Macron et la sécurité : chronique d’un échec annoncé

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Le programme d'Emmanuel Macron en matière de sécurité publique consiste à ressusciter la police de proximité sous l'appellation de "police de sécurité quotidienne", une doctrine déjà mise en place sous le gouvernement Jospin et qui a largement fait la preuve de son inefficacité totale.

Consistant à lutter d'abord contre le sentiment d'insécurité, la police de proximité s'est traduite par une présence accrue de policiers à l'heure où ils étaient les plus visibles, au détriment de l'heure à laquelle ils étaient le plus nécessaires. Cette expérience ratée a le mérite d'avoir démontré, par son coût exorbitant et l'explosion de la délinquance qui l'a accompagnée, la somme de ce qu'il ne faut surtout pas faire.

En effet, si l'on considère à juste titre que la priorité doit être de lutter contre le sentiment d'impunité d'une catégorie de la population dont le passage à l'acte est directement lié à la certitude qu'ils ne risquent rien ou pas grand-chose, la mise en œuvre de cette politique aura pour principal résultat un gaspillage supplémentaire d'argent public, tout en exposant davantage des policiers à qui les instructions données consisteront à verbaliser des auteurs pour des actes jusqu'ici passibles de peines d'emprisonnement. C'est ce qu'a promis Emmanuel Macron, et tout porte à croire que c'est ce qu'il fera.

Vous l'aurez compris, les théoriciens de cette politique sécuritaire n'ont jamais pris place à bord d'un véhicule de police patrouillant dans l'une des nombreuses zones urbaines sensibles (appellation officielle et non exhaustive des zones de non-droit) et n'ont aucune idée de la violence à laquelle s'exposent les forces de l'ordre, mais aussi les pompiers ou tous ceux qui, de près ou de loin, représentent l’État.

Une politique sécuritaire efficace repose d'abord et avant tout sur la réponse judiciaire qui est donnée aux auteurs d'infractions, ce qui reste le principal problème de la France, seul pays au monde où l'on peut être interpellé des dizaines de fois pour des délits punis d'une peine d'emprisonnement sans jamais aller en prison.

La certitude et la rapidité de la sanction sont pourtant les meilleures réponses à apporter au phénomène criminel, comme l'a fort bien expliqué le jeune Cesare Beccaria dans son célèbre traité Des délits et des peines, publié en… 1764 ! Ce n'est manifestement pas le livre de chevet d'Emmanuel Macron et de ses amis socialistes, dont la seule politique aura consisté, ces dernières décennies, à acheter la paix sociale, obtenant l'exact contraire.

Espérons que cette politique délétère ne s'accompagnera pas, une fois de plus, de drames comme celui qui s'est déroulé à Viry-Châtillon, et que les policiers français auront un jour à leur tête des responsables qui leur donneront les seules instructions susceptibles de rétablir l'ordre dans notre pays, avec une Justice digne de ce nom, capable de poursuivre et de condamner efficacement les individus qui, aujourd'hui, n'ont aucune crainte à avoir de la politique d'Emmanuel Macron.

D'ici là, hélas, les premières victimes seront encore et toujours nos concitoyens les plus fragiles et les plus exposés, qui auront pour seule consolation de pouvoir s'épancher au grand jour auprès de policiers dont la fonction première sera d'enregistrer leur plainte.

Sébastien Jallamion
Sébastien Jallamion
Ancien Policier, Président de l’Association Nationale de Défense Egalitaire de la Liberté d’Expression (ANDELE), membre du SIEL

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