Archevêque de Paris : une mission parfois dangereuse

Mgr Michel Aupetit, 66 ans, a été installé samedi 6 janvier dans ses fonctions d'archevêque de Paris. Cet ancien médecin a connu une carrière fulgurante au sein de l’Église catholique. Ordonné prêtre à 44 ans en 1995 par le cardinal Lustiger, devenu évêque en 2013, il aime rappeler qu’à travers cette nouvelle mission qui lui est confiée, "il ne faut pas voir l’archevêque mais Dieu". Le parcours de Mgr Michel Aupetit dénote quelque peu avec le profil de ses prédécesseurs qui n’ont pas été si nombreux à occuper la charge. Celle-ci ne date que du début XVIIe siècle : 1622, très exactement, quand le titre d’archevêque de Reims remonte à la fin du VIIIe siècle, avec un certain Turpin (ou Tilpin) et que celui de Lyon date du début du IXe siècle, avec Agobard.

Le destin de Mgr Aupetit est d’être élevé à plus ou moins long terme à la pourpre cardinalice, comme l’ont été la plupart de ses prédécesseurs : Jean-François de Gondi (1613-1679), plus connu sous le nom de cardinal de Retz ; Louis-Antoine de Noailles (1651-1729) ; Alexandre de Talleyrand-Périgord (1736-1821) et, plus près de nous, le bon François Marty (1904-1994), Jean-Marie Lustiger (1926-2007) et, bien sûr, André Vingt-Trois aujourd’hui atteint par la limite d’âge pour exercer cet apostolat.

On souhaite à Mgr Michel Aupetit de ne pas connaître le sort funeste de trois de ses prédécesseurs. En effet, Mgr Denys Affre (1793-1848), qui faisait de l’évangélisation du prolétariat l’un de ses principaux objectifs, s’est enquis de monter sur les barricades, déguisé en ouvrier avec une branche verte à la main en signe de paix. Mais à peine eut-il prononcé quelques mots qu’il fut accueilli par des coups de feu. Assassinat ou accident ? On ne le saura jamais. "On dirait que par pitié pour l'humanité, Dieu a voulu cacher dans les ténèbres la main qui avait commis, ou cet épouvantable crime ou cet affreux malheur", indique Le Journal des débats politiques et littéraires en une de son édition du 28 juin 1848. Triste sort, également, que celui de son successeur, Mgr Marie Dominique Sibour (1792-1857), ancien chanoine de la cathédrale de Nîmes. Celui qui a marié en 1853 l’empereur Napoléon III à Eugénie de Montijo est poignardé le 3 janvier 1857, en pleine église, et après un office, par un ancien curé, Jean-Louis Verger. Le crime de ce dernier ne restera impuni. Arrêté, jugé et condamné à mort (le 17 janvier 1857), il est guillotiné le 30 janvier suivant.

Enfin, Mgr Georges Darboy (1813-1871) connut lui aussi une fin tragique liée à la Commune de Paris. Arrêté le 4 avril 1871, il fait l’objet de tractations qui n’aboutissent pas. Les Communards voulaient notamment l’échanger contre Auguste Blanqui. Mais le gouvernement d’Adolphe Thiers s’y refusa. Finalement, Mgr Darboy fut fusillé le 24 mai 1871 avec d’autres ecclésiastiques à la prison de la Roquette.

Fort heureusement, le climat politique s’est apaisé depuis ces heures sombres. Mgr Aupetit devrait exercer ses fonctions de manière plus sereine que celle de ses lointains prédécesseurs.

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