ) se plaindre auprès de leurs électeurs parce que ç’est ou plutôt ça peur être difficile , et oui , il faut du courage , c’est vrai ,sans doute en pénurie encore à cause de l’Ukraine !

  2. « Tous sont d’accord, en revanche, avec Bruno Retailleau pour qui « le Rassemblement national est le parti de la démagogie ». Et vous voulez qu’un patriote, souverainiste, France d’abord non asservie à cette Europe -ci, à la commission européenne, à la CEDH et autres machins vote pour ces ersatz de français ? Qui ont mené la France ou elle en est et adoubé sinon rejoint le président fossoyeur qui nous gouverne, et prêts pour certains à le faire selon leurs intérêts égoïstes. Ce sont des anti France et antipatriotes.

  3. Ça fera comme d’habitude, dès qu’il y en aura un qui sera trop à droite, ce sera la Bronca ! Ils ont honte d’être de droite. Ce n’est pas demain que l’on verra une union de toutes les droites pour faire face à l’armée mexicaine de méluche.

  4. Le problème est simple : LR doit élire une personnalité authentiquement de droite, avec une liste de principes bien clairs, qui devront non seulement être approuvés par tous les cadres et les militants, mais qui indiquera également que tous ceux qui ne sont pas d’accord avec cette ligne devront aller voir ailleurs s’ils y sont. Pas de « nuances » au sein du parti, tout le monde devra être d’accord et ramer dans le même sens. A Wauquiez de mettre le marché en main à tous les hésitants et à faire en sorte qu’ils ne s’incrustent pas. Si cette condition est réalisée (et compte tenu du passé récent, il devrait y parvenir), le redémarrage devrait être tout à fait possible.

  5. Les LR vint exploser en deux factions :
    – la faction à droite toute,
    – la faction pro-macron, mener par Sarko !
    Autant dire la fin !

  6. Surtout pas Pradié ; il élude les questions fondamentales qui taraudent l’électorat de droite à savoir l’identité, la sécurité et l’immigration, pour ne s’intéresser qu’aux questions sociales.

  7. Celà fait 50 ans bientôt (depuis 73-74) que je considère les RPR/UMP/LR comme un parti de centre-gauche. Il reste encore trop de macron-compatibles.
    Beaucoup trop de lois ou réformes décidées par ce parti étaient en fait des mesures gauchistes, voire collectivistes.
    Après, la trahison de Chaban, le regroupement familial, le vote pour Mitterrand en 81, la dissolution de l’AN en 96, le principe de précaution,… etc, et avant la trahison de Fillon (seul candidat en 17 favorable au nucléaire et qui le disait très fort) la dernière expérience Sarko en a été la preuve : nomination de DSK au FMI, demande de conseils à Attali; Kouchner aux Aff.Etrang. et BHL comme va-t-en-guerre.
    Alors !!…

  8. LR ne pourra pas revenir, les médias sont avec Macron.

    Le scandale avec McKinsey était pire que l’affaire Fillon et les médias en ont un petit peu parlé parce qu’ils étaient obligés.

    Ils feront la politique de l’union européenne.

  9. « Mais rien ne changera tant que les Républicains ne s’affirmeront pas comme un parti résolument de droite. Et ça, ce n’est pas gagné ! » Evidemment, car ce n’est pas un parti de droite. Une seule conviction et un seul but : le pouvoir, afin d’améliorer sa propre condition, sans se préoccuper de celle du peuple, et au prix de toute compromission nécessaire. Soin historique nous a appris son leitmotiv, la trahison, de même que son appartenance avérée : la mafia.

  10. Les républicains sont juste des carriéristes qui attendent toujours la dernière minute pour retourner leur veste à la meilleure opportunité,ils font partis des fossoyeurs du pays

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